En fait, malgré ses dissensions internes, la oumma, grande communauté islamique mondiale, paraît pouvoir offrir aux populations d'Afrique ce dont elles ont tant besoin : une reconnaissance sans ambiguïté de leur identité, des règles de vie simples, un peu d'espoir.

Georges Rodriguès

Alain Chenal

Sectes

Les propositions du rapport Vivien

Les sectes ont toujours existé. Dans toutes les religions — car chaque Église a commencé comme secte, de même que chaque secte rêve de devenir une Église. Mais voici que, depuis quelques décennies, on parle de « nouvelles sectes ». Il s'agit de mouvements d'origine étrangère venus s'installer en France. Sectes d'Extrême-Orient (Moon, la Conscience de Krishna, la Mission de la lumière divine, la Méditation transcendantale) ou des États-Unis (Scientologie, les Enfants de Dieu, les Mormons).

Combien de sectes y a-t-il en France ? Les spécialistes en ont dénombré plusieurs centaines, mais ce chiffre comprend beaucoup de groupements insignifiants par leur étendue et leur influence qui, de plus, naissent et meurent sans cesse. Or, le vrai problème, c'est de savoir ce qu'on entend par le mot secte, mot piégé, notion péjorative. Il faut faire la distinction entre les sectes au sens sociologique du mot — mouvements religieux, philosophiques ou spirituels authentiques — et les nouvelles sectes dangereuses, pieuses escroqueries et pièges à crédules.

Critères objectifs

La distinction n'est pas aisée, cependant, dans la mesure où rares sont les mouvements qui sont totalement bons ou mauvais. Il s'agit d'abord de distinguer clairement entre la doctrine proposée — qui sera jugée sur le plan des idées, selon les critères propres à chacun et sur laquelle la société n'a pas à se prononcer — et les méthodes employées pour recruter et former les adeptes. Les critères pour juger les sectes sont donc des critères objectifs et extérieurs : le pouvoir excessif des dirigeants, le rôle de l'argent, l'escroquerie, le racolage sur la voie publique, la soumission illégale, la structure totalitaire de l'association, les pressions psychologiques exercées sur les adeptes, etc.

Dans une société démocratique, toutefois, les moyens pour combattre de telles organisations totalitaires sont limités et l'impunité dont elles jouissent depuis longtemps de la part des pouvoirs publics leur permet de se développer. Or, on peut penser que 1983 marquera un changement dans l'attitude de ceux-ci. Alain Vivien, vice-président de l'Assemblée nationale et député socialiste de Seine-et-Marne, qui avait été désigné en septembre 1982 par Pierre Mauroy comme parlementaire en mission auprès de Georgina Dufoix, secrétaire d'État chargée de la Famille, pour étudier le problème des sectes en France, a remis son rapport au Premier ministre le 21 février 1983.

Informer

Le rapport n'a pas encore été rendu public, mais les neuf propositions par lesquelles il se termine montrent bien les mesures qui seront sans doute prises. Il s'agit, en résumé, de créer une structure interministérielle pour suivre la question ; mettre à la disposition des travailleurs sociaux, des professeurs et des parents une information impartiale sur les sectes ; développer une pédagogie des droits de l'homme à l'école ; regrouper et soutenir les associations de défense ; mieux informer le grand public ; servir d'intermédiaire entre les familles, les enfants dans les sectes et les pouvoirs publics ; adapter le Code de la sécurité sociale pour que les jeunes qui sortent des sectes et n'ont aucune couverture puissent être pris en charge ; venir en aide aux Français qui sortent des sectes à l'étranger ; affirmer les droits de l'enfant mineur en tant que personne humaine lorsqu'il est emmené par ses parents dans une secte.

Il est probable que le législateur devra, ensuite, examiner les carences du Code pénal actuel. N'y a-t-il pas des cas où le pouvoir parental sur les enfants doit être reconnu après la majorité légale de 18 ans ? Et surtout, il faudrait revoir la loi du 1er juillet 1901 relative au contrat d'association, qui couvre actuellement de nombreuses activités douteuses. Tout doit être fait, cependant, sans porter atteinte à la liberté d'expression et de réunion : droits fondamentaux de notre société. Et le meilleur moyen de lutter contre les sectes néfastes est encore de prévenir les victimes potentielles par une information aussi complète que possible.