Fin 1983, certes, la violence chiite signée, ciblée et téméraire coexiste avec l'autre forme plus classique de terreur, anonyme, aveugle et lâche : les attentats de la Saint-Sylvestre à la gare Saint-Charles de Marseille et dans le TGV Marseille-Paris l'attestent suffisamment.

Toxicomanie

La tendance est à l'aggravation. La répression du trafic de la drogue s'accroît mais le nombre des trafiquants augmente, ainsi que la production.

En 1983, l'Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (OCRTIS), les douanes et les autres services de police et de gendarmerie ont interpellé environ 26 000 personnes dont 2 800 trafiquants nationaux ou internationaux. Ils ont saisi 170 kilos d'héroïne, 200 kilos de cocaïne et plus de 20 tonnes de cannabis. Ainsi, en l'espace d'un an, il y a eu près de trois fois plus de trafiquants ; cependant, celui des usagers surpris a peu augmenté. Les saisies de drogue dure ont presque doublé. Les saisies de cannabis sont restées stationnaires.

La production mondiale est en augmentation, aussi bien pour l'héroïne que pour la cocaïne, dans des proportions supérieures à 20 % par rapport à 1982. Le trafic de l'héroïne s'est modifié. En un an, la poudre asiatique, qui représentait les deux tiers du marché français, a laissé la place à une héroïne en provenance du Proche- et du Moyen-Orient. Le produit est moins pur et à l'origine de certaines maladies. On signale des accidents très graves (cécité notamment) chez certains drogués, qui, par ailleurs, se procurent la poudre suivant de nouvelles filières.

Le nombre des victimes ne diminue pas. Il y a eu en France 177 surdoses mortelles (164 en 1982, 172 en 1980). Mais, en réalité, ces chiffres ne sont pas représentatifs de la situation de la toxicomanie en 1983. Les victimes de cette année sont d'anciens toxicomanes, dont la première prise de drogue remonte à cinq années au moins. La France est devenue un pays de transit et de destination : 37 % de l'héroïne, 61 % de la cocaïne et 70 % de la résine de cannabis passent par les aéroports internationaux.

Unesco

Les États-Unis se retireront-ils de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco) ? Précisant ses menaces, Washington a confirmé le 28 décembre 1983 que les États-Unis quitteraient le siège de cette agence spécialisée de l'ONU, fondée en 1946 et installée à Paris, à compter du 1er janvier 1985, à l'issue du préavis légal de un an.

Les relations américaines de retrait de l'organisation ne sont pas neuves. Elles remontent à une déclaration du département d'État en date du 28 juillet. Les relations entre les instances supérieures de l'Unesco et Washington s'étaient tendues au début de la 22e conférence générale de l'organisation, en octobre. Plutôt que le retrait pur et simple de l'organisation, la question était de savoir si les États-Unis verseraient ou non leur quote-part au budget. Washington, en effet, contribue pour un quart aux dépenses de l'Unesco. La contribution totale de l'Occident est, au reste, de 69 % du budget, les États communistes ne couvrant que 18 % et le tiers monde 13 %.

En 1975-1976 déjà, les États-Unis, pour protester notamment contre le harcèlement dont Israël était l'objet lors des réunions de l'Unesco, avaient suspendu leur participation financière, puis finalement « payé leurs arriérés, intérêts compris ». Ce que l'on regrette à Washington, c'est la politisation d'une instance en principe consacrée avant tout à l'alphabétisation, au développement scientifique et à la protection du patrimoine culturel mondial. Les États-Unis estiment qu'ils en sont la principale victime.

Les États-Unis mettront-ils finalement leurs menaces à exécution ? La France, mais aussi Bonn ont regretté la décision du président Reagan.

Le délai de préavis devrait permettre à l'affaire d'évoluer tout au long de 1984. Les Américains sont particulièrement irrités par le nouvel ordre mondial de l'information, thème discuté depuis 1976 lors de réunions de l'Unesco, au cours desquelles des motions restrictives pour la liberté de la presse ont été émises.

J.-P. Peroncel Hugoz, le Monde.