Journal de l'année Édition 1984 1984Éd. 1984

Avec Charles Imbert, producteur de Musiclub et de Prélude à la nuit, FR3 prend également une couleur musicale très appréciée des mélomanes. Chaque soir, avant la fermeture de l'antenne, c'est à un mini-concert assuré par les plus grands solistes que le téléspectateur peut participer. Une idée qui a vite trouvé son public, d'autant que la chaîne sait placer ses caméras au bon endroit dans les manifestations musicales d'envergure : quand ce n'est pas à l'Opéra ou dans les grandes salles de province, c'est à l'usine Renault de Douai où se produisent, le 2 juillet, Jean-Claude Casadesus et l'Orchestre philharmonique de Lille. Une éclatante première.

Enfin, si l'on note encore le retour de Guy Lux à la télévision dans une production inspirée de ses précédentes prestations, Cadence 3 (en février), si l'on remarque la qualité constante de l'émission Vendredi sous la direction d'André Campana et la diffusion en fin d'année de Dynasty, le feuilleton américain qui a détrôné Dallas aux États-Unis, il faut saluer l'entrée de la télévision dans une phase importante de décentralisation : le 12 septembre, douze régions se voient attribuer la responsabilité d'une tranche quotidienne de trois heures de programmes, en toute autonomie, entre 17 heures et 20 heures. Premier pas — de taille — vers la régionalisation, FR3, on le sait, étant destinée à éclater en douze sociétés indépendantes.

Télés privées

Comme si les problèmes que rencontrent les trois chaînes existantes ne suffisaient pas, on parle d'une quatrième chaîne sur le réseau public. Le lancement est toujours prévu pour le début de l'année 1984, mais qu'en sera-t-il vraiment ?

Plus rapides sont les artisans d'Antène 1 qui, à l'exemple des radios locales, veulent conquérir la liberté d'émettre des images sur leurs sons, par la voie hertzienne. À Toulouse, dans la nuit du 20 au 21 juin, une télévision pirate s'est donc permis de braver le monopole. Antène 1 a pour fondateur Michel Fiszbin, qui veut promouvoir la télé libre. Même si les premiers pas d'Antène 1 restent timides et prudents, on sait d'ores et déjà que le problème va se poser rapidement : comment régler les mille procédés de diffusion locale ? Dans de nombreuses villes, le câblage prend un nouveau départ et l'on se prend de nouveau à rêver de ces écrans magiques aux trente-six programmes, symbole d'une liberté de choix que l'on promeut particulièrement dans des sphères où l'on s'était bien gardé d'y penser avant le mois de mai 1981...

François-Régis Barbry

Vidéo

L'année du tête-à-queue

Nouveau média, la vidéo a beaucoup fait parler d'elle en 1983. Trop. Parties sur les chapeaux de roues, les ventes de magnétoscopes ont fait un brutal tête-à-queue à cause du blocage de Poitiers, de la redevance instituée sur les appareils et des incertitudes sur les compatibilités entre standards différents. Mais les éditeurs n'ont pas eu le temps de corriger le tir, d'où une avalanche de nouveautés cette année.

Le cinéma

Qu'on en juge : l'Officiel de la vidéo cassette édité par le mensuel Télé Ciné Vidéo comportait 1 500 titres en 1981, 3 000 en 1982 et 5 600 en 1983. Dans le même temps, la part des programmes « X » est passée de 40 à 10 %. Mais le cinéma, avec plus de 90 % des programmes, se taille la part du lion, et la MGM fait son entrée avec près de 50 titres, dont 2001 Odyssée de l'espace, de Stanley Kubrick, Ben Hur, de William Wyler, Le magicien d'Oz, de Victor Fleming, Le docteur Jivago, de David Lean. Une prédominance du cinéma américain, justifiée par la qualité des catalogues. Citons encore Embassy avec Les producteurs, de Mel Brooks, Meurtre par décret, de Bob Clark, Descente aux Enfers, de Gary Sherman ; des films anciens, La fièvre dans le sang, d'Elia Kazan, plus récents, Easy rider, de Dennis Hopper, ou tout récents, comme Mad Max II, de George Miller ou Furyo de Nagisa Oshima.

La loi Lang, qui institue un délai d'un an entre la sortie en salle d'un film et son exploitation en vidéo, marque l'année 1983. Pour protéger le cinéma, c'est une mesure discutable, d'autant que le cinéma ne s'est jamais aussi bien porté. Quelques titres de qualité sont sortis presque en même temps au cinéma et en vidéo : L'argent, de Robert Bresson ; Les fantômes du chapelier, de Claude Chabrol ; et, surtout, les palmes d'or de Cannes en 1981 et 1982, L'homme de fer, d'Andrzej Wajda, et Yol, de Sérif Gören. Sans oublier Rambo, de Ted Kotcheff, dont la carrière simultanée en salle et en cassette a été un double succès.