Journal de l'année Édition 1984 1984Éd. 1984

Dans son rapport annuel, l'Institut international de la presse (IIP) accuse huit pays d'atteinte à la liberté d'expression : Argentine, Brésil, Uruguay, Nicaragua, Turquie, Kenya, Afrique du Sud, Maroc. Huit journalistes péruviens sont lynchés dans le sud-est de leur pays par des paysans qui les auraient pris pour des terroristes. Selon certaines informations, cette méprise aurait été organisée de toutes pièces par les autorités locales.

L'Agence panafricaine d'informations — institution spécialisée de l'OUA — diffuse le 25 mai, depuis Dakar, sa première dépêche à destination des agences nationales de presse africaines.

Edmond Alvy

Télévision

Effervescence et information

Qualité ou non, la télévision — le soir surtout — est devenue une habitude à laquelle souscrivent, chaque jour, en moyenne 40 millions de nos compatriotes, à des rythmes différents, il est vrai.

Qui est le téléspectateur français ? À en croire le CEO (Centre d'études d'opinion), chargé des sondages d'écoute permanents sur l'audience des sociétés de télévision, le téléspectateur a, en moyenne, 50 ans, habite plutôt le nord et le sud du pays, a installé son récepteur dans sa salle de séjour ou sa salle à manger — mais ne regarde pas la télévision en mangeant, contrairement à une idée reçue — et suit environ deux heures trente de programmes, surtout entre 20 heures et 22 h 30, chaque jour. Dans l'ordre de ses préférences viennent d'abord les films (91,4 %), puis les journaux télévisés (83,6 %), les variétés (70,3 %), les émissions scientifiques (56,7 %) et le sport (23 %).

L'habitude

La télévision demeure le média d'information et de divertissement préféré des Français, et il faut être prudent devant ces sondages, qui affirment en début d'année que, devant la médiocrité et la politisation croissante des émissions, les Français seraient de plus en plus infidèles à leur petit écran.

Ce chiffre n'empêche nullement des nuances dans la manière dont les Français reçoivent les émissions que les trois chaînes leur proposent. L'année 1983 connaît des changements sensibles dans le paysage audiovisuel. Ce sont d'abord les téléspectateurs catholiques qui, au cours des premières semaines de l'année, perçoivent, dans les divertissements diffusés aux heures de grande écoute, une attitude antireligieuse : Jacques Martin, Stéphane Collaro, Pierre Desproges et l'équipe de Merci Bernard (sur FR3) sont ainsi accusés d'irrespect. L'archevêque de Paris, le cardinal Lustiger, estime, quant à lui, « scandaleux » qu'on se moque de l'Église à la télévision. Saisie de cette question, la Haute Autorité fait état de 3 000 lettres reçues et répond à la fin du mois de mars que « la satire — lorsqu'elle s'annonce comme telle — fait partie des moyens de distraction de notre temps (...) Chacun est seul juge de ce qui lui semble être la limite du bon ou du mauvais goût ».

TF1 : changement de tête

La perplexité est à son comble dans la société de programme TF1, la première chaîne, comme on la surnomme toujours, parce qu'elle a été unique pendant plus de dix ans. La plus écoutée, donc, pendant des années, la plus surveillée par les divers gouvernements. Une situation qui la conduit, après la dernière réforme, à constater qu'un certain nombre de collaborateurs de l'information, et non des moindres, sont inemployés (mais néanmoins rémunérés) après avoir cessé de plaire. C'est l'affaire des placards qui, entre autres, alimente la polémique autour de la politisation de la télévision. Malaise d'autant plus profondément ressenti par les membres de la société que les sondages manifestent une chute de l'audience ; TF1 passe de 49,8 % à 47,5 %.

Faut-il en déduire pour autant que TF1 démérite sur le plan des programmes ? Certes non, et, si on peut regretter de fâcheuses hésitations au niveau de l'organisation des tranches horaires, notamment l'après-midi du samedi et du dimanche, on note que le film du dimanche soir demeure un rite sacro-saint et propose souvent une œuvre de qualité, que le feuilleton du samedi soir rassemble bon nombre d'amateurs et que, si Dallas pouvait être accusé d'une certaine médiocrité, l'enthousiasme suscité par son successeur, Shogun — une exploration bien menée dans l'histoire du Japon —, est compréhensible. Certaines dramatiques ou téléfilms, comme Après tout ce qu'on a fait pour toi de Jacques Fansten (3 février), sont de bonne facture et on a pu profiter d'une adaptation réussie des Beaux quartiers d'Aragon et de Bel Ami de Guy de Maupassant. Enfin, certaines émissions de type magazine qui ont éprouvé le plus de difficultés lors de leur lancement — Étoiles et toiles de Frédéric Mitterrand sur le cinéma et surtout Droit de question — ont fini par trouver leur vitesse de croisière et acquérir un public fidèle.