Les États-Unis et l'Allemagne de l'Ouest, entre autres, avaient boycotté les précédents Jeux, ceux de Moscou, en 1980. Ces pays entendaient ainsi protester contre l'intervention soviétique en Afghanistan. L'olympisme, ébranlé sur ses bases depuis l'attentat contre la délégation israélienne aux Jeux de Munich en 1972, semblait entrer dans une crise profonde. Mais, apparemment, ni l'URSS ni les pays socialistes n'auraient l'intention de boycotter Los Angeles. Les grands absents de Moscou, Américains et Allemands de l'Ouest, entendent y prendre leur revanche et ont consenti des efforts tout particuliers en faveur de leurs champions.

Les Jeux de Los Angeles, les premiers à être exclusivement financés par des firmes privées et non par des fonds publics, accueilleront le tennis en tant que sport invité. Un pas important vers l'entrée du tennis dans le monde olympique, entrée qui devrait devenir définitive à Séoul en 1988.

Un autre événement sportif marquera l'année 1984 : la deuxième édition du championnat d'Europe des Nations en France (12-27 juin). L'équipe tricolore de Michel Platini, après une brillante Coupe du Monde en Espagne en 1982, pourrait y jouer les premiers rôles. D'autant que plusieurs nations de premier plan, l'Italie (championne du monde), l'Angleterre, l'Union soviétique et la Hollande ne participeront pas à cette compétition internationale.

Le stade de Bercy

Paris, qui est candidat à l'organisation des jeux Olympiques d'été en 1992, s'offre une cathédrale des sports ultramoderne. Le stade couvert de Bercy accueille sa première manifestation le 3 février 1984 avec les Six Jours cyclistes. Il peut abriter 17 000 spectateurs et servir de cadre à presque toutes les disciplines sportives en salle, du cyclisme sur piste à l'athlétisme, en passant par le patinage, la boxe ou le basket-ball. Grâce à un système d'éléments démontables, le palais des Sports de Bercy peut adapter ses installations, en un temps record, aux exigences techniques de chaque spécialité sportive et modifier le nombre de places disponibles.

Orwell (George)

« 1984 » : Plus qu'un titre, c'est une date et donc un rendez-vous fixé aux lecteurs. La déshumanisation guette-t-elle notre monde fasciné par les techniques totalitaires ? Ce sera, à n'en pas douter, dès le début de l'année, l'occasion de multiples colloques, expositions, conférences, émissions et articles dont la liste est déjà largement entamée. Comment les lecteurs nouveaux et anciens de 1984 ne seraient-ils pas tentés en effet, d'établir d'éventuelles comparaisons et de souligner les ressemblances entre le système totalitaire que l'écrivain anglais décrivait en 1949 et les réalités contemporaines de notre monde ?

Sans doute, le chef suprême du parti Big Brother n'y apparaît pas, tant s'en faut, comme un étranger égaré dans on ne sait quelle planète Sirius. Mais, en fait, sommes-nous si loin du monde d'Orwell ? On serait tout prêt de crier à la ressemblance du modèle, et à la justesse des prédictions, si l'on s'en tenait à l'actualité des relations internationales, comme le souligne Michel Tatu dans le Monde : « les meetings rituels de Téhéran contre les divers « Satan » ne sont-ils pas, après les grandioses orgies collectives de la révolution culturelle, le reflet de ces « semaines de la haine » par lesquelles Big Brother galvanisait les troupes ? Et le défilé des pilotes américains exhibés tête baissée devant les foules à Hanoi au début des années 70 n'était-il pas déjà une illustration des scènes du même ordre décrites dans 1984 avec les prisonniers de l'Eurasia ?

Le conflit soviéto-chinois a été lui aussi, dix à vingt ans après Orwell, celui de l'Eurasia et de l'Estasia, avec ses affrontements sanglants aux frontières des deux empires, mais aussi ses pauses et ses changements d'alliance : la visite de Henry Kissinger, puis de Richard Nixon à Pékin, les efforts de réconciliation entre Pékin et Moscou en 1964, puis au début des années 1980, ne se sont-ils pas accompagnés des mêmes amnésies de la propagande. L'ennemi d'hier cesse d'en être un du jour au lendemain ou redevient l'ami qu'il n'avait jamais cessé d'être ? »