Strasbourg célèbre, avant Paris, le centenaire de la mort de Gustave Doré : près de 600 œuvres rappellent la prodigieuse activité d'un artiste qui illustra La divine comédie de Dante à l'âge de neuf ans.

Le musée de l'Annonciade de Saint-Tropez et le musée d'Art moderne de Troyes s'unissent pour une réhabilitation de La Fresnaye, cubiste avant la Première Guerre mondiale, néoclassique au début des années 20, oublié depuis sa mort, en 1922.

Le Metropolitan Museum de New York et le Centre Georges-Pompidou collaborent également à l'organisation d'une rétrospective de l'œuvre de Balthus, l'un des rares artistes qui soient demeurés insensibles à la tentation de l'abstraction au plus fort des révolutions esthétiques et qui le paya d'un long oubli de trente ans. New York le reconnut enfin en 1977 comme l'un des peintres les plus importants de son époque et attira l'attention sur son univers pictural envoûtant : univers de solitude créé par un solitaire, qui devint en 1961 directeur de la Villa Médicis, à Rome.

Nomade

L'art suit plus ou moins les grandes migrations touristiques. Les échanges s'internationalisent de plus en plus. Turin accueille le sculpteur Calder, ses mobiles, ses stabiles, ses cirques, ses cactus géants, ses masques de métal, ses figures légendaires. Groningue présente les jeunes adeptes, déjà célèbres, de la figuration libre. Paris révèle le peintre suisse Hodler, bien connu dans son pays, méconnu en France, contemporain de Puvis de Chavannes, admirateur de Holbein et de Dürer.

Düsseldorf, Vienne, Zurich et quelques autres villes d'Europe s'accordent un plaisir insolite, grâce à une exposition itinérante qui tente de regrouper tous ceux qui ont bâti leur œuvre sur une synthèse ou sur des associations des diverses formes d'expression : peinture, sculpture, danse, architecture, musique, cinéma, théâtre. On y voit Gaudi, le Facteur Cheval, Marcel Duchamp, Vladimir Tatline et son projet, pour un monument à la Troisième Internationale, Joseph Beuys, Artaud... et bien d'autres personnages à l'imagination délirante.

Anvers et Zurich célèbrent James Ensor, le visionnaire belge, auteur de la gigantesque Entrée du Christ à Bruxelles, pamphlétaire angoissé, précurseur de l'expressionnisme et du surréalisme. Angoisse toujours d'un Kienholz, dont les sculptures plus étranges et plus énigmatiques que jamais, rassemblées par la galerie Maeght, traduisent un immense désarroi. Kienholz passe une partie de l'année dans les montagnes Rocheuses, le reste du temps, il vit à Berlin. C'est là surtout qu'il revient sans cesse au réel et aux scènes de la vie quotidienne comme à une illusion ou à un cauchemar.

Les fondements de la peinture moderne apparaissent à Munich dans l'œuvre de Jawlensky, qui participa avec Kandinsky et Franz Marc à l'action du Blaue Reiter, le Cavalier bleu, qui rassembla l'avant-garde allemande des années 10.

Civilisations

La France, qui affectionne les expositions à thème sociologique et historique, applaudit l'exploit de Marseille : 17 expositions réparties dans la ville permettent de remonter aux origines de la cité. Elles démontrent surtout, à grand renfort d'œuvres d'art et de documents, la complexité de la culture de la métropole de la région Provence-Côte d'Azur et la richesse de ses divers héritages méditerranéens.

Le Centre Georges-Pompidou décrit le développement du musée de Lodz, qui fut, en 1931, l'un des premiers musées d'art vivant dans le monde. Witkiewicz, sa figure de proue, à la fois penseur, écrivain, peintre et photographe, symbolise l'étonnante vitalité de ce musée, dont le régime gouvernemental polonais n'a jamais réussi à étouffer le non-conformisme.

Des antiques Cyclades nous viennent une foule de petites statuettes de marbre, qui révèlent l'extrême raffinement d'une culture vieille de 3 000 ans. Mais elles ne révèlent pas leur propre secret, ni le sens de leurs fonctions. Sont-elles les substituts de sacrifices humains, des jouets destinés aux défunts, des représentations de personnages aimés, des images de la Grande Mère ?