Une controverse s'élève, en janvier 1982, à propos des saisies de biens ecclésiastiques. Le gouvernement nie toute forme de répression religieuse. De son côté, cédant vraisemblablement à diverses menaces et pressions, le patriarche de l'Église orthodoxe dément à son tour.

En Érythrée, où les nationalistes ont pris les armes depuis plus de vingt ans (Journal de l'année 1980-81), la junte annonce une offensive sans précédent. L'opération Étoile rouge, lancée fin 1981 avec un puissant concours soviétique, tourne court. L'opinion internationale se mobilise début 1982 contre les dirigeants éthiopiens, accusés d'employer contre la rébellion — qui, d'Érythrée, s'est étendue aux provinces du Tigré et du Wollo — des gaz asphyxiants et innervants.

Dégradation

À la veille de l'invasion du Liban par les Israéliens, la junte a, sans succès, demandé à M. Begin une aide militaire massive, les Soviétiques, qui s'impatientent du retard pris dans la mise en place du parti éthiopien marxiste-léniniste, ayant, de leur côté, réduit la leur.

Dès août 1981, le chef de l'État éthiopien rencontre à Aden ses homologues sud-yéménites et libyens, avec lesquels il conclut un pacte de coopération militaire régionale qui suscite la consternation dans les États du Golfe. Au cours du même mois, M. Kadhafi est l'hôte officiel du président Mengistu. En septembre, c'est G. Husak, leader du parti communiste et chef de l'État tchécoslovaque, qui se rend à Addis-Abeba.

Avec la France, les relations se dégradent brutalement au lendemain de la visite officielle de Claude Cheysson en Éthiopie. Le chargé d'affaires français est averti, le 3 mars 1982, qu'il doit quitter le pays dans les 48 heures, après que la junte a accusé Paris d'« aider les bandits séparatistes d'Érythrée ». L'origine de cette décision est la publication par le parti socialiste français d'un communiqué condamnant l'attitude éthiopienne à l'égard de l'Érythrée et exigeant le droit à l'autodétermination du peuple érythréen.

Ce n'est pas la première fois que les instances de PS suscitent ainsi involontairement des difficultés à l'Élysée, en Afrique. Ce n'est pas non plus la première fois que des dirigeants africains confondent parti et gouvernement, pour jeter l'anathème sur le second, tenu pour responsable des initiatives du premier.

Gabon

Libreville. 550 000. 2. 1,1 %.
Économie. PIB (78) : 4 926. Productions (78) : A 6 + I 54 + S 40. Énerg. (80) : 1 858. CE (78) : 55 %. P (78) : 265.
Transports. (*74) : 10 100 + 7 300. (*80) : 77 000 tjb. (78) : 55 pass./km.
Information. (76) : 1 quotidien. (76) : *93 000. (76) : *8 500. (73) : 11 000.
Santé. (77) : 207.
Éducation. (76). Prim. : 130 398. Sec. et techn. : 23 460. Sup. (75) : 1 014.
Armée.  : 1 950.
Institutions. État indépendant le 17 août 1960. République (28 novembre 1958). Nouvelle Constitution du 15 avril 1975 : régime présidentiel. Président de la République : Omar Bongo, réélu le 30 décembre 1979. Premier ministre : Léon Mébiame.

Réchauffement des relations avec Paris

Le dynamisme de la politique étrangère fait passer au second plan le développement d'un malaise interne. Au début de décembre 1981 d'abord, puis en mars 1982, la police arrête des contestataires, dont certains semblent liés au Mouvement d'opposition et de rénovation nationale (MORENA). Les contestataires exigeaient le départ du président Bongo et la fin du régime de parti unique. Accès de fièvre qui reste apparemment sans lendemain.

Les rapports franco-gabonais, dont nul n'entend sous-estimer l'importance, ni à Paris ni à Libreville, sont soumis à rude épreuve.

En visite officielle de travail à Paris du 29 au 31 juillet 1981, le président gabonais est l'objet d'une violente campagne de presse, mettant en cause sa vie familiale. Deux mois plus tard, à la suite d'une seconde campagne analogue, le président Bongo reproche au gouvernement français de ne pas s'opposer à de telles attaques.

Mais, lors du sommet franco-africain de Paris, en novembre 1981, le chef de l'État gabonais est l'un de ceux qui sont traités avec le plus d'égards par l'Élysée. D'autre part, à l'occasion de la visite à Libreville de J. P. Cot, ministre de la Coopération, la France accorde un crédit important (135 millions de F) pour la construction d'un nouveau tronçon du chemin de fer Transgabonais.

Rayonnement

C'est grâce à l'appui personnel de François Mitterrand que le candidat gabonais François Owono-Nguema est élu secrétaire général de l'Agence de coopération culturelle et technique (ACCT), lors de la 8e conférence générale de cette organisation francophone, tenue en décembre à Libreville.