Journal de l'année Édition 1982 1982Éd. 1982

Les États d'Afrique occidentale et centrale — qui demeurent il est vrai (à l'exception notable du Tchad) des havres de paix dans un continent tourmente — apparaissent comme des nains militaires, avec des dépenses d'armement n'excédant pas, le plus souvent, 12 dollars par habitant.

L'immense Zaïre ne consacre à sa défense qu'une cinquantaine de millions de dollars, soit moins de deux dollars par habitants ! Seuls le Nigeria, pays africain le plus peuplé (80 millions d'habitants), et la Côte-d'Ivoire, riche en pétrole et en cacao, émergent quelque peu, avec des budgets militaires respectifs de 1,70 milliard et 245 millions de dollars.

Ailleurs en Afrique, il est intéressant de comparer les budgets militaires de l'Éthiopie (385 millions de dollars) et de son ennemi somalien (95 millions seulement), ou ceux du Maroc (1,2 milliard) et de son rival algérien (914 millions).

Amérique latine

L'Argentine — aux destinées de laquelle préside une junte militaire, qui a pratiqué une politique régionale interventionniste (notamment en Bolivie et au Salvador), et qui est engagée depuis avril 1982 dans le sanglant conflit des Malouines — se distingue par une militarisation stupéfiante : les dépenses d'armements y atteignent 3,40 milliards de dollars, soit bien plus qu'au Brésil (1,50 milliard), qui a une population quatre fois plus élevée.

Surarmé par rapport à ses voisins des Caraïbes, Cuba se place juste derrière l'Argentine pour les dépenses militaires par habitant (113 dollars). Le budget de défense cubain est aussi élevé que celui du Mexique ou du Venezuela, pourtant plus riches et plus peuplés.

Dans les Andes, le budget militaire du Pérou (431 millions de dollars) est nettement supérieur à celui de l'Équateur (194 millions), avec lequel il a engagé en 1981 une petite guerre des frontières.

Que ce soit en Europe ou en Amérique, en Asie ou en Afrique, on peut distinguer quatre catégories de pays consacrant à leur armement un budget élevé :
– les États directement impliqués dans des conflits ou antagonismes externes (Syrie, Zambie, Zimbabwe, etc.) ou internes (Maroc, Salvador, etc.) ;
– les États industrialisés, dotés, notamment, d'une industrie militaire (Canada, Suède, etc.) ;
– les États peu industrialisés, mais disposant d'importantes ressources financières (Koweït, Émirats arabes unis, etc.) ;
– les États qui, par leur superficie ou leur poids démographique, sont appelés à assumer un rôle régional politico-militaire prépondérant.

Certains pays qui affectent à leur défense des crédits importants présentent parfois plusieurs de ces caractéristiques. Ainsi États-Unis, Union soviétique et Afrique du Sud sont à la fois directement confrontés à des foyers de tensions, dotés d'une solide infrastructure industrielle et condamnés — par la géopolitique et la démographie — au statut de puissances.

Grande-Bretagne, France, Allemagnes. Israël, Corées, Taiwan ne tranchent pas dans leur environnement par leur potentiel humain ou leur superficie. Mais ils sont — comme les États-Unis et l'Union soviétique — fortement industrialisés et doivent tenir compte de graves sources régionales de conflits.

Peu industrialisés, l'Algérie, l'Iran et l'Arabie Saoudite sont en revanche détenteurs de pétrodollars ; ils se doivent eux aussi d'assumer leur poids géopolitique et d'affronter les menaces environnantes. Chine, Inde, Égypte, Viêt-nam, Turquie sont dans le même cas, à une réserve près : ils ne disposent pas — c'est le moins qu'on en puisse dire — de liquidités importantes.

Le projet Reagan

Réunion d'une conférence internationale sur les dépenses militaires, propose le président Reagan le 17 juin 1982, au cours de la session de l'ONU sur le désarmement, deux jours après que Moscou s'est engagé — par la voix de son envoyé à l'ONU Andrei Gromyko, chef de la diplomatie soviétique — « à ne pas utiliser en premier l'arme nucléaire ».

Le chef de l'exécutif américain a présenté en outre quatre propositions : élimination totale des forces nucléaires à moyenne portée en Europe ; réduction d'un tiers des ogives placées sur missiles balistiques ; diminution substantielles des forces terrestres et aériennes de l'OTAN et du pacte de Varsovie ; enfin, nouvelles garanties pour diminuer les risques d'une guerre accidentelle. C'est dans ces conditions que les négociations soviéto-américaines sur les armements stratégiques reprennent à Genève le 29 juin 1982.