Geste courageux d'un Premier ministre, le voyage à Beyrouth de Pierre Mauroy a été approuvé par le président Mitterrand, par les ministres et par de nombreux membres de l'opposition.

L'assassinat du juge Michel

Pour la seconde fois, un magistrat est assassiné en France. Il y avait eu François Renaud, en 1975, à Lyon ; cette fois, c'est un jeune magistrat de 38 ans, Pierre Michel, qui tombe sous les balles des tueurs, à Marseille.

Vers 12 h 30, le 21 octobre 1982, le juge Michel regagne, à moto, son domicile boulevard Michelet. Deux hommes le suivent, également à moto. Ils le rattrapent et tirent trois coups de feu avec un revolver 9 mm. Atteint au cou, au thorax et à l'épaule, le juge tombe. Il va mourir en quelques minutes. Pierre Michel, marié, père de deux fillettes, était en poste à Marseille depuis huit ans. Spécialiste de la répression du grand banditisme, il avait instruit les dossiers de ce que l'on appela à l'époque la French Connection, cette filière de la drogue venant de Turquie et transitant par Marseille pour y être raffinée avant d'être acheminée sur les États-Unis. Autre dossier complexe qu'il eut à étudier : la tuerie du bar du Téléphone qu'il supposait liée au trafic de faux francs CFA et à la découverte, il y a trois ans, d'une imprimerie clandestine à Marseille.

Maffia

Enfin, Pierre Michel suivait depuis peu une nouvelle piste, la Sicilienne Connection ; les trafiquants de drogue semblaient cette fois être liés à la Maffia italienne.

En août 1979, le juge Michel avait participé à une réunion de travail à Gênes entre policiers et magistrats italiens et français. Peu de temps après, trois gros bonnets siciliens de la drogue étaient arrêtés et 78 kilos de morphine base saisis. Pour la Maffia, Pierre Michel était un homme à abattre. Mais ses ennemis n'appartenaient pas au seul monde de la drogue. Toute la pègre haïssait cet homme intègre et sans indulgence qui aimait passionnément son métier. À la prison des Baumettes de Marseille, la nouvelle de sa mort a été saluée par des cris de joie...

Les enquêteurs orientent leurs recherches dans plusieurs directions, et, déjà, l'examen de la moto des tueurs leur a permis de remonter un peu la filière.

Les exploits des loubards de banlieue

Dure journée que ce samedi 19 septembre 1981 pour Claude et Sylvie B. Comme des millions d'autres, ce jeune couple a choisi le samedi après-midi pour quitter sa cité de banlieue et aller faire des courses en ville.

Au supermarché, première frayeur : surpris par un inspecteur au moment où ils tentaient de sortir sans payer, des voyous ont dévasté en un éclair toute une console de produits avant de s'enfuir.

Deuxième frayeur, un peu plus tard, dans le métro, quand un adolescent de 15-16 ans a subtilisé le portefeuille dans le sac d'une voyageuse, sous la protection évidente de trois complices à la mine patibulaire. Rasant les murs, Claude et Sylvie B. sont rentrés chez eux pour constater qu'une fois de plus le tableau de commande de l'ascenseur avait été arraché et pour assister, dans la soirée, à un rodéo automobile sur le parking de la cité.

Oui, dure journée pour Claude et Sylvie B.

Insécurité

Et ce scénario imaginaire est sans doute celui qui obsède des millions de Français. L'insécurité semble aujourd'hui la plaie des grandes villes. Dès qu'apparaît un jeune, blouson de cuir et jean délavé, les bonnes gens ne peuvent s'empêcher de trembler.

Les vols dans les grands magasins sont quotidiens. Ils sont même devenus une ligne dans le bilan : la « démarque inconnue » est estimée à 1 ou 2 % du chiffre d'affaires. Les descentes organisées par les bandes de quinze ou vingt personnes sont un phénomène plus récent.

À l'automne, le centre commercial des Quatre Temps à la Défense était la cible favorite des jeunes désœuvrés de la banlieue ouest de Paris. Le 18 novembre 1981, une quarantaine de voyous mettent à sac les rayons cravate et parfumerie de la Samaritaine. Quelques minutes de raid dans le plus pur style équipée sauvage. Armés de manches de pioche, de couteaux, de chaînes de vélo, ils sont venus plutôt pour casser que pour voler. Personne ou presque n'ose intervenir. Bilan : 300 000 F de dégâts et l'éparpillement des vandales au premier hurlement d'une sirène de police.