Les pièces à usiner sont fixées sur 15 palettes de transfert, déplacées de machine à machine par un ensemble de 8 chariots automatiques équipés de bobines de détection et guidés par un fil électrique enterré dans le sol. Ces chariots peuvent suivre un parcours précis, s'arrêter, tourner, déposer une palette, en reprendre une autre, selon les indications de l'ordinateur de gestion.

L'ensemble est commandé par deux ordinateurs centraux travaillant en tandem. Ils envoient les ordres aux mini-ordinateurs qui contrôlent le trafic ainsi qu'aux automates programmables qui assurent la liaison avec les commandes numériques des machines-outils. L'atelier a été conçu pour répondre à une production au jour le jour, suivant les demandes du montage : les pièces usinées sont assemblées le même jour dans la même usine.

Le robot qui voit entre à l'usine

Le premier robot français avec reconnaissance de formes employé en site industriel travaille à l'usine Renault de Cléon depuis mars 1982. Il effectue une manutention impossible à automatiser par les méthodes traditionnelles, en saisissant des vilebrequins de moteurs empilés sur des palettes et en alimentant une ligne transfert d'usinage. La reconnaissance des formes s'imposait, car les pièces, disposées dans un ordre imparfait, bougent durant le transport entre fonderie et atelier d'usinage. L'installation comporte deux caméras de télévision, un sonar (calcul des distances) et un poste de dépose de pièces sur la ligne d'usinage. Les images transmises sont traitées (rejet des parasites) et analysées grâce au logiciel mis au point par la Direction des techniques avancées en automatismes (DTAA) de la Régie Renault. On en déduit les coordonnées des vilebrequins à saisir, le centre de gravité et l'angle par rapport à la normale. La manipulation peut être exécutée avec des variations importantes de position des vilebrequins : plus ou moins 5 cm latéralement, plus ou moins 15° en orientation. Le sonar permet de calculer la hauteur des piles de pièces et s'assure de la présence de celles-ci. Le temps de reconnaissance est de 2,5 secondes ; le cycle complet de manutention atteint 20 secondes. Il s'agit là d'un essai en vraie grandeur et en ambiance industrielle qui a permis de mettre au point certains composants clés : caméras, sonar, programmes de traitement.