Le mystère de la pneumonie atypique reste entier.

La maladie du légionnaire

La bactérie Legionella pneumophilae, qui avait causé la mort de 29 personnes aux États-Unis en 1976 (Journal de l'année 1976-77), fait de nouveau parler d'elle.

À la suite de plusieurs cas de pneumonie et de deux décès attribués à cet agent infectieux, l'hôpital Bichat à Paris a fonctionné au ralenti pendant quelques semaines au mois d'août 1981. Cette manifestation de la maladie du légionnaire dans l'un des hôpitaux les plus modernes de France est liée à la méconnaissance de l'écologie de la bactérie.

La climatisation de l'hôpital se fait à l'aide de vingt-sept caissons de climatisation. On a découvert que les Legionella pullulaient dans l'eau tiède de ces caissons et étaient transportées dans les tuyaux de climatisation sous forme d'aérosols.

La décision de l'Assistance publique de faire désinfecter le système de climatisation s'est heurtée à des difficultés techniques. D'une part, l'entretien des caissons n'était pas prévu lors de l'installation ; d'autre part, la nature des composants des climatiseurs exclut la désinfection à l'eau de Javel, pourtant agent le plus efficace. Il a fallu modifier le système de climatisation pour en assurer un assainissement permanent.

Accidents d'anesthésie

Évoqué en février 1982 devant la 16e chambre du tribunal de Paris, le décès postopératoire (1973) d'un jeune garçon, dont la mère était sous-directrice au ministère de la Santé, est à l'origine d'une prise de conscience du rôle primordial des anesthésistes-réanimateurs dans les interventions chirurgicales.

Chaque année, en France, sur 6 000 décès postopératoires, 2 000 peuvent être reliés à un accident d'anesthésie, soit au cours de l'opération, soit dans les quelques heures qui séparent la fin de l'intervention du réveil de l'opéré. Depuis quelques, années, contrairement aux règles juridiques en vigueur antérieurement, où seul le chirurgien assumait les éventuelles erreurs commises par son équipe, chaque intervenant d'un acte opératoire est tenu peur responsable de la partie qui lui incombe.

Réveil

En dix ans, les mises en cause des médecins anesthésistes se sont accrues de presque 500 % (contre 75 % pour les chirurgiens). Sur le total des dossiers de procès pour décès postopératoire, plus de 50 % des condamnations concernaient l'anesthésiste de l'équipe. La responsabilité de l'anesthésiste s'étend au moins jusqu'au réveil de l'opéré, même lorsqu'une infirmière est chargée de surveiller le patient. Deux problèmes se posent : d'une part, la notion de réveil n'est pas bien définie ; cette phase postopératoire, qui dure jusqu'à la reprise pleine et entière de la conscience, s'étend souvent sur plusieurs heures. D'autre part, le nombre des anesthésistes n'est peut-être pas suffisant. Pour trois millions et demi d'opérations, chaque année, la France ne compte que 7 842 médecins anesthésistes et environ 5 000 aides-anesthésistes.

Dans le secteur public, chaque anesthésiste fait en moyenne 2 anesthésies par jour ; dans le secteur privé, en moyenne 5 par jour, souvent dans des établissements éloignés les uns des autres, ce qui rend difficile la surveillance des opérés.

La tuberculose tue encore

Cent ans après l'isolement par Robert Koch du bacille de la tuberculose, et presque quatre-vingts ans après la mise au point du vaccin antituberculeux, le nombre de nouveaux cas de tuberculose dans le monde atteint annuellement 5 millions, dont 100 000 dans les pays européens.

En France, on compte chaque année 2 000 à 3 000 décès par tuberculose. Chaque année aussi, 20 000 cas de contamination sont déclarés, soit sept fois plus qu'aux Pays-Bas et trois fois plus qu'en Grande-Bretagne. Le plus grand nombre concerne des hommes de plus de 55 ans ; les populations les plus touchées sont les travailleurs immigrés, particulièrement les Africains et les Maghrébins.

Bacilles

La tuberculose pulmonaire est la plus commune, mais on constate de plus en plus souvent des formes atteignant d'autres organes : reins, squelette, organes génitaux. Chez les tuberculeux, la salive contient des bacilles ; l'entourage est contaminé par la voie pulmonaire. La pénétration dans un lobe du poumon d'une minuscule gouttelette contenant une dizaine de bacilles suffit à provoquer l'intervention de grosses cellules du sang, les macrophages, qui sont aussitôt activées et dirigées vers le lieu de la contamination par une population de lymphocytes tueurs T (Journal de l'année 1979-80). Après quelques semaines, l'interaction entre les macrophages, les lymphocytes T et les bacilles aboutit à une réaction immunitaire cellulaire. Le mécanisme de cette hypersensibilité retardée est différent de la réaction plus classique antigène-anticorps, ce qui explique les particularités de la vaccination antituberculeuse. Après cette primo-infection, on peut soit être définitivement immunisé, soit héberger un foyer de bacilles de Koch encapsulés susceptible de se réveiller après plusieurs années.