L'influence du déficit magnésique sur le système nerveux peut aussi s'exprimer d'autres façons : hyperexcitabilité du labyrinthe de l'oreille interne et vertiges ; troubles du sommeil se manifestant par le raccourcissement ou l'absence du stade de sommeil profond et du stade de sommeil paradoxal. Selon des travaux réalisés par des chercheurs français, les états inflammatoires non-infectieux de la muqueuse nasale seraient, pour 17 % des cas, des rhinites vasomotrices induites par un déficit magnésique. Il s'agit sans doute de pseudo-allergies, avec libération facilitée d'histamine.

L'équilibre du taux de magnésium dans l'organisme est sous la dépendance de quatre hormones : adrénaline, hormone parathyroïdienne, calcitonine (sécrétée par la thyroïde), insuline. L'intervention de cette dernière hormone dans l'homéostasie magnésique pourrait rendre compte des liens entre le déficit magnésique et le diabète, qui font l'objet de nombreux travaux.

Le mystère mal élucidé des huiles espagnoles

Une étrange épidémie se répand comme une traînée de poudre, à partir d'avril 1981, dans plusieurs villes espagnoles ; Madrid et sa région sont particulièrement touchées. La première victime de cette pneumonie atypique, appelée désormais syndrome toxique, est un gamin de 8 ans, qui meurt le 1er mai. En quelques mois, le bilan s'alourdit de manière inquiétante, et plus de 15 000 personnes sont hospitalisées à la fin de l'été. Le 10 janvier 1982, on enregistre le 239e décès, tandis que, à cette époque, 410 malades sont encore hospitalisés.

Symptômes

Fièvre et troubles respiratoires sont les premières manifestations de cette pneumonie atypique. Puis, rapidement, de nouveaux symptômes surgissent : lésions du foie, œdème pulmonaire, troubles digestifs, augmentation du nombre de leucocytes, douleurs musculaires accompagnées parfois de paralysie, éruptions cutanées, troubles de la coagulation sanguine.

La maladie est tout d'abord assimilée à une infection par mycoplasmes (micro-organismes intermédiaires entre virus et bactéries) ; c'est le résultat des premières études du centre espagnol de microbiologie. On commence par traiter les malades à l'érythromycine. Mais, rapidement, les conclusions de différentes enquêtes épidémiologiques établissent un lien entre la maladie et la consommation d'une huile frelatée. On découvre alors qu'une huile industrielle importée, traitée à l'aniline, est réintroduite dans le circuit alimentaire une fois désanilinée et désodorisée. L'aniline est un produit extrêmement dangereux qui interfère dans le système d'oxydoréduction transportant l'oxygène du sang. Cette fraude permettait donc d'échapper aux taxes plus élevées qui frappent les denrées alimentaires.

Plusieurs pays, dont l'Italie, le Danemark, la Suisse, la France, décident, en octobre 1981, de suspendre provisoirement l'importation en provenance d'Espagne de tout produit alimentaire contenant de l'huile.

Recherches

Outre le Centre national de toxicologie espagnol, une quarantaine de centres de recherche antipoison sont mobilisés pour résoudre le problème. En RFA, en Grande-Bretagne, en France et aux USA, entre autres. Selon les spécialistes du centre médical américain d'Atlanta, le syndrome espagnol ne ressemble ni à un empoisonnement ni à aucune autre affection d'origine alimentaire. Le secrétaire d'État espagnol à la Consommation, José Martinez Genique, déclare, fin novembre 1981, qu'aucun laboratoire n'a réussi à isoler, dans l'huile, l'agent responsable.

Les huiles frelatées ne seraient peut-être pas la cause unique de cette dramatique épidémie. Une épidémie qui fait aussi une victime française, à Paris, à l'hôpital Claude-Bernard, dans le courant de novembre. Le malade avait fait de fréquents séjours en Espagne. Il était hospitalisé depuis deux mois. Un autre cas est signalé dans l'Aude. En Espagne, malgré les efforts des pouvoirs publics, l'opinion est profondément choquée, et, au cours du mois d'octobre, une manifestation réunissant des milliers de personnes se déroule, à Madrid.