P. Vanden Boeynants nie formellement et porte plainte contre l'hebdomadaire de gauche Pour, qui l'a accusé de s'être livré à une spéculation immobilière a l'occasion du tracé d'une ligne de métro, et d'avoir favorisé, alors qu'il était ministre, une vente de viande en conserves au Zaïre par les usines de viande dont il est le PDG.

L'hebdomadaire Pour collectionne d'ailleurs procès et démêlés avec la justice. Son rédacteur en chef, Jean-Claude Garot, a été condamné pour « recel de documents officiels ». Ces documents impliquaient la police dans des activités illégales. Pour a également été condamné pour diffamation à l'égard de l'ancien ministre socialiste, Henri Simonet. L'hebdomadaire avait accusé Mme Simonet d'avoir trempé dans une vente d'armes au régime militaire d'Argentine.

Vols d'armes

Enfin, l'hebdomadaire s'est plaint du peu d'empressement manifesté par la police pour retrouver les incendiaires de ses installations. Il a dû transformer ses propres rédacteurs en limiers pour retrouver les auteurs présumés de l'incendie — des membres du groupe fascisant Front de la jeunesse — et obtenir leur arrestation. Pour a tenté de montrer les liens qui existent entre le Front de la jeunesse et le CEPIC, aile droite du parti de P. Vanden Boeynants ! Le CEPIC n'a pas tardé à être dissous par le PSC.

Sur le plan des faits divers, la Belgique a connu de singulières aventures de gendarmes et de voleurs d'armes. Au début de janvier 1982, des fusils automatiques disparaissent d'une voiture appartenant à la fameuse brigade Diane, escadron spécial d'intervention de la gendarmerie. On n'exclut pas des complicités chez les gendarmes.

À la mi-janvier, deux gendarmes en patrouille autour de leur caserne se font attaquer en pleine nuit par plusieurs hommes masqués qui leur enlèvent leurs armes ! Le lendemain matin, un hold-up est commis en plein centre de Bruxelles au moyen de ces mêmes armes, dans un bureau de travail intérimaire.

L'affaire François

La BSR (Brigade spéciale de recherches) assistée par l'escadron Diane réussit à récupérer les armes un mois plus tard et arrêtent cinq jeunes mineurs. Leur chef a tout juste 21 ans. Une douzaine de jours plus tard, deux inspecteurs de la police judiciaire sont attaqués par un homme armé qui les déleste de leurs pistolets, de leurs cartes de service et de leur véhicule !

L'armée n'échappe pas au phénomène. Des enquêteurs militaires découvrent dans une maison à Anvers un arsenal de mitraillettes, de fusils à répétition, de pistolets et de munitions diverses, constitué par trois jeunes gens, dont un milicien de 19 ans. Les armes avaient été dérobées dans divers camps militaires. Les jeunes malfaiteurs collectionnaient des poignards, des uniformes et insignes nazis.

D'autres incidents sont vraisemblablement liés à l'affaire François. Cet officier de gendarmerie est condamné à un an de prison avec sursis pour avoir utilisé des méthodes peu orthodoxes de lutte contre le trafic de la drogue, en sa qualité de chef du bureau national des drogues de la gendarmerie. L'instruction judiciaire aura duré plus d'un an et demi.

L'affaire rebondit en octobre 1981, avec un attentat contre le major de la gendarmerie Herman Vernaillen, qui avait participé, à la BSR de Bruxelles, à l'enquête concernant l'affaire François. Le major est atteint d'une balle dans le dos, sa femme de deux balles dans le ventre. Tous les deux en réchappent.

Léopold III

Une autre affaire trouve son épilogue. À l'issue d'un emprisonnement de quinze mois, le jeune Michel Strée est acquitté. Ce jeune homme, aussi irréfléchi que généreux, avait enlevé, avec quelques comparses, un groupe d'élèves dans leur bus scolaire. Il entendait attirer l'attention sur les injustices sociales, un de ses proches vivant dans le dénuement. Michel Strée s'était fait arrêter au moment où il traversait les couloirs de la radio pour y faire une déclaration.

Enfin, sur un tout autre plan, le roi Léopold III rompt le silence qu'il s'était imposé depuis son abdication en juillet 1951. Dans l'une des émissions télévisées consacrées par le journaliste flamand Maurits De Wilde aux événements politiques de la Seconde Guerre mondiale, l'un des personnages interrogés, Robert Poulet, avait affirmé avoir reçu l'appui du comte Capelle, secrétaire de Léopold III, pour éditer le Nouveau Journal, quotidien prônant la collaboration avec les nazis.