L'avance libérale est nette et générale. En Wallonie et à Bruxelles, le PRL devient le deuxième parti en importance. En Flandre, le PVV gagne presque autant que la Volksunie.

Ras-le-bol

Les partis communautaires connaissent un sort différent dans les régions du pays. En Flandre, la Volksunie nationaliste enregistre des gains notables, de l'ordre de près de 3 % des voix. En Wallonie et à Bruxelles tout au contraire, le FDF-RW (alliance entre le Front des francophones bruxellois et le Rassemblement wallon) perd environ 3 % des voix. À la Chambre, le FDF passe de 11 sièges à 6, tandis que le RW perd la moitié de ses 4 sièges.

Les écologistes font une entrée remarquable sur la scène politique avec près de 5 % des suffrages exprimés. L'UDRT (Union démocratique pour le respect du travail), parti qui exprime la révolte de petits travailleurs indépendants contre la fiscalité, progresse également au point d'enlever deux sièges au lieu d'un à la Chambre.

Deux éléments expliquent sans doute ces bouleversements dans l'échiquier politique : le ras-le-bol des électeurs qui ne voient rien changer depuis des années et l'arrivée de 850 000 jeunes électeurs, qui participent pour la première fois à une consultation nationale.

Tirant les conclusions du scrutin, qui a consacré le progrès des libéraux, le roi nomme informateur Herman Vanderpoorten, ancien ministre libéral flamand. Celui-ci termine le 23 novembre 1981 sa mission exploratoire. Le roi désigne alors Willy de Clercq, président du PVV, comme formateur. Celui-ci cherche à former une équipe sociale chrétienne-libérale. Mais sa tentative échoue en raison des hésitations du PSC qui ne veut plus d'une bipartite.

Tentatives

C'est alors un dirigeant du PSC, Charles-Ferdinand Nothomb, qui devient formateur. Il envisage une tripartite, espérant ne pas laisser les socialistes dans l'opposition. Mais il doit abandonner tout espoir après une semaine, en raison des positions inconciliables des socialistes et des libéraux.

Entre-temps, une lutte d'influence se déroule au sein du PSC. Ancien Premier ministre, membre de plusieurs gouvernements successifs, président du parti, Paul Vanden Boeynants démissionne à cause de l'échec des négociations avec les libéraux. C'est un jeune intellectuel, Gérard Deprez, âgé de 38 ans, ancien chef de cabinet de P. Vanden Boeynants, qui lui succède comme président du PSC,

Pour prendre le relais de C.-F. Nothomb, le roi choisit comme formateur Wilfried Martens, ex-Premier ministre de quatre gouvernements successifs (Journal de l'année 1980-81). Martens, qui passait pour un représentant de la démocratie chrétienne (l'aile gauche de la famille sociale-chrétienne), devient tout à coup le formateur heureux d'une coalition avec les conservateurs libéraux.

Il n'est pas le seul social-chrétien à faire une conversion de ce genre. Philippe Maystadt, jeune espoir de la démocratie chrétienne, se retrouve, lui aussi, dans l'équipe sociale chrétienne-libérale de W. Martens. Le nouveau gouvernement se compose de 15 ministres (Martens compris) et de 10 secrétaires d'État. Il reçoit l'investiture de la Chambre dans la nuit du dimanche 20 au lundi 21 décembre, par 114 voix contre 89 et 1 abstention.

Mesures

Le gouvernement demande et obtient les pouvoirs spéciaux pour un an. Pendant cette période, il n'aura guère de comptes à rendre au Parlement. W. Martens, qui connaît les dossiers pour les avoir épluchés durant des années, ne traîne pas : il prépare avec ses nouveaux collègues libéraux trois trains de mesures successifs. Le premier vise à favoriser la relance économique.

Il prévoit notamment la diminution de 17 à 6 % de la TVA dans le secteur de la construction, un encouragement fiscal pour les économies d'énergie, la suppression de la TVA de 6 % sur les transactions de l'or (ce qui met la Belgique en contradiction avec la réglementation européenne), un encouragement fiscal aux jeunes à embrasser des carrières de travailleurs indépendants, des stimulants fiscaux pour favoriser le travail à temps partiel, des réductions fiscales pour les versements anticipés d'impôts, etc.