De même pour les élections anticipées à Berlin-Ouest, le 10 mai 1981, provoquées par les retombées d'un scandale politico-financier, qui se sont soldées par une sérieuse défaite pour les deux partis du gouvernement (SPD et FDP libéral).

Ces tendances se confirment aux élections communales de Basse-Saxe, le 27 septembre 1981. La CDU dépasse la majorité absolue (50,2 % contre 47,3 %), pendant que le SPD doit se satisfaire de 36,9 %, contre 44,9 % aux élections précédentes. Aux élections municipales suivantes, celles du Schleswig-Holstein, le 7 mars 1982, nouvelle majorité absolue pour le CDU (50,1 %) et recul important du SPD, qui passe de 40,5 % à 34,6 %.

Deux semaines plus tard, le 21 mars, aux élections régionales de Basse-Saxe, la CDU obtient la majorité absolue pour la première fois dans l'histoire parlementaire de ce Land. Le SPD régresse de 42,2 % en 1978 à 36,5 %. Les écologistes, déjà présents dans les parlements régionaux de Brême, de Bade-Wurtemberg et de Berlin, font leur entrée au Landtag de Hanovre. Le 6 juin 1982, aux élections régionales de Hambourg, le SPD enregistre sa cinquième défaite consécutive. Ayant perdu sa majorité absolue, il peut cependant conserver le pouvoir en s'alliant avec les libéraux.

Les consultations électorales ne laissent planer aucun doute sur l'effritement de l'influence social-démocrate dans les communes et les régions, déjà amorcé depuis quelques années.

Comme l'échelon régional joue un rôle important dans un État fédéral, les fondements mêmes du pouvoir SPD sont lentement remis en cause. Toutes les analyses prouvent qu'il ne s'agit pas d'un phénomène passager. Le SPD mobilise moins son électorat traditionnel qu'autrefois et de plus un fort pourcentage de jeunes préfère les écologistes.

Dissensions

Plusieurs raisons expliquent cette évolution. Usé par un long exercice du pouvoir dans une période difficile, le SPD n'a pas été en mesure de renouveler ses dirigeants et son programme. Incapable de faire voter de nouvelles réformes, il devient moins attrayant que par le passé. Comme principal parti du gouvernement fédéral, il est rendu responsable des difficultés socio-économiques que rencontrent presque tous les citoyens.

Le SPD est dirigé par une troïka divisée et âgée, dont l'impact dans l'opinion publique s'émousse. Willy Brandt, 68 ans, est critiqué pour vouloir maintenir l'unité du parti sans renoncer à la diversité des tendances parfois contradictoires. Helmut Schmidt, 63 ans, doit tenir compte des exigences de son petit allié libéral, et l'aile gauche du parti lui reproche de faire trop de concessions au FDP. Le patriarche, Herbert Wehner, 76 ans, dirige le groupe parlementaire d'une main de fer et provoque souvent un sentiment de frustration chez les députés, qui aimeraient bien que les problèmes de succession se règlent en douceur.

Au-delà des querelles de personnes, l'opinion publique admet mal que le parti soit divisé sur toutes les questions importantes, qu'il s'agisse de l'écologie, de la politique économique, de la construction des centrales nucléaires ou de la politique de sécurité. En 1981, un député fédéral a été exclu du parti pour propos injurieux à l'égard du chancelier et un autre a démissionné du SPD en signe de désaccord avec la politique gouvernementale.

Tous les deux essaient maintenant de lancer une nouvelle formation social-démocrate, vraisemblablement promise à l'échec. À trop se déchirer et à cultiver ses divergences, le SPD perd sa crédibilité comme parti de gouvernement.

Le congrès du SPD à Munich, du 19 au 23 avril 1982, ne résout aucun problème. Certes, la politique de défense du gouvernement est approuvée, mais l'opposition de l'aile gauche reste vive et la confrontation à propos de l'installation des fusées américaines Pershing est reportée à 1983, en attendant les résultats des négociations de Genève sur les euromissiles.

Sur le plan économique, les dirigeants du parti font des concessions aux adhérents qui exigeaient une politique anti-chômage plus interventionniste. Du même coup, le SPD provoque la mauvaise humeur du FDP, déjà porté à se demander s'il n'est pas temps de changer de coalition à Bonn, en revenant avec le parti chrétien-démocrate.

Remaniement

Le seul élément nouveau du congrès est l'élection à la vice-présidence du parti, à côté de Helmut Schmidt, de Johannes Rau, chef du gouvernement de Rhénanie du Nord-Westphalie, le plus grand Land d'Allemagne fédérale. Né en 1931, ce célibataire, ancien directeur d'une maison d'édition protestante, pourrait être un jour un des principaux dirigeants du SPD de l'après-troïka. Willy Brandt reste président du SPD.