C'est ainsi qu'ayant déjà à supporter une double présence armée étrangère — palestinienne et syrienne — ils ont à subir, le 6 juin 1982, l'invasion de l'armée israélienne, jusqu'à Beyrouth même. Tout dès lors peut arriver à ce petit pays en état de survie précaire, auquel la France, indignée mais tragiquement impuissante, souhaite qu'il soit évité le pire.

Une année meurtrière

L'année 1981 a été l'une des plus meurtrières depuis 1976, fin de la guerre civile généralisée. On a dénombré plus de 2 000 morts et 6 000 blessés. Huit cents tués ont été victimes des duels d'artillerie syro-phalangistes à Beyrouth et à Zahlé (surtout d'avril à juin 1981). Les attaques israéliennes contre les Palestiniens en juillet 1981, à Beyrouth notamment, ont fait 700 morts. La plupart des autres victimes sont tombées lors d'explosions de voitures piégées, d'attentats divers et d'affrontements fratricides dans les zones contrôlées par l'armée syrienne, les fedayin palestiniens et les forces islamo-progressistes libanaises.

Bombardements

Sur le terrain politique et militaire, le drame est donc devenu quotidien. Après la bataille syro-phalangiste d'avril-juin 1981, à Zahlé et à Beyrouth, et son règlement grâce à l'entremise de l'Arabie Saoudite (Journal de l'année 1980-81), le Liban connaît une flambée de violence en juillet.

À la suite d'un raid israélien au Sud-Liban, les Palestiniens pilonnent Kiryat Shmoneh. La riposte israélienne est foudroyante : Beyrouth est bombardée le 17 juillet 1981 ; le raid provoque la mort de plus de 700 personnes, pour la moitié libanaises.

Les jours suivants, l'aviation israélienne continue ses raids meurtriers, tandis que des tirs d'artillerie s'échangent au sud, par-dessus la frontière, entre Israéliens et Palestiniens. Finalement, sur la pression des États-Unis (mission de Philip Habib) et grâce à l'entremise des autorités libanaises, un cessez-le-feu intervient le 24 juillet 1981, accepté par Menahem Begin.

Même si Israël s'est contenté de donner son agrément à la demande américaine, sans signer aucun accord avec l'OLP, le cessez-le-feu consacre davantage le statut de belligérant de cette organisation et renforce ainsi la position diplomatique de Yasser Arafat.

Le gouvernement libanais, pour sa part, a la lourde tâche de préserver l'extrême précarité d'un accord que les Israéliens entendent bien dénoncer à la moindre action palestinienne.

Attentats

La plupart des attentats qui endeuillent le Liban en 1981 trouvent leur origine dans les antagonismes entre différentes factions politiques libanaises, ou encore dans l'action de services spéciaux étrangers. C'est ainsi que, le 4 septembre 1981, l'ambassadeur de France, Louis Delamare, tombe sous les balles d'un commando téléguidé, selon certaines sources, par Damas. Un couple de fonctionnaires de l'ambassade française est assassiné à son tour, le 15 avril 1982, à Beyrouth.

L'imbroglio est tel qu'il est parfois bien difficile — et toujours délicat — de désigner sûrement les auteurs de ces actes de violence, dont l'enchaînement crée une véritable psychose au sein de la population.

Il y a d'abord des affrontements entre la milice chiite Amal (prosyrienne et pro-iranienne) et certains groupes palestiniens. Ce sont encore des explosions répétées de voitures piégées qui frappent les sièges des représentations palestiniennes, à Beyrouth-Ouest principalement : plus de 80 morts le 1er octobre 1981.

Ce sont aussi les attentats ponctuels qui visent les délégations diplomatiques étrangères, notamment arabes : 50 morts à l'ambassade d'Iraq, le 15 décembre. Ce sont enfin, au nord du pays, à Tripoli, des affrontements en février 1982 entre Libanais prosyriens et formations palestino-progressistes. Les actions n'épargnent pas les troupes syriennes de la Force arabe de dissuasion, témoignant d'une hostilité croissante de la population à leur égard.

Paralysie

La paralysie persistante de l'armée libanaise, qui aligne cependant 23 000 hommes, ne permet pas mieux qu'auparavant à l'autorité légale de se faire respecter. Le Mouvement national (progressiste), qui soupçonne les militaires de garder quelques liens avec les Phalanges chrétiennes, s'oppose à leur renforcement.