Les possibilités de coopération économique sont d'autant plus limitées qu'Israël est privé de débouchés dans son environnement immédiat, les échanges avec l'Égypte étant faibles.

Un autre problème, davantage ressenti encore par l'opinion publique, tient à la dégradation relative des relations avec Washington, où l'administration Reagan se montre d'abord critique à l'égard de l'intransigeance israélienne : raid sur Tamuz (Journal de l'année 1980-81), crise libanaise, annexion le 14 décembre 1981 du Golan, négociations sur l'autonomie, action dans les territoires occupés. Certains responsables américains menacent même de reconsidérer l'aide militaire octroyée à l'État juif (embargo temporaire sur les F-15 et F-16).

Enfin, la résistance manifestée par la majorité des colons juifs à leur évacuation forcée du Sinaï pose au gouvernement d'autres difficultés. Ces colons trouvent quelque appui au sein du Goush Emounim (Bloc de la foi) et même auprès de l'armée : le général Raphaël Eytan est ainsi jugé trop complaisant à leur égard.

Mais c'est surtout dans les territoires occupés que les préoccupations sont les plus graves. Tandis que les Druzes du Golan s'opposent à l'application de leur nouveau statut, l'épreuve de force intervient en Cisjordanie lorsque les Israéliens destituent le maire d'El-Bireh et procèdent, le 18 mars 1982, à la dissolution de son conseil municipal.

Des manifestations ont lieu dans les principales villes, provoquant des morts de part et d'autre et entraînant une grève générale. Il est vrai que la création, début 1982, d'une administration civile au sein du gouvernement militaire semble traduire la volonté d'Israël de modifier progressivement le statut de la Cisjordanie, déjà baptisée par le gouvernement Begin, de manière significative, du nom biblique de Judée-Samarie.

François Mitterrand à Jérusalem

François Mitterrand se rend en Israël du 3 au 5 mars 1982, après avoir par deux fois reporté son voyage, à la suite du raid israélien contre le centre nucléaire de Tamuz (7 juin 1981) et au lendemain de l'annexion du Golan syrien (14 décembre 1981). C'est la première visite d'un chef d'État français dans ce pays. Ce faisant, et malgré les objurgations arabes, le président entend respecter l'engagement pris par le candidat socialiste lors de sa campagne électorale et réparer ce que d'aucuns considèrent comme une « anomalie flagrante ». Il espère ainsi atténuer le sentiment d'isolement et d'insécurité de l'État juif, qui expliquerait la fréquence et la brutalité de ses recours à la force — comme la raideur de sa diplomatie — dans la recherche d'un règlement à la question palestinienne. Dans son discours à la Knesset le 4 mars, François Mitterrand évoque « un dialogue qui suppose que chaque partie peut aller au bout de son droit, ce qui pour les Palestiniens peut, le moment venu, signifier un État », et cite l'OLP comme représentative des « combattants palestiniens » et devant participer à la négociation si « elle inscrit son droit dans le respect du droit des autres ». Rejetant, dans sa réponse, ces deux éventualités, Menahem Begin souligne que le soutien de Paris au « principe d'un État palestinien est le principal obstacle » à l'amitié franco-israélienne. Si la visite présidentielle n'a pas sensiblement rapproché les points de vue en ce qui concerne le sort des Palestiniens, du moins a-t-elle permis de rétablir, entre les deux capitales, un courant considérablement dégradé ces dernières années, en redonnant un certain contenu aux relations bilatérales. En revanche, la critique des Arabes s'est faite plus incisive. La politique d'équilibre désormais recherchée par Paris est jugée par eux trop partiale, en faveur d'Israël.

Résistance

Le développement des ligues de village, armées avec l'aide de l'administration d'occupation, est interprété comme une mesure destinée à limiter l'influence des maires palestiniens (élus démocratiquement en 1976), considérés comme trop proches de l'OLP.

La résistance populaire dans les territoires occupés trouve un écho en Israël même, où la population arabe (800 000 habitants, soit 20 % de la population de l'État hébreu) manifeste le 30 mars 1982 sa solidarité par la grève et où le mouvement Paix maintenant ainsi que 26 députés travaillistes dénoncent fermement la politique gouvernementale.