En conséquence, les 16 milliards d'investissement prévus dans le budget 1981 ont été consacrés plus à la reconstruction et au financement de la guerre — qui coûte 1 milliard de dollars par mois — qu'à la réalisation des grands projets économiques qui avaient été initialement prévus.

Parallèlement, la situation au sein de l'armée, où se multiplient les désertions, et au Kurdistan iraqien se dégrade inexorablement. Les forces de l'ordre de Bagdad, aidées par des unités spéciales jordaniennes dépêchées sur les lieux en janvier 1982 par le roi Hussein, ont du mal à réprimer en avril une agitation kurde enhardie par les difficultés qu'éprouve le régime sur le front iranien. La menace est d'autant plus sérieuse que le mouvement nationaliste kurde — notamment le PDK (parti démocratique du Kurdistan) des frères Barazani — a établi des liens avec l'organisation chiite religieuse Al Daawa.

Le film de la guerre du Golfe
1981

27 septembre : Les forces armées iraniennes déclenchent une offensive surprise dans le Khouzistan qui leur permet de desserrer l'étau autour d'Abadan, encerclée depuis près d'un an (Journal de l'année 1980-81). Les Iraqiens sont chassés de la rive orientale du fleuve Karoun, au nord de la ville pétrolière. Les Iraniens reprennent le contrôle des deux principaux axes du Khouzistan.

29 novembre : Nouvelle offensive éclair des forces iraniennes ; celles-ci libèrent la ville de Bostan qui contrôle une route stratégique importante par laquelle les Iraqiens ravitaillaient les places fortes de Hoveizeh et Hamid, situées plus au sud.

11-18 décembre : Une troisième offensive sur le front ouest, en direction de Gilan et Qasr-é-Chirine, est stoppée par la saison des pluies qui rend toute progression sur le terrain difficile jusqu'au printemps.

1982

6-13 février : Échec d'une violente contre-offensive iraqienne dans la région de Bostan.

1er mars : La cinquième mission de Olof Palme, représentant personnel du secrétaire général de l'ONU, se solde par un échec, l'Iran et l'Iraq n'ayant pas, selon O. Palme, « la volonté politique de mettre fin au conflit ».

17 mars : Une nouvelle opération iranienne baptisée Fatimah, du nom de la fille du Prophète, permet de libérer de larges portions du territoire iranien occupé, au Khouzistan.

22 mars : Déclenchement de la plus importante offensive iranienne depuis le début de la guerre, appelée Fath ol mobine (Victoire évidente). L'opération s'achève le 28, après une percée des troupes de Téhéran de plus de 50 km en direction de la frontière. Partis de Dezfoul et de Suse, les Iraniens occupent la localité d'Ein Khosh, située à 17 km de la frontière et les hauteurs de Fakkeh, plaque tournante sur la route stratégique nord-sud, qui contrôle l'unique voie de pénétration en Iraq. Plus de 2 000 km2 de territoires sont reconquis au cours de cette offensive et une trentaine de brigades iraqiennes (75 000 soldats environ) mises hors de combat.

30 mars : Le président Saddam Hussein reconnaît implicitement la défaite iraqienne en appelant ses troupes à « ne pas sombrer dans l'amertume face à la modification de nos lignes défensives ».

29 avril : Une nouvelle offensive iranienne dans le Khouzistan, appelée Opération Jérusalem, est lancée en direction de Khorramchahr, l'unique ville importante occupée par les Iraqiens au début de leur offensive de septembre 1981.

4 mai : Les Iraniens franchissent le fleuve Karoun et y établissent une tête de pont.

18 mai : Les troupes iraniennes parviennent à la frontière iraqienne au nord de Khorramchahr et occupent la localité frontalière de Chalamtcheh, position stratégique qui sert de centre de ravitaillement à l'armée iraqienne enfermée dans le port.

22 mai : Les Iraniens déclenchent la phase finale de l'Opération Jérusalem avec une attaque simultanée aux deux extrémités de la ligne du front : au sud, dans la région de Khorramchahr, et à une centaine de kilomètres au nord, dans le secteur frontalier de Kouchk.

24 mai : Les troupes iraniennes libèrent Khorramchahr.

Tamuz

En revanche, le régime de Bagdad améliore ses rapports avec l'Occident (Journal de l'année 1980-81). Le gouvernement américain qui, en février, a retiré l'Iraq de la liste des pays terroristes, autorise, fin mai, la signature d'un contrat de vente à l'Iraq de six avions cargo Lockheed L 100 — version améliorée du C 130 — qui pourraient être utilisés au transport de troupes.