La campagne est d'une grande violence. Si le PDC évoque les commandos terroristes de l'ARENA, celle-ci qualifie le PDC de pastèque (verte à l'extérieur, rouge à l'intérieur) et l'associe sans hésiter aux deux fronts d'opposition, sous le vocable de « triangle de la mort ».

La participation exceptionnelle des électeurs au scrutin du 28 mars (plus de 1,5 million de votants n'ont pas hésité à risquer les balles des guérilleros pour se rendre aux bureaux de vote) apporte un réel désaveu à la guérilla et traduit surtout une profonde volonté de paix. La faillite de la politique économique, l'habileté et l'ascendant du commandant d'Aubuisson expliquent le bon score réalisé par l'ARENA, qui obtient près de 30 % des suffrages exprimés.

D'Aubuisson

Pour le PDC qui, tout en demeurant le premier parti du pays, n'obtient pas la majorité absolue, la déception est grande. Soupçonné d'avoir organisé l'assassinat de Mgr Romero en mars 1980, considéré par certains diplomates américains comme un « tueur psychopathe », le commandant d'Aubuisson est écarté de la présidence de la République, sous la pression des États-Unis. Il réussit seulement à se faire élire à la présidence de l'Assemblée nationale.

Il faudra plus de six semaines pour que soit désigné, le 29 avril, un président provisoire — Alvaro Magana, personnalité n'appartenant à aucun parti, ancien directeur de la banque centrale — et trois vice-présidents : le secrétaire général du Parti de la conciliation nationale, formation des partisans de l'ancien régime militaire renversé en octobre 1979, un membre de l'ARENA et un membre du PDC hostile à Napoléon Duarte.

Le nouveau président, qui doit rester en fonctions jusqu'à l'élection présidentielle prévue pour 1983, aura quelque peine à s'imposer à une assemblée dominée par la personnalité inquiétante de d'Aubuisson, pour qui tous les moyens seraient bons pour venir à bout de la guérilla.

Déjà, l'Assemblée s'est empressée de suspendre la réforme agraire à peine mise en place par le précédent gouvernement. Les perspectives sont sombres pour ce malheureux pays où les élections, considérées comme celles de la dernière chance, n'ont rien résolu, mais laissent, au contraire, craindre une radicalisation.

Surinam

Paramaribo. 390 000. 2. 1,2 %.
Économie. PIB (77) : 1 999. Productions (75) : A 9 + I 29 + S 62. Énerg. (80) : 2 597. CE (77) : 42 %. P (78) : 195.
Transports. (*78) : 38 200 + 13 600.
Information. (77) : 7 quotidiens. Tirage global : 33 000. (76) : *112 000. (76) : *38 000. (78) : 20 000.
Santé. (75) : 194.
Institutions. Indépendance proclamée le 25 novembre 1975, après 21 ans d'autonomie interne (ancienne Guyane hollandaise). République présidentielle. Constitution approuvée par le Parlement le 19 novembre 1975. Président de la République par intérim : Ramdat Misier, désigné le 8 février 1982 par le lieutenant-colonel Desi Bouterse, chef du Conseil national militaire mis en place après le coup d'État du 4 février 1982 qui renverse le président Henk Chin Sen.

Radicalisation

Échappant in extremis aux officiers putschistes qui ont investi, le 11 mars 1982, le QG de l'armée à Paramaribo, le lieutenant-colonel Desi Bouterse, leader du Conseil national militaire, homme fort du pays, parvient à rétablir son autorité, de la forteresse dominant la capitale où il s'était réfugié en compagnie de troupes fidèles.

La radicalisation du régime, déjà entamée depuis la mise à l'écart, un mois plus tôt, du président Henk Chin Sen (Journal de l'année 1980-1981), s'accélère. Les officiers félons — dont certains seront fusillés — sont accusés d'avoir été inspirés par « l'impérialisme et les partis réactionnaires », pressés de rétablir un régime parlementaire pro-occidental.

L'emprise de l'armée, dont les effectifs sont passés en deux ans de 800 à plus de 2 000 hommes, et celle du Front révolutionnaire, qui regroupe sous la direction de Desi Bouterse syndicats et organisations populaires, s'accentuent. Les liens avec les pays progressistes du continent — en particulier Cuba, le Nicaragua et la Grenade — sont renforcés.

Trinité et Tobago

Port of Spain. 1 140 000. 222.
Économie. PIB (78) : 3 429. Productions (77) : A 3 + I 58 + S 39. Énerg. (80) : 5 105. CE (78) : 53 %. P (78) : 252. Ch. (78) : 12,2 %.
Transports. (*78) : 131 500 + 37 300. (78) : 663 pass./km.
Information. (76) : 3 quotidiens. Tirage global : *144 000. (76) : *270 000. (76) : *110 000. (72) : 47 200 fauteuils. (77) : 75 000.
Santé. (75) : 550. Mté inf. (78) : 24,4.
Éducation. (75). Prim. : 152 295. Sec. et techn. : *32 000. Sup. (74) : 2 962.
Institutions. État indépendant le 31 août 1962. République. Constitution du 1er août 1976. Président : sir Ellis Clarke, ancien gouverneur représentant la Couronne britannique. Premier ministre : George Chambers (30 mars 1981).

Élections législatives
(9 novembre 1981)

Les 36 sièges à pourvoir sont répartis entre 3 formations, sur les 6 qui présentaient des candidats. Le Mouvement national du peuple (gouvernemental) compte 26 élus. Le Front travailliste uni enlève 8 sièges et le Congrès d'action démocratique 2 sièges. Ces deux mouvements progressistes avaient formé une alliance électorale.

Uruguay

Montevideo. 2 900 000. 16. 0,6 %.
Économie. PIB (78) : 1 713. Productions (76) : A 10 + I 32 + S 58. Énerg. (80) : 945. CE (78) : 14 %. P (78) : 4 769. Ch. (78) : 10,6 %.
Transports. (78) : 494 M pass./km, 303 Mt/km. (76) : 127 100 + 104 200. (*80) : 198 000 tjb. (78) : 51 pass./km.
Information. (77) : 26 quotidiens. (76) : *1 600 000. (76) : *355 000. (78) : 270 000.
Santé. (75) : 3 983. Mté inf. (77) : 48,5.
Éducation. Prim. (77) : 269 779. Sec. et techn. (76) : 142 000. Sup. (75) : 32 627.
Armée.  : 29 700.
Institutions. Indépendant depuis le 25 août 1925. République présidentielle. Constitution de 1951, révisée en 1966, rejetée par référendum le 30 novembre 1980. Chef de l'État : général Gregorio Alvarez, nommé le 31 juillet 1981 ; succède le 1er septembre 1981 à Aparicio Mendez.

Venezuela

Caracas. 13 910 000. 15. 3 %.
Économie. PIB (78) : 3 024. Productions (78) : A 6 + I 44 + S 50. Énerg. (80) : 3 375. CE (78) : 23 %. Ch. (77) : 4,8 %.
Transports. (78) : 40 M pass./km, 20 Mt/km. (77) : 1 186 700 + 498 000. (*80) : 848 000 tjb. (78) : 2 297 pass./km.
Information. (77) : 54 quotidiens. Tirage global : 2 263. (76) : *5 034 000. (76) : *1 431 000. (77) : 282 000 fauteuils ; fréquentation : 33 M. (77) : 847 000.
Santé. (77) : 14 565. Mté inf. (74) : 33,7.
Éducation. Prim. (76) : 2 204 074. Sec. et techn. (74) : 631 210. Sup. (76) : 247 518.
Armée.  : 40 800.
Institutions. État fédéral. République présidentielle. Constitution de 1958. Président et chef de l'exécutif : Luis Herrera Campins, élu le 3 décembre 1978 ; succède à Carlos Andrés Pérez.

Marasme

Les recettes du pétrole connaissent, en 1981, un léger tassement (17,3 milliards de dollars contre 16,3 milliards l'année précédente) qui aggrave la situation économique : croissance presque nulle du PIB, taux de chômage de 8 %. Pourtant, phénomène rare en Amérique latine, l'inflation ne dépasse guère 16 %.