Accusant la bourgeoisie d'affaires d'être responsable de cette dégradation, le gouvernement sandiniste laisse planer la menace d'un dirigisme grandissant. Une loi de réforme agraire ordonne, en août 1981, la confiscation des terres abandonnées ou mal exploitées et leur distribution à des paysans et à des coopératives. Des magasins d'État court-circuitent peu à peu le petit commerce.

Radicalisation

La rupture du consensus économique a des répercussions politiques. Trois dirigeants du Conseil supérieur de l'entreprise privée (COSEP), dont le président, sont arrêtés le 21 octobre 1981 pour avoir mis en garde le gouvernement contre le déviationnisme totalitaire, et condamnés à des peines de prison. Le secrétaire général et d'autres membres du parti communiste nicaraguayen, qui accusent eux aussi la junte de déviationnisme — de droite cette fois —, sont également mis en prison.

Le pouvoir radicalise ses méthodes et se concentre entre les mains des 9 membres du directoire du FSLN. La Prensa, seul journal non soumis à l'autorité du Front, est interdit six fois en deux ans. L'Église catholique est divisée. Quatre prêtres font partie du gouvernement (Journal de l'année 1980-81). Ils n'y demeurent que sur la base d'un compromis accepté provisoirement par la hiérarchie. L'archevêque de Managua, qui dénonce vigoureusement les déportations d'Indiens Miskitos hostiles au régime et habitant les zones proches du Honduras, s'inquiète de la cubanisation du pays.

De fait, les Comités de défense sandinistes — comme les CDR castristes — quadrillent quartiers et villages, se rendent indispensables à la population dans les domaines les plus divers (approvisionnement, démarches administratives) et sont prêts à dénoncer toute opposition naissante. Et, à l'exemple de Cuba, le Nicaragua se militarise.

L'année 1982 est celle de l'unité contre l'agression. Les opérations de harcèlement menées par les somozistes à partir du Honduras, la triple alliance conclue au début de 1982 par le Costa Rica, le Honduras et le Salvador créent une véritable psychose d'invasion et justifient, aux yeux du régime, la proclamation de l'état d'urgence, le 15 mars 1982, et un énorme effort d'armement. Ancien vice-ministre de la Défense, le commandant Pastora forme à Lisbonne un gouvernement en exil, le 3 juin 1982.

L'armée, capable de mobiliser — miliciens compris — au moins 50 000 hommes, est la plus importante d'Amérique centrale. Elle est équipée d'armes cubaines et soviétiques, à la seule exception des armes françaises fournies en décembre 1981, en vertu d'un contrat de 86 millions de F, qui fait couler beaucoup d'encre dans les deux Amériques. Elle est encadrée par 2 000 conseillers cubains et des conseillers soviétiques.

Alignement

De non-alignement, il n est plus question. L'ouverture d'une ligne Aeroflot sur Managua, celle d'un bureau de l'agence Tass — dont la presse du FSLN reprend mot pour mot les dépêches concernant la Pologne et l'Afghanistan —, l'envoi de boursiers à Moscou, les stages de pilotes en Bulgarie, l'affiliation, enfin, des syndicats à la Fédération syndicale mondiale dont le siège est à Prague sont autant de signes d un ancrage progressif du pays à l'Est.

USA

Les États-Unis ont toutes les raisons d'être inquiets de cette évolution, d'autant que les sandinistes aident selon toute vraisemblance la guérilla salvadorienne. Favorisés par le président mexicain, les contacts de Washington avec le Nicaragua, qui n'ont jamais été totalement interrompus, reprennent en décembre 1981 (rencontre Haig - d'Escoto à Sainte Lucie).

L'administration Reagan présente le 9 avril 1982 des propositions précises. Si le Nicaragua cesse d'aider la guérilla salvadorienne, s'il accepte de limiter le développement de son armement lourd et de ne pas intervenir dans la région, les États-Unis, de leur côté, s'engageront à ne pas aider les somozistes et, surtout, reprendront leur aide économique et financière, suspendue depuis avril 1981.

Les sandinistes font savoir qu'ils ne sont pas hostiles au dialogue et font des propositions complémentaires, mais, le 5 mai, S. Ramirez, membre de la junte, lance un appel à l'aide à l'Europe. Le président de la junte, Daniel Ortega, est alors à Moscou et annonce bientôt la signature avec l'Union soviétique d'accords de coopération économique et technique, assortis de protocoles prévoyant la fourniture d'équipements divers. Tout se passe comme si le Nicaragua évitait par tous les moyens de recourir à l'aide du géant nord-américain qui ne lui inspire que des craintes.

Panama

Panama. 1 880 000. 25. 3,1 %.
Économie. PIB (78) : 1 260. Productions (77) : A 17 + I 23 + S 60. Énerg. (80) : 633. CE (78) : 10 %. P (75) : 142. Ch. (78) : 8,1 %.
Transports. (77) : 71 000 + 21 800. (*80) : 24 191 000 tjb. (78) : 365 pass./km.
Information. (76) : 6 quotidiens. Tirage global : 136 000. (76) : *270 000. (76) : *186 000. (77) : 155 000.
Santé. (77) : 1 402. Mté inf. (78) : 22.
Éducation. (*77). Prim. : 361 000. Sec. et techn. : 142 000. Sup. (76) : *32 000.
Armée.  : 11 000.
Institutions. Indépendant depuis le 3 novembre 1903. République présidentielle. Constitution de 1946. Chef de l'État et de l'exécutif : Aristides Royo, élu le 11 octobre 1978 ; succède au général Omar Torrijos.

Paraguay

Asunción. 3 070 000. 8. 3 %.
Économie. PIB (78) : 886. Productions (78) : A 32 + I 24 + S 44. Énerg. (80) : 190. CE (78) : 10 %. P (78) : 218.
Transports. (77) : 23 M pass./km, 17 Mt/km.
Information. (76) : 4 quotidiens. Tirage global : 106 000. (76) : *80 000. (76) : *55 000. (78) : 48 000.
Santé. (76) : 1 266.
Éducation. (75). Prim. : 452 249. Sec. et techn. : 75 419. Sup. (73) : 12 212.
Armée.  : 16 000.
Institutions. Indépendant le 14 mai 1811. République. Nouvelle Constitution de 1967, amendée en 1978 (pour permettre la réélection du président Stroessner). Président : général Alfredo Stroessner, réélu le 12 février 1978, pour la cinquième fois depuis 1954.

Pérou

Lima. 17 780 000. 14. 2,8 %.
Économie. PIB (78) : 665. Productions (77) : A 12 + I 39 + S 49. Énerg. (80) : 619. CE (78) : 18 %. P (78) : 527. Ch. (78) : 6,5 %.
Transports. (77) : 651 M pass./km, 612 Mt/km. (77) : 300 400 + 166 200. (*80) : 741 000 tjb. (78) : 634 pass./km.
Information. (77) : 30 quotidiens. Tirage global : 828 000. (76) : *2 068 000. (76) : *600 000. (77) : 253 400 fauteuils. (78) : 420 000.
Santé. (77) : 10 514. Mté inf. (72) : 703.
Éducation. (77). Prim. : 3 019 624. Sec. et techn. : 969 129. Sup. : 233 420.
Armée.  : 130 000.
Institutions. Indépendant depuis le 28 juillet 1821. République présidentielle. Nouvelle Constitution promulguée le 12 juillet 1979. Président : Fernando Belaunde Terry ; succède à Francisco Morales Bermudez, le 18 mai 1980. Premier ministre : Manuel Ulloa Elias.

Recrudescence de la guérilla

Au pouvoir depuis un an, le président Fernando Belaunde Terry (Journal de l'année 1980-81) tente de nouer le dialogue avec l'opposition. Il reçoit, en juillet 1981, neuf dirigeants de la gauche, dont les formations politiques ont totalisé 30 % des suffrages aux élections municipales. Malgré de profondes divergences en matière économique et sociale, les parties en présence s'accordent à reconnaître que les discussions ont eu un caractère « constructif ».