Les officiers soucieux de moraliser la vie politique et de s'attaquer aux causes de la subversion ont quelques difficultés à concrétiser leur programme, d'autant qu'ils disposent d'un pouvoir fragile au sein des forces armées, divisées et engagées dans une lutte difficile contre une guérilla active. Une évolution de type salvadorien, où les bonnes intentions succombent à la pression des réalités, ne semble pas à exclure.

Guyana

Georgetown. 880 000. 4.
Économie. PIB (77) : 540. Productions (76) : A 21 + I 33 + S 46. Énerg. (80) : 1 099. CE (77) : 60 %. P (78) : 197.
Transports. (74) : 6 M pass./km. (77) : 28 400 + 14 700.
Information. (76) : 2 quotidiens. Tirage global : 50 000. (76) : *275 000. (77) : 41 500 fauteuils ; fréquentation : 10,4 M. (77) : 27 000.
Santé. (77) : 106. Mté inf. (72) : 32,8.
Éducation. (76). Prim. : 140 395. Sec. et techn. : *75 000. Sup. (73) : 2 307.
Armée.  : 7 000.
Institutions. État indépendant le 26 mai 1966. République proclamée le 23 février 1970. Nouvelle Constitution de type présidentiel (février 1980). Chef de l'État : Forbes Burnham, depuis le 6 octobre 1980 et confirmé par l'élection du 15 décembre 1980 ; succède à Arthur Chung. Premier ministre : Prolemy Alexander Reid.

Haïti

Port-au-Prince. 5 010 000. 181. 1,8 %.
Économie. PIB (78) : 278. Productions (78) : A 41 + I 20 + S 39. Énerg. (80) : 53. CE (78) : 12 %. P (78) : 208.
Transports. (77) : 22 700 + 3 800.
Information. (76) : 6 quotidiens. Tirage global : 92 000. (76) : *95 000. (76) : 18 000.
Santé. (77) : 800.
Éducation. (76). Prim. : 510 683. Sec. et techn. : *56 000. Sup. : 3 300.
Armée.  : 7 500.
Institutions. État indépendant depuis janvier 1804. République. Constitution de 1950, amendée en 1957 et 1964. Président à vie : Jean-Claude Duvalier ; succède, le 22 avril 1971, à son père, François Duvalier, décédé.

Une tentative de l'opposition malgré le durcissement du régime

Un des plus pauvres parmi les plus pauvres, le seul pays d'Amérique latine retenu par l'ONU pour participer à la Conférence de Paris sur les PMA (pays les moins avancés) en septembre 1981 : telle est Haïti. Le chômage touche 40 % de la population, l'analphabétisme frôle les 90 % et l'espérance de vie dépasse à peine 40 ans.

Alors qu'on avait pu espérer une certaine libéralisation politique, le régime se durcit à nouveau. Sylvio Claude, président du parti démocrate-chrétien, et 21 autres militants de son parti sont condamnés, le 26 août 1981, à 15 ans de travaux forcés pour crimes contre la sûreté de l'État et incitation à la révolte.

De nombreux Haïtiens tentent de fuir vers les États-Unis. Les plus démunis abandonnent leurs pauvres économies à des passeurs sans scrupules ou cherchent à atteindre les côtes de Floride sur des embarcations de misère. Espoir qui devient chimère lorsque le président Reagan autorise, le 29 septembre 1981, les garde-côtes américains à arraisonner en pleine mer les bateaux de réfugiés haïtiens, et à les renvoyer chez eux.

Le Département d'État annonce que les gouvernements de Port-au-Prince et de Washington se sont mis d'accord pour établir un programme de coopération bilatérale destiné à stopper l'immigration illégale. Dans un pays qui accueille chaque année plus de 100 000 Cubains et autant de Vietnamiens, les quelque mille réfugiés haïtiens qui arrivent clandestinement chaque mois aux États-Unis ne sauraient à eux seuls justifier une telle décision.

Il semble que le président américain ait eu le souci de ne pas mécontenter le gouvernement dictatorial, mais anticommuniste, d'un État qui peut constituer une base stratégique dans les Caraïbes.

Une lueur pourtant dans ce tableau : le 9 janvier 1982, un groupe d'exilés haïtiens se réclamant du parti populaire de Bernard Sansaricq débarque sur l'île de la Tortue, à 10 km des côtes de Haïti. La tentative est sans lendemain, mais elle n'est pas fortuite. Des tracts en faveur de B. Sansaricq avaient été lâchés le 26 octobre 1981, par avion, au-dessus de Port-au-Prince, appelant l'armée et la milice à renverser le gouvernement.