Garcia Meza avait accepté fin mai 1981, sous la pression des militaires institutionnalistes, de quitter le pouvoir avant le 6 août, puis il avait renié son engagement provoquant une nouvelle tentative de coup d'État, le 25 juin. La junte, rassemblant les commandants des trois armes l'avait confirmé dans ses fonctions le 17 juillet, mais une nouvelle rébellion militaire, la cinquième en un an, éclatait le 3 août à Santa Cruz.

Ses instigateurs, les généraux Lucio Anez Rivero et Alberto Natusch Busch, demandent la restauration des droits constitutionnels, la dissolution des groupes paramilitaires qui sèment la terreur, la réintégration des officiers suspendus après les récentes tentatives de putsch. Ils sont soutenus clandestinement — syndicats et partis politiques sont interdits — par les partisans du leader de centre gauche. Siles Suazo (Journal de l'année 1979-1980) et par la COB (Centrale ouvrière bolivienne).

Craignant cette fois une guerre civile, les autorités font appel à l'archevêque de Santa Cruz qui obtient, par sa médiation, la réintégration des officiers et la démission du chef de l'État. Nul n'ignore, cependant, les liens que conserve Garcia Meza avec la junte qui assume désormais le pouvoir. Obligé de céder à nouveau aux institutionnalistes, le général Waldo Bernal Pereira, considéré jusqu'alors comme l'homme fort de la junte, mais compromis lui aussi dans des affaires de contrebande, annonce, le 4 septembre 1981, la nomination à la présidence d'un autre membre de la junte, le général Calso Torellio Villa.

Le nouveau président, qui a formé un gouvernement où les militaires demeurent prépondérants, promet de rétablir la démocratie dans les trois ans et de lutter contre les « compromissions ». Il doit, en fait, sortir son pays de l'asphyxie économique dans laquelle l'ont enfermé les États-Unis et le FMI, avant tout soucieux de faire cesser le trafic de la cocaïne. Objectif ambitieux puisque cette drogue rapporte deux fois plus que les exportations licites et fait vivre une mafia puissante.

Les États-Unis prennent acte des déclarations d'intention et rétablissent, le 2 novembre 1981, des relations diplomatiques interrompues depuis juillet 1980. Seule une grève de la faim d'un millier de personnes, faisant suite à un vaste mouvement de grèves des mineurs et à une nouvelle médiation de l'Église catholique, permet d'obtenir, le 19 décembre, le rétablissement progressif des droits syndicaux.

La population a perdu en un an 40 % de son pouvoir d'achat et le climat social est explosif. Là où les militaires veillent, la situation n'est guère favorable à un véritable processus de libéralisation politique.

Brésil

Brasilia. 123 030 000. 14. 2,8 %.
Économie. PIB (78) : 1 635. Productions (78) : A 9 + I 31 + S 60. Énerg. (80) : 761. CE (78) : 7 %.
Transports. (78) : 11 951 M pass./km, 64 039 Mt/km. (*78) : 7 123 900 + 1 574 600. (*80) : 4 534 000 tjb. (78) : 4 826 pass./km.
Information. (76) : 299 quotidiens. Tirage global : 4 895 000. (75) : *16 980 000. (76) : *10 525 000. (77) : 1 758 800 fauteuils ; fréquentation : 209,2 M. (78) : 5 525 000.
Santé. (74) : 62 743.
Éducation. (74). Prim. : 19 286 611. Sec. et techn. : 1 681 728. Sup. (76) : 1 316 640.
Armée.  : 272 550.
Institutions. État fédéral. République présidentielle. Constitution du 30 octobre 1969. Président et chef de l'exécutif : général João Baptista de Oliveira Figueiredo, élu le 15 octobre 1978 ; succède au général Ernesto Geisel.

La démocratisation marque le pas. Reprise de la croissance

Les gelées qui s'abattent en juillet 1981 dans le sud du pays infligent des dégâts considérables aux plantations de café, dont le Brésil est le premier producteur mondial. Devant l'aggravation de la situation économique, le président de la Fédération des industries de São Paulo (FIESP) lance un cri d'alarme. « La corde commence à lâcher », déclare-t-il aux officiers de l'École supérieure de guerre. De fait, la dette étrangère dépasse 55 milliards de dollars.

La démission, dans les premiers jours du mois d'août 1981, du général Golbery do Couto e Silva, chef de la maison civile de la présidence de la République, accentue le malaise politique. Maître à penser du régime, il était partisan d'une ouverture progressive, et son départ est généralement interprété comme une victoire des éléments durs de l'armée.