C'est en 1961 que l'Argentine rouvre officiellement le dossier des Malouines et recourt à l'arbitrage des Nations unies. En 1965, le Conseil de sécurité invite les deux parties à ouvrir une négociation. Mais, bien qu'elle ait déjà renoncé à la quasi-totalité de son empire, la Grande-Bretagne montre peu d'empressement à abandonner une possession qui lui donne un droit de regard sur le continent antarctique.

Coup de force

Lassée par des années de négociation sans résultat, cherchant aussi à exploiter une cause susceptible de lui redonner une popularité, la junte argentine au pouvoir depuis 1976 et présidée, depuis novembre 1981, par le général Leopoldo Fortunato Galtieri décide de passer aux actes au printemps 1982.

19 mars

Premier incident : une quarantaine d'Argentins débarquent sur l'île de Géorgie du Sud, à 1 300 km des Malouines, sous prétexte de récupérer de la ferraille. Ils hissent le drapeau argentin.

24 mars

Première réaction de Londres : le brise-glace Endurance, avec une quarantaine d'hommes à bord, est envoyé en Georgie du Sud, et le sous-marin atomique le Superb dans la région. Au même moment, 5 bâtiments de guerre argentins font route vers les Malouines.

2 avril

Le débarquement : les troupes argentines débarquent à Port Stanley, capitale des Malouines, et occupent rapidement l'ensemble de l'archipel, faisant prisonnière la petite garnison britannique. C'est la joie à Buenos Aires : toute l'opinion — de l'opposition d'extrême gauche à la droite militante — approuve la junte.

3 avril

Le jugement de l'ONU : convoqué à la demande de Londres qui refuse d'accepter le fait accompli et dénonce l'agression argentine, le Conseil de sécurité vote, par 9 voix contre 1 (Panama) et 4 abstentions (Chine, Espagne, Pologne, URSS), la résolution 502 qui demande le retrait des forces argentines et la reprise de la négociation. Buenos Aires refuse de se soumettre.

5 avril

Le départ de la flotte britannique : placée sous le commandement de l'amiral John Woodward, la flotte britannique, avec à sa tête les porte-avions Invincible et Hermès, quitte la rade de Portsmouth pour l'Atlantique sud. Sa mission : la reconquête des Falkland.

8 avril-30 avril

La mission Haig : placée dans une situation délicate entre son allié sud-américain le plus sûr et son allié européen le plus fidèle, la diplomatie américaine souhaite, à tout prix, éviter un conflit armé. Le secrétaire d'État Alexander Haig monte en première ligne et offre ses bons offices. Adoptant la méthode de la navette qu'avait illustrée Henry Kissinger au Proche-Orient, il s'efforce, au cours de nombreuses allées et venues entre Londres et Buenos Aires, de dégager les bases d'un compromis. Mais il se heurte à l'intransigeance de deux nationalismes : l'anglais qui ne peut accepter que son droit soit bafoué par l'agression ; l'argentin qui ne peut accepter que son droit ne soit pas reconnu. Le 30 avril, les dernières propositions américaines sont refusées par Buenos Aires. Le secrétaire d'État interrompt sa mission. Les États-Unis vont officiellement se ranger du côté de la Grande-Bretagne. Une ultime tentative de conciliation est confiée au secrétaire général de l'ONU, le Péruvien Xavier Perez de Cuellar. Mais déjà les armes ont parlé.

La guerre

L'expédition britannique — une centaine de bateaux et une dizaine de milliers d'hommes — atteint la zone de guerre (200 miles autour de l'archipel) délimitée par le gouvernement britannique, à la fin d'avril. Dès le 25, des commandos ont repris le contrôle de la Georgie du Sud et détruit l'un des quatre sous marins argentins, le Santa Fe. Mais les hostilités aux Malouines ne s'ouvrent que le 1er mai, à l'expiration de l'ultimatum adressé par Londres à Buenos Aires à l'ouverture de la crise.

Dès ce moment, le déséquilibre des forces entre les deux adversaires est évident : les Argentins ont réussi à débarquer aux Malouines une quinzaine de milliers d'hommes et à y accumuler des stocks d'armes et de vivres. Mais leur marine est faible face à l'armada britannique et leur aviation souffre de l'éloignement de ses bases, malgré la qualité de son matériel et le courage de ses pilotes. Diplomatiquement, Buenos Aires se trouve très isolé : certes, l'Organisation des États américains lui a apporté, le 28 avril, par 17 voix et 4 abstentions (États-Unis, Chili, Colombie, Trinidad), son soutien de principe, mais elle s'est refusée à l'assortir de sanctions. L'appui que lui offre Fidel Castro est embarrassant comme l'est celui — pourtant très prudent —de l'URSS. La Grande-Bretagne, en revanche, bénéficie de la solidarité de ses partenaires européens, qui ont appliqué des sanctions économiques contre l'Argentine ; et surtout du concours des États-Unis qui, après l'échec de la mission Haig, lui apportent un soutien logistique considérable.

1er-20 mai

La première bataille : les Britanniques commencent le bombardement des îles le 1er mai. Le lendemain, le sous-marin atomique Conqueror coule, avec deux torpilles Tigerfish, le vieux croiseur argentin General Belgrano, vétéran de Pearl Harbour acheté aux États-Unis. Sur les 1 000 hommes d'équipage, 270 sont portés disparus. L'attaque, qui a eu lieu hors de la zone de guerre au large de la Terre de Feu, fait brutalement prendre conscience au monde que le conflit des Malouines est une vraie guerre — sanglante et sans merci. Elle montre aussi, dès le premier jour, que les nouvelles armes — ici les fusées télécommandées Tigerfish — y joueront un rôle déterminant. À cet égard, le conflit deviendra même un extraordinaire banc d'essai pour la technologie militaire moderne.