Le secrétaire à la Défense, Caspar Weinberger, indique le 10 août 1981 que la production et le stockage d'ogives à neutrons ont commencé en territoire américain. Ronald Reagan annonce le 2 octobre un nouveau programme d'armement visant à « rétablir une marge de sécurité » à l'égard de l'Union soviétique.

Il décide notamment de faire construire cent nouvelles fusées intercontinentales MX, mais renonce à répartir ces engins entre des centaines de silos, comme l'avait envisagé Jimmy Carter. Il va ordonner également la construction de 100 bombardiers B1 à long rayon d'action et l'intensification des recherches sur un nouveau missile sous-marin Trident. Enfin, le président notifie le 8 février 1982 au Congrès son intention de reprendre la production d'armes chimiques, après un arrêt de près de treize années.

Alliés

Les questions monétaires et les relations Est-Ouest ont été deux sérieuses pommes de discorde entre les États-Unis et leurs alliés. La conférence des sept plus grandes démocraties industrialisées, réunies à Ottawa du 19 au 21 juillet 1981, témoigne de la gravité du contentieux. Les États-Unis s'y affirment comme le champion du libre-échange et confirment qu'ils n'entendent pas renoncer à leur politique d'argent cher, dont se plaignent tous leurs partenaires européens.

En revanche, ils ne parviennent pas à convaincre ceux-ci de réduire leurs échanges économiques et commerciaux avec l'Est et s'inquiètent notamment du projet de livraison de gaz soviétique à plusieurs pays européens. L'hostilité américaine se traduira le 7 janvier 1982 par le refus de la société General Electric de fournir les turbines nécessaires au gazoduc.

Malentendus

Les conversations que le président François Mitterrand a avec R. Reagan du 17 au 19 octobre 1981, en marge de la célébration du bicentenaire de la bataille de Yorktown, font apparaître des vues communes sur les questions Est-Ouest, mais de sensibles divergences à propos des relations Nord-Sud et du Salvador.

Après les déclarations de R. Reagan sur l'éventualité d'une guerre limitée en Europe, les Américains s'efforcent de rassurer leurs alliés quant à leur volonté de négocier sérieusement avec l'URSS pour réduire les risques d'un conflit nucléaire. Mais une accumulation de propos contradictoires et de dissensions entre les principaux conseillers du chef de la Maison-Blanche ne fait qu'accroître l'inquiétude des Européens.

La crise polonaise est à l'origine de nouveaux malentendus en décembre 1981. À ses collègues du Conseil atlantique, Alexander Haig propose une action « unitaire et ferme » contre Moscou. Mais au cours des semaines qui suivent, les Américains n'obtiennent satisfaction ni en matière de sanctions économiques et commerciales ni en matière de pressions psychologiques.

Les différences d'analyse sont particulièrement vives entre les États-Unis et l'Allemagne fédérale, dont le chancelier, Helmut Schmidt, est reçu en visite officielle à Washington le 4 janvier 1982.

Un nouveau voyage de François Mitterrand à Washington, le 12 mars, ne permet pas de dissiper le désaccord enregistré à propos de la « menace soviétique » en Amérique centrale.

Dans ce climat d'incompréhension, certains parlementaires américains, jugeant que les Européens ne font pas suffisamment de sacrifices pour défendre leurs propres pays et se montrent trop accommodants envers les Soviétiques, n'hésitent pas à évoquer la possibilité d'un retrait partiel des Gls stationnés sur le vieux continent.

D'autres motifs de dissension s'ajoutent à ceux qui précèdent : de grandes firmes sidérurgiques américaines annoncent en janvier 1982 le dépôt de plaintes pour pratiques déloyales (subventions à l'exportation) contre plusieurs pays membres de la CEE.

Le gouvernement de Washington ouvre d'ailleurs en mars une enquête administrative sur les importations d'acier en provenance de cinq pays européens. Pour les mêmes raisons, les États-Unis, acceptant les plaintes de leurs producteurs, accusent l'agriculture européenne de bénéficier d'aides excessives.