Mais Alexander Haig annonce à Ottawa que les États-Unis vont suspendre la livraison d'avions F-16 à Israël, à la suite des raids lancés par ce pays contre Beyrouth et le Sud-Liban. Le secrétaire à la Défense Caspar Weinberger reproche le 22 juillet à Menahem Begin de ne pas avoir une « attitude modérée » dans la crise et d'avoir torpillé à deux reprises la mission de paix de Philip Habib, qui poursuit une tournée des capitales proche-orientales. Le 24, les efforts de l'émissaire américain sont tout de même couronnés de succès et un cessez-le-feu intervient à la frontière israélo-libanaise.

Au demeurant, l'embargo américain sur les F-16 est de courte durée. Washington décide le 17 août de reprendre ses livraisons de chasseurs-bombardiers. R. Reagan a réaffirmé le 6 août qu'il n'était pas question d'avoir des contacts officiels avec l'OLP tant que cette organisation ne reconnaîtrait pas le droit à l'existence de l'État d'Israël.

La visite aux États-Unis de Menahem Begin, du 6 au 10 septembre, précédée par l'annonce de la mise au point d'une nouvelle coopération stratégique avec Israël, se déroule dans un climat serein.

Les relations entre Washington et Jérusalem se tendent de nouveau à la faveur de l'affaire des AWACS. Cette bataille, qui va durer plus de deux mois, est la première que Ronald Reagan livre véritablement en matière de politique étrangère, depuis son accession à la présidence. Le projet de vente à l'Arabie Saoudite d'armes ultra-perfectionnées — en particulier de cinq avions-radars AWACS — est notifié au Congrès le 24 août 1981.

Dès le printemps, il a provoqué de vigoureuses réactions du lobby pro-israélien et semble se heurter à l'hostilité d'une majorité de sénateurs. Cependant, Reagan va jeter tout son poids dans le débat, multipliant pressions et promesses pour arriver à ses fins, s'efforçant de rassurer Israël sur ses intentions et soulignant en même temps la nécessité d'arrimer solidement l'Arabie Saoudite au camp des modérés.

AWACS

La bataille s'achève le 28 octobre sur un succès inespéré du président, le Sénat rejetant par 52 voix contre 48 une motion qui eût bloqué la vente des AWACS à Riyad. La victoire de Ronald Reagan est saluée comme un signe de la capacité de la Maison-Blanche à tenir ses engagements envers les pays qui font confiance aux États-Unis.

Lorsque, le 18 décembre 1981, à la suite de l'annexion du Golan syrien, les États-Unis décident de suspendre les discussions nécessaires à la mise en place de l'accord de coopération stratégique conclu avec Jérusalem le 30 novembre, Menahem Begin ira jusqu'à qualifier la réaction américaine d'« ignoble et antisémite ».

Cependant, la Maison-Blanche s'efforcera sans tarder d'apaiser cette querelle. Ronald Reagan affirme le 12 janvier 1982 que « les divergences de vues entre Israël et les États-Unis appartiennent au passé ». Les Américains opposent, le 20 janvier, leur veto à un projet de résolution jordanien préconisant des « mesures efficaces et concrètes » contre Israël pour faire annuler l'annexion du Golan. Dans une lettre adressée le 16 février à Menahem Begin, Ronald Reagan se dit « déterminé à maintenir la supériorité qualitative et technologique » de l'État hébreu. Enfin, les États-Unis évitent de condamner en juin l'intervention israélienne au Liban. Plusieurs messages de R. Reagan à M. Begin et la médiation de Philip Habib, qui fait la navette entre Jérusalem et Damas, permettent la conclusion de cessez-le-feu. Les Américains opposent le 26 juin leur veto, au conseil de sécurité de l'ONU, à un plan français de neutralisation de Beyrouth.

Le remplacement le 25 juin 1982 de A. Haig par G. Shultz, alors que la guerre israélo-palestinienne bat son plein autour de Beyrouth, inquiète toutefois Tel-Aviv, qui craint que le nouveau secrétaire d'État soit plus sensible aux sirènes saoudiennes.

Libye

La détérioration des rapports entre les États-Unis et la Libye s'est poursuivie tout au long de l'année. Un temps fort : l'incident aérien du 19 août 1981, au cours duquel deux avions libyens sont abattus par des appareils américains dans le golfe de Syrte. Dans les mois qui suivent, les responsables de l'administration Reagan répètent à plusieurs reprises qu'ils considèrent la Libye comme « une menace pour ses voisins et l'ordre international ».