Le chef de l'État tente de rassurer les militaires en se rendant, le 29 septembre 1980, au camp du Caylus (Tarn-et-Garonne) pour rendre hommage à la 11e division parachutiste. Devant ceux qui ont participé à sept actions extérieures majeures en Afrique depuis 1974, Valéry Giscard d'Estaing affirme notamment : « Dans le monde dangereux dans lequel nous vivons, le première règle de la défense d'un grand pays comme la France, c'est qu'on ne peut pas faire d'impasse en matière de sécurité. La France doit être en mesure de faire face à toutes les menaces, quels que soient leur déroulement, leur localisation, leur nature. »

Après l'élection de F. Mitterrand à l'Élysée, de nombreux cadres d'active manifestent leur crainte devant l'éventualité de nouvelles inflexions de la doctrine militaire et devant la perspective d'une moindre priorité financière en faveur de la Défense. Ces inquiétudes sont renforcées lorsque le gouvernement de Pierre Mauroy annonce, le 3 juin 1981, que l'extension du camp militaire du Larzac (Aveyron) sera abandonnée et que les terres déjà acquises par l'armée de terre — environ 10 670 hectares en dix ans — seront restituées aux agriculteurs.

Pour sa part, le nouveau ministre de la Défense, Charles Hernu, consacre son premier mois de mandat à dresser l'actif et le passif de la gestion de ses prédécesseurs. Il laisse entendre, à plusieurs reprises, que le bilan est plutôt négatif — avec le retard accumulé dans la modernisation des équipements tant nucléaires que classiques — et qu'il lui faudra sans doute reporter, pour mieux apurer les comptes des années écoulées, la présentation au Parlement, prévue pour le printemps de 1982, de la loi de programmation militaire 1983-1988.

Charles Hernu se soucie également de mettre la politique de défense en harmonie avec la diplomatie française, à l'occasion de contacts réguliers et fréquents avec son collègue le ministre des Relations extérieures, Claude Cheysson.

Équilibre

C'est ainsi que la politique de ventes d'armes françaises se veut plus restrictive (l'Argentine, le Chili et la République sud-africaine sont placés sous embargo) et que la définition des prochains systèmes d'armes nucléaires, stratégiques et tactiques, entend s'inspirer du rôle joué par la France dans l'Alliance atlantique et dans la défense de l'Ouest, pour reprendre, exactement, des expressions utilisées par le chef de l'État.

Sur ce point précis, François Mitterrand a été catégorique, le 24 mai 1981, en recevant Helmut Schmidt, le chancelier ouest-allemand. Il a condamné sans réserve l'implantation en Europe et en Asie de 220 missiles soviétiques SS-20 à moyenne portée et il a souligné la nécessité de maintenir l'équilibre des armements en Europe, rompu selon lui par la décision de Moscou.

Des attitudes neutralistes d'une partie de leurs populations empêchent, néanmoins, pour l'instant, les gouvernements britannique, ouest-allemand, italien, belge et néerlandais d'accueillir sur leur sol les 572 armes tactiques (464 missiles de croisière et 108 missiles balistiques) que les États-Unis veulent y installer après 1983 pour répliquer à la menace des SS-20.