Journal de l'année Édition 1981 1981Éd. 1981

D'autres opérations, pourtant non négligeables, en sont éclipsées, comme l'entrée de Révillon dans le groupe d'édition Del Duca ou la cession par Bull de la moitié de ses intérêts dans la Compagnie financière de Suez.

L'année se termine en roue libre, sur un score moins brillant qu'on aurait pu l'espérer, mais de manière encore satisfaisante. La Bourse, en effet, a rempli sa fonction. La régularité de son fonctionnement, sans grève importante, a permis une bonne liquidité de l'épargne mobilière. Son volume d'affaires s'est d'ailleurs de nouveau développé, avec un chiffre global de 121,7 milliards de F. Soit une progression de 26,7 %, résultant à parts à peu près égales du développement des marchés de terme et de comptant. Une ventilation selon la nature des titres donne toutefois un avantage aux obligations, dont la part des transactions globales passe à 51,9 %, en augmentation de plus de un point sur l'année précédente.

Les statistiques d'émissions de valeurs mobilières confirment le bon fonctionnement du marché, et même son essor, avec un chiffre global de 137,6 milliards, contre 83,5 un an plus tôt. Même en prenant en compte la dépréciation monétaire, la performance demeure remarquable dans le contexte économique.

Ce sont, bien sûr, les obligations classiques qui se sont le plus fortement développées, avec un total de 110,3 milliards, dû avant tout aux taux élevés offerts. Des taux qui, réajustés à plusieurs reprises, ont généralement couvert l'inflation. Les émissions d'obligations convertibles sont en revanche restées à un niveau modeste, tandis que les émissions d'actions progressaient de 45 % à 26 milliards (parts de SARL incluses). Dont près de 6 pour les augmentations de capital en espèces par appel public à l'épargne.

Un bon fonctionnement donc, mais peu de progrès en revanche dans la voie de la réforme tant attendue du marché. Les travaux de la commission Pérouse, les réflexions des autorités de tutelle ont, certes, permis d'en préciser les axes avec la suppression de la dualité de cotation comptant-terme en faveur d'un marché tout au comptant où subsisteront des possibilités de livraison et de règlement différés, c'est-à-dire un mécanisme spéculatif sans lequel il n'y a pas de marché véritable.

En attendant une mise en œuvre que les mutations politiques ne peuvent que retarder, les éléments les plus visibles seront pour le profane l'abandon, au printemps, des classiques groupes industriels au profit d'un classement alphabétique bien décrié par les professionnels et le gardiennage dont bénéficie le temple depuis les alertes à la bombe répétées du mois d'octobre.

Or stérile

La nouvelle année démarre dans la ligne des derniers mois de 1980. C'est-à-dire que les cours continuent de faiblir en janvier. Il est vrai que les États-Unis viennent de porter leur fameux prime rate, ou taux préférentiel des banques, à des niveaux sans précédent de plus de 20 %. Ce qui conforte le dollar et pèse sur l'or, qui paraît un placement bien stérile face à de tels rendements. La libération des otages américains détenus par l'Iran ne fait que précipiter le repli de l'once, qui vaut moins de 500 dollars à fin janvier.

On est loin de la fièvre qui s'était emparée du marché du métal jaune à l'aube de 1980, après l'invasion de l'Afghanistan par les troupes russes. À Paris, cette faiblesse de l'or entraîne des secousses sur les emprunts d'État indexés, le 4,5 % 1973 et plus encore le 7 % 1973, qui est en outre l'objet d'attaques politiques ou techniques. Georges Marchais ne demande pas moins que l'arrêt des cotations, le remboursement par les porteurs des coupons versés et la poursuite des spéculateurs, tandis que courent des rumeurs selon lesquelles les portefeuilles institutionnels ne pourraient plus désormais être investis à plus de 10 % dans de tels titres.

En février pourtant, la tendance se raffermit. L'affaire Hachette donne des idées. On voit dans un processus de ce type l'explication des ramassages de titres observés çà et là, notamment sur Viniprix, Olida, les Presses de la Cité, les Maisons Phénix et surtout la Générale des eaux. Cette affaire ne tarde pas à monopoliser l'attention. Jusqu'à ce que l'on apprenne l'entrée de la Générale d'électricité dans son capital et, du même coup, l'échec des projets concurrents.