Un crédit de 450 millions est ouvert pour 1980 et 1981.

Agro-alimentaire

L'internationalisation commence

Développement national et international, restructurations stratégiques, l'industrie agro-alimentaire élargit sa percée des années précédentes. Les grandes orientations définies en mars 1980 par le secrétaire d'État Michel Debatisse prennent forme.

Avec 300 millions, le chiffre d'affaires de la profession progresse de 15 %. Les exportations de produits agricoles atteignent 77,6 milliards en 1980, et le commerce extérieur reste très largement excédentaire, avec un solde positif de 16 milliards de F. C'est bien là, plus que jamais, le pétrole vert de la France. Mais ces exportations s'accompagnent d'une accélération considérable des investissements à l'étranger, qui ont atteint 943 millions de F contre 325 millions en 1979 et 64,5 millions en 1978.

Débouchés

Les tensions qui existaient au sein de la profession semblent s'atténuer. Un Fonds de promotion est créé, dont Michel Debatisse souligne le caractère politique : il doit démontrer la communauté d'intérêt des industriels et des agriculteurs, et doit inciter le monde agricole à prendre davantage conscience du rôle qu'il doit jouer pour développer lui-même les débouchés de sa production.

L'État lance d'autres actions pour contribuer au renouveau du secteur agro-alimentaire. Une cinquantaine de « conventions de développement » sont signées avec des entreprises qui, pour bénéficier de l'aide publique, doivent présenter un projet répondant à des objectifs précis en matière d'exportation.

La SOPEXA (Société pour l'expansion des produits agricoles, et alimentaires) est rénovée. De nouvelles orientations lui sont données : il doit en résulter une impulsion nouvelle à l'exportation. Une quinzaine d'interventions de l'IDIA (Institut de développement des industries agro-alimentaires) sont lancées. L'INRA est réformé et définit une dizaine de thèmes de recherche prioritaires et orientés directement sur la transformation

L'intervention de l'État est parfois décisive pour aider aux restructurations entreprises.

Dans le secteur de la viande, il favorise la création d'un second grand pôle constitué par Bocaviande-Chiron-La Cana-Deliviandes, derrière Maine-Socopa. Manifestement il s'efforce, parfois même contre le gré des intéressés, d'accélérer une industrialisation jugée insuffisante.

Envergure

Mais les firmes entreprennent aussi elles-mêmes des opérations d'envergure. BSN rachète les actifs agro-alimentaires de la Générale occidentale, Bongrain acquiert les filiales charcuterie-salaisons de l'anglais Unigate, CM-Industrie se sépare de son holding alimentaire Poulain. Mais, si certaines branches semblent en pleine réorganisation, d'autres demeurent à l'écart, telle la conserve où, pourtant, beaucoup reste à faire.

Mais c'est dans l'essor à l'étranger que les évolutions apparaissent le plus évidentes. Elles se reflètent dans la balance commerciale et dans les implantations à l'étranger.

Les grands produits de base, c'est-à-dire les céréales (+ 14,6 milliards), le sucre et les produits de la minoterie gardent leur rôle moteur, tandis que les produits traditionnels demeurent très excédentaires, notamment les produits laitiers (+ 6,3 milliards, en accroissement de 1,2 milliard), à l'intérieur desquels les fromages tiennent une bonne part (2,8 milliards de solde). On constate toutefois un léger fléchissement de nos exportations vers la CEE, compensé par de nouveaux mondes, au Moyen-Orient notamment.

Les vins et spiritueux (deuxième poste excédentaire) stagnent en volume et progressent en valeur. Parmi eux, les vins fins restent très demandés, mais les vins de table subissent la concurrence italienne. Les professionnels le reconnaissent : « pour progresser à l'exportation, le potentiel viticole français devra procéder à des adaptations considérables », affirme Pierre Peigné, délégué général de la fédération des exportateurs de vins et spiritueux.

Prévisions

Globalement, les perspectives restent cependant favorables. Selon les prévisions du secrétaire d'État aux Industries agricoles et alimentaires, les exportations devraient encore progresser de 13 % en 1981.