En mai, c'est une banque de Marseille qui est proprement dévalisée. Les gangsters avaient pénétré par l'appartement du directeur.

Hold-up

À Cannes, en juillet 80, ce sont cette fois des émules d'Arsène Lupin qui mettent les rieurs de leur côté. Tandis qu'un prince du Qatar, en villégiature sur la Côte d'Azur, dîne au rez-de-chaussée de sa villa, ils font main basse à l'étage sur 80 millions de F de bijoux.

Enfin, la violence souvent ne paie pas. À Marseille, le 7 janvier 81, deux gangsters, après un hold-up, prennent en otage un commerçant, Armand Aubert, en le contraignant à les aider à fuir avec sa voiture. Mais le trafic les oblige à s'arrêter à un feu rouge. Les policiers n'hésitent pas à ouvrir le feu. Armand Aubert ouvre sa portière et se jette sur la chaussée. Les deux gangsters sont tués.

Une dernière bavure est revenue à l'actualité dans ces mois où les échanges de coups de feu n'ont pas manqué. Celle dite de l'affaire Marchaudon, du nom du brigadier qui avait abattu d'une balle dans le dos un fugitif, en août 77. Selon un témoin, Roger Marchaudon aurait vidé son chargeur alors que le fuyard était couché sur le ventre à même le sol. Les experts ont confirmé au tribunal qu'une des balles avait été tirée de bas en haut à bout touchant. Les jurés de Nanterre ont condamné le brigadier Marchaudon, qui avait à deux reprises abattu des bandits dans l'exercice de ses fonctions, à cinq ans de prison avec sursis.

Les attentats antisémites se multiplient

Le feu couvait depuis plusieurs mois. Il s'est déclaré avec violence le 3 octobre 1980, devant la synagogue de la rue Copernic, à Paris.

Alors que ces dernières années les attentats antisémites avaient été relativement peu nombreux, on en enregistre 9 en 1979 — dont l'un fait 32 blessés au foyer israélite de la rue Médicis (Journal de l'année 1978-79) — et 7 dans les 10 premiers mois de 1980.

Profanations

Dès le 1er juillet, une offensive semble se dessiner : attentat contre le siège du MRAP, puis contre les magasins Hechter, qui donnent lieu à une série de gardes à vue parmi les militants d'extrême droite. Le premier sang coule le 1er août, rue des Rosiers : André Zeïtoun, un jeune infirme, est blessé à coups de tournevis en voulant porter secours à un clochard pris à parti par des ivrognes. Il porte la khippa, et les injures antisémites font redoubler les coups.

Le 11, à Marseille, 12 personnes sont blessées dans l'attentat qui ravage un immeuble en pleine nuit. C'est une maison d'édition de gauche, Encre noire, qui était visée. Un passant, Michel Chamal, 58 ans, meurt à la suite des blessures. Fin août, puis en septembre, les profanations de monuments religieux juifs se multiplient. Avec les tirs à la mitraillette essuyés le 26 septembre par une crèche israélite rue Lamarck, on croit avoir atteint le paroxysme de cette vague antisémite. Le leader des Faisceaux nationalistes européens, Marc Frederiksen, est interpellé après les derniers attentats. La police enquête. La justice tranchera.

Copernic

18 h 30, le 3 octobre, rue Copernic. Dans la synagogue de ce quartier tranquille du XVIe, 300 personnes, dont beaucoup d'enfants, assistent à l'office religieux du vendredi. Il a ce soir-là une importance particulière, pour la commémoration de la fête Simt'hath Thorah, la Joie de la Thorah.

Soudain, une explosion, « très forte, très sèche » selon les témoins. Les fidèles se jettent sous les bancs en bois. Les enfants hurlent de terreur. Passé le premier moment de stupeur, le rabbin Mike Williams reprend sa prière : il veut empêcher les fidèles de sortir dans la rue. Il craint des fusillades.

Dehors, c'est une vision de guerre. Des voitures flambent au milieu de la chaussée. Les vitres des immeubles ont volé en éclats. Plusieurs personnes gisent sur la chaussée couverte d'essence enflammée et de débris de toute sorte. On relèvera 3 morts et une vingtaine de blessés. L'un d'eux décédera à l'hôpital.

Tandis que les secours et l'enquête policière s'organisent, la colère monte dans les quartiers juifs. Dès le samedi, plusieurs dizaines de milliers de personnes assistent à l'office retransmis depuis la synagogue dans toute la rue Copernic. Dénonçant la « passivité des pouvoirs publics et l'inexplicable impuissance de la police », elles défilent jusqu'aux Champs-Élysées, où Simone Veil appelle les plus excités à se disperser. Le soir, nouvelle manifestation, de l'Opéra à la rue Copernic.