À Chennevières, dans le Val-de-Marne, Pierre Mathieu, 32 ans, ne faisait que son travail : régler la circulation à un carrefour particulièrement dangereux. Le 6 janvier 81, le conducteur d'une GS avait peut-être trop bu ou ne l'a pas vu : sa voiture renverse le policier. Il ne s'arrête pas pour autant. Une seconde voiture, dont le conducteur n'a pas pu ne pas voir l'accrochage, poursuit, elle aussi, sa route, après avoir roulé sur le malheureux policier, qui meurt peu après. Le chauffeur de la GS s'est spontanément présenté au commissariat une demi-heure plus tard. L'autre meurtrier, qui conduisait une voiture volée, n'a jamais été retrouvé.

Attaques

Plusieurs attaques à main armée se sont soldées aussi par la mort de policiers.

La plus spectaculaire est celle de la succursale de la Banque industrielle et commerciale du sud de Paris, à Montrouge. Il est 14 h 30 lorsque deux hommes coiffés d'une cagoule pénètrent dans l'agence, le 30 septembre 1980. Une jeune femme fait le guet sur le trottoir. Plus loin, un quatrième bandit attend, au volant d'une camionnette, la fin de l'opération. Mais à peine les gangsters masqués ont-ils ordonné au personnel et aux clients de la banque de lever les bras en l'air que la jeune femme les appelle. Elle vient de voir deux gendarmes qui semblent se garer devant la banque. En fait, Philippe Montagne et son collègue se rendent dans un immeuble voisin pour une enquête domiciliaire. Mais les bandits prennent peur, jaillissent de la banque et tirent. Philippe Montagne s'écroule, fauché par une rafale de pistolet-mitrailleur.

Le hasard met alors un autre policier sur le chemin des truands. Cette fois, c'est un motard de l'Élysée en mission à Montrouge qui passe devant la banque. Il tente de prendre en chasse la camionnette des gangsters, qui le renverse et le traîne sur plusieurs mètres. Jean-Claude Pascal, 27 ans, est achevé d'un tir de mitraillette.

La chasse à l'homme s'organise. Quelque 800 policiers sont mobilisés dans toute la région. Mais ils sont gênés par les fausses pistes que leur indiquent des cibistes qui, croyant bien faire, ont spontanément lancé des appels sur leur réseau. Les gangsters ne seront pas rattrapés.

Bout portant

Quelques jours auparavant, un scénario semblable, où encore une fois le hasard a joué, s'était déroulé à Rouen. Deux policiers du commissariat central sont appelés au Crédit du Nord pour une altercation. Mais le renseignement est incomplet. Il s'agit d'une attaque à main armée. Les gangsters les maîtrisent facilement. Lorsque les renforts arrivent sur place, les bandits sortent de la banque. L'un d'eux n'hésite pas à se frayer le passage en tirant à bout portant sur les nouveaux arrivants. Le brigadier Louis-Ange Godin s'écroule, mortellement touché à la tête. Un de ses collègues est également blessé. Les malfaiteurs parviendront à s'enfuir.

En décembre, à Paris, c'est une opération de flagrants délits qui se termine mal. Dans la bousculade qui suit l'arrestation de trois truands par les hommes de la brigade antigang, le chien du pistolet d'un des inspecteurs se prend dans le parka d'un des bandits. Le coup part, blessant mortellement Roger Linch, un policier de 46 ans.

À d'autres reprises, le courage de policiers de passage les a conduits à s'exposer dangereusement. Place Victor-Hugo à Paris, le 28 octobre 1980, c'est un motard qui est tué pour avoir tenté d'intercepter des malfaiteurs à moto qui avaient ouvert le feu sur deux inspecteurs. Rue La Fayette, un brigadier des brigades cyclomotoristes de la préfecture de police est blessé, ainsi que trois passants. Avec son équipier, il avait voulu arrêter un gangster qui s'enfuyait après l'échec d'un hold-up contre un comptoir de métaux précieux.

Enfin, place des Ternes, le 15 avril 81, un gardien de la paix de 22 ans, Jean-Pierre Olive, est abattu d'une balle dans le dos par un malfaiteur qui venait de s'emparer de 31 900 F dans une banque et avait ouvert le feu sur un car de police en patrouille.

Et puis, il y a les hold-up propres. « Sans haine ni violence » ont écrit des émules de Spaggiari, l'égoutier de Nice, sur les murs de la caisse d'épargne de la place Mexico à Paris. Durant le week-end de la Toussaint, ils pénètrent, avec l'aide d'un complice qui s'était laissé enfermer le vendredi soir, dans la salle des coffres. En 48 heures, ils en ouvrent 200. Butin : deux millions de F.