Chez les myasthéniques, le blocage de l'influx entre le neurone et la fibre musculaire est dû à un auto-anticorps qui se fixe sur certains sites du récepteur. Divers chercheurs de la Mayo Clinic, aux États-Unis, ont montré que, chez ces malades, la présence sur la membrane postsynaptique d'immunoglobulines et d'un composant protéique normal du sérum, appelé C3, permet aux anticorps de devenir auto-agressifs. Les animaux expérimentalement dépourvus de ce composant C3 ne présentent pas de réactions auto-immunes. Sur le plan thérapeutique, l'ablation du thymus, associée à l'échange de plasma sanguin et à la médication par corticoïdes et immunosuppresseurs, a pour résultats, assez souvent, la guérison.

Dans le cas du diabète insulinodépendant de l'enfant et du jeune adulte, le facteur déclenchant est peut-être un virus banal qui modifie la physiologie des cellules pancréatiques sécrétant l'insuline ; les réactions d'auto-immunité qui en résultent ne peuvent se manifester que chez certains individus génétiquement prédisposés.

Autostérilité

Certains problèmes de stérilité sont imputables à des dérèglements immunitaires. Les cas de stérilité immunologiques existent chez les deux sexes. L'organisme masculin produit des anticorps contre ses propres spermatozoïdes, mais une véritable barrière hémotesticulaire protège normalement les spermatozoïdes.

Dans certains cas de stérilité, on a trouvé un taux élevé d'anticorps antispermatozoïdes ; ce taux peut être abaissé par un traitement aux corticoïdes, qui réduit l'activité du système immunitaire et rétablit en partie la fertilité. Par ailleurs, le liquide séminal contient normalement une substance qui inhibe les réactions de défense immunitaires de l'organisme féminin. Mais il arrive qu'au stade de la fécondation des anticorps féminins provoquent l'agglutination des spermatozoïdes ou encore empêchent les spermatozoïdes de traverser la zone dite pellucide qui enveloppe l'ovule.

Enfin, le sérum des femmes qui font facilement des avortements spontanés est dépourvu d'une substance, de formule chimique encore indéterminée, dont la présence est indispensable pour mener la grossesse à terme. Se fondant sur l'ensemble de ces résultats, quelques chercheurs travaillent à la mise au point d'un vaccin antigrossesse. Les essais les plus avancés concernent une hormone placentaire, la gonadotrophine chorionique humaine. Il semble qu'une petite partie seulement de la molécule de cette hormone, soit 35 acides aminés d'un fragment terminal, doive être utilisée pour la fabrication du vaccin.

Parasitoses

Dans certaines formes d'infections parasitaires, il s'établit une relation complexe entre les antigènes du parasite et les anticorps de l'hôte. À l'Institut Pasteur de Lille, dans le laboratoire d'André Capron, on étudie le schistosome, ver parasite, agent de la bilharziose. D'une part, le parasite adulte ainsi que les œufs qu'il pond dans l'organisme hôte sécrètent dans le sang des antigènes qui leur sont propres ; ces antigènes circulants provoquent la fabrication d'anticorps qui empêchent l'infestation simultanée par un autre parasite. D'autre part, la cuticule (ou épiderme) des vers est recouverte à la fois de ses propres antigènes et d'antigènes provenant de l'hôte ; ainsi, en masquant ses antigènes par ceux de son hôte, le parasite échappe au système immunitaire de celui-ci. C'est la principale raison pour laquelle, après un certain temps d'évolution du parasite dans le corps, la schistosomiase est très difficile à guérir.

Pour la maladie du sommeil, qui sévit en Afrique, et pour une parasitose voisine, la maladie de Chagas, surtout répandue en Amérique latine, le mécanisme d'évasion immunologique est différent. Le parasite (dans les deux cas, un protozoaire flagellé) utilise une stratégie de camouflage : la variation antigénique ou modification progressive des protéines de la membrane cellulaire. L'hôte fabrique des anticorps contre les glycoprotéines-antigènes de la membrane du protozoaire ; entre-temps, la formule chimique des glycoprotéines a légèrement changé. Il peut y avoir dans le même hôte de multiples modifications de ce type, la réponse immunitaire étant toujours en retard d'une variation. Actuellement, si ces deux maladies ne sont pas traitées à un stade très précoce, il n'y a pas de guérison possible. Les chercheurs essaient donc de mettre au point un vaccin adapté à ces continuelles modifications de l'antigène.

Un centre contre la douleur est créé à l'hôpital Cochin

Un Centre d'étude et de traitement de la douleur fonctionne désormais à l'hôpital Cochin depuis le mois de mars 1981. Sa création répond au vœu exprimé, peu avant sa mort, par Pierre Viansson-Ponté, collaborateur du Journal de l'année, éditorialiste du Monde et l'un des principaux responsables de ce quotidien. Le financement du Centre d'étude a été assuré par de nombreuses contributions, dont celles de ses amis, de ses confrères, et par la Fondation pour la recherche médicale. Ainsi se trouve comblé, en partie, le retard pris par la France dans le traitement des douleurs rebelles : aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en RFA, en Suisse, cette branche de la thérapeutique dispose de structures hospitalières à part entière. Les souffrances persistantes sont d'origines diverses : névralgies du trijumeau ou du nerf sciatique, lésions des nerfs périphériques, tumeurs malignes, séquelles d'infections chroniques. Les moyens efficaces de les supprimer ou de les alléger (cryothérapie, rayonnements, infiltrations d'analgésiques, neurochirurgie, chimiothérapie, stimulations électriques, hypnose) sont souvent méconnus des généralistes. À la collaboration interdisciplinaire qui les met en œuvre à l'hôpital Cochin s'ajoute une action de recherche qui est menée avec plusieurs spécialistes étrangers.

Greffe de poumon

Pour la première fois en France, une greffe de poumon a été tentée à l'hôpital Édouard-Herriot de Lyon. Le poumon droit du receveur, lésé dans un accident de la circulation, a été remplacé ; le gauche, qui fonctionnait encore, a été laissé en place. À l'étranger, la greffe du poumon sur l'homme a déjà été réalisée une quarantaine de fois, après des centaines d'essais préliminaires sur l'animal. Dans le cas de greffe d'un seul poumon, les chirurgiens japonais ont enregistré trois guérisons définitives ; jusqu'à présent, un seul malade ayant subi une greffe bilatérale a survécu.

Un vaccin contre l'hépatite B

La France est le premier pays à disposer d'un vaccin contre l'hépatite B, fabriqué par l'Institut Pasteur Production, à partir d'une technologie mise au point à l'Institut de virologie de Tours. Ce vaccin, préparé avec l'enveloppe virale seule (antigène HB s) a fait l'objet d'essais au Sénégal et en France. Après trois injections, son efficacité est d'environ 90 %.