Enfin, pour revenir au chapitre des nouveaux talents, celui de Jean-Jacques Beneix éclate dans Diva, épopée lyrico-policière d'une totale originalité, tournée avec beaucoup de brio dans un hyperréalisme élégamment sophistiqué. Et, dans un tout autre genre, il faut décerner une mention spéciale à Jean-Pierre Denis, qui, dans Histoire d'Adrien, premier film en occitan, a su ressusciter l'univers de nos campagnes du début du siècle avec une authenticité émouvante, qu'a dû lui envier Jean-Pierre Chabrol, réalisateur du coûteux et clinquant Cheval d'orgueil, où l'âme de la Bretagne de Pierre Jackez Hélias a tristement sombré...

Deux documentaires, enfin, ont particulièrement attiré l'attention : le reportage de François Reichenbach à Houston Texas, autour d'un meurtre, et la fascinante plongée au cœur du monde animal, des amibes au gorille, de Gérard Calderon, dans le Risque de vivre.

Statistiques 1980

– Production : 189 films, contre 174 l'année dernière. Ces chiffres ne comprennent pas les films classés X (au nombre de 46 en 1980, contre 68 l'année précédente). La production française de films normaux a donc augmenté. Sur ces 189 films, on compte cette année 45 coproductions (contre 48 l'année précédente) et 144 films purement français (contre 126 l'année précédente).

– Spectateurs : 173,7 millions de spectateurs, soit une chute de 1,49 % par rapport à l'année précédente. À noter que la fréquentation des films français (46,95 % des spectateurs) a baissé de 7,73 % au profit des films américains (35,23 %, soit une hausse de 18,36 %).

– Recettes : 2 460,5 millions. En hausse de 7,5 % par rapport à 1979.

– Premières œuvres : 33 (37 en 1979).

– Courts métrages : 429 (355 en 1979).

– Salles : 4 500 (4 423 en 1979).

– Salles classées art et essai : 742.

– Coût moyen d'un film : 4,28 millions.

Résultats des premières exclusivités parisiennes
(du 20-VIII-80 au 30-VI-81)

Le dernier métro* 1 064 802

Les 101 Dalmatiens 976 398

Y a-t-il un pilote dans l'avion ?* 845 792

L'inspecteur La Bavure 767 700

La boum* 761 595

Viens chez moi, j'habite chez une copine 657 030

L'Empire contre-attaque 654 200

La banquière 650 359

La cage aux folles no 2 634 460

Le coup du parapluie 626 035

3 hommes à abattre 619 696

Blues brothers 535 759

Superman II 529 767

Elephant man 529 168

Shining 501 300

* Films dont l'exclusivité se poursuit après le 01-VII-81.

Le film français

États-Unis

Totalement absents du palmarès de Cannes, minoritaires dans le peloton de tête du box-office, les Américains semblent, cette année, en (relative) perte de vitesse. Due peut-être, en partie, à deux phénomènes concomitants : la perte de l'effet de surprise devant les superproductions privilégiant les effets spéciaux et la (provisoire ?) baisse d'inspiration des grands ténors de la mise en scène.

Le filon... spatial n'est plus aussi rentable. Il est vrai qu'il ne se renouvelle guère. L'Empire contre-attaque d'Irvin Kershner n'est que la suite — on nous annonce en tout neuf épisodes ! —, certes spectaculaire mais assez plate, de Stars War. Et Superman II ajoute une nouvelle page aux exploits déjà connus du Zorro volant. Qui s'est, celui-ci, pourtant bonifié en vieillissant grâce à la caméra de Richard Lester et à son humour au second degré, souvent très savoureux. Un humour bien absent du Flash Gordon de Michael Hodges, une bande dessinée très carton-pâte.

Superproduction

Ce n'est d'ailleurs pas le cosmos, mais bien la terre, boueuse et fertile, du Wyoming de la fin du siècle dernier qui a inspiré la plus coûteuse des superproductions de tous les temps : La porte du paradis, de Michael Cimino. 180 millions de F, pour une fresque historique sans effets spéciaux, mais avec, des milliers de figurants et un souci de précision dans la reconstitution allant jusqu'à la maniaquerie. Assassinée par la critique outre-Atlantique et plutôt froidement accueillie à Cannes, elle mérite pourtant mieux qu'un rejet méprisant et sans appel. Trop long sans doute, évoquant sans indulgence — d'où le rejet des Américains ? — un épisode peu glorieux de l'histoire de l'Ouest, ce somptueux anti-western ne manque ni de souffle ni de beauté.