Production, immatriculation et exportations ont diminué, tandis que les importations progressaient. Il en est naturellement résulté une baisse du solde — toujours largement positif — du commerce extérieur, qui traduit une perte de productivité globale de l'industrie automobile française. Une tendance préoccupante si elle se poursuivait.

Production

La production de voitures particulières est retombée en France au-dessous du seuil de 3 millions : 2 938 581 voitures ont été fabriquées dans les usines françaises, 8,8 % de moins qu'en 1979. En ajoutant les 547 878 voitures de marque française produites dans des usines étrangères, on obtient une production totale de 3 486 459 voitures particulières inférieure de 6,5 % à celle de 1979.

La France a aussi produit 385 980 utilitaires légers de moins de 6 t de poids maximal autorisé (+ 11,7 %) sur son sol et 68 588 (– 2,8 %) à l'étranger, ainsi que 53 872 poids lourds de plus de 6 t. Soit un total de 3 994 899 véhicules de tous tonnages produits par l'industrie automobile française en 1980, inférieur de 4,7 % au niveau record atteint en 1979. Baisse de la production, donc, mais limitée et inférieure à celles enregistrées en Allemagne, en Grande-Bretagne et aux États-Unis notamment.

Marché

Baisse limitée aussi sur le marché intérieur où 1 873 202 voitures particulières ont été immatriculées, soit 5,2 % de moins qu'en 1979. Le seuil de 2 millions de voitures reste inaccessible. Ce recul modéré masque une chute plus prononcée des constructeurs français sur leur propre marché (1 444 686 voitures vendues, 6,6 % de moins qu'en 1979) et une stabilité des ventes de voitures importées : 428 516 immatriculations, soit autant qu'en 1979, à quelques unités près. Pour les importateurs, le marché français est resté étale.

Parmi ces derniers, le groupe allemand VAG (qui regroupe les marques Volkswagen et Audi) a largement conforté la première place, acquise au finish en 1979, et dépasse désormais très largement Fiat et Ford.

À l'exportation, les constructeurs français n'ont pu confirmer leurs records de 1979 : ils ont vendu à l'étranger 1 529 652 voitures fabriquées en France (exportations directes), soit 168 252 de moins que l'année précédente. De tous les clignotants qui se sont allumés en 1980, cette chute de 9,9 % des exportations est le plus inquiétant.

Peugeot

Le phénomène essentiel de l'année 1980, au-delà des chiffres globaux apparemment rassurants, restera l'évolution totalement divergente des groupes Renault et Peugeot. La Régie a connu une excellente année, battant à nouveau tous les records, disputant la palme de la croissance mondiale aux grands japonais Toyota et Datsun, prenant la tête sur le marché français dès le mois de janvier. Peugeot SA, en revanche, s'est effondré, et aucune des trois marques — Peugeot, Citroën et Talbot — n'a été épargnée.

La Régie a vendu en France 759 312 voitures, soit 9,8 % de plus qu'en 1979. Le groupe Peugeot SA en a immatriculé 685 318, soit 19,9 % de moins.

Mais, alors qu'en 1979 seul Talbot avait « décroché », les trois marques du groupe ont été en 1980 très sévèrement touchées. Talbot (120 874 voitures) chute à nouveau de 29,7 %, Peugeot (293 461 voitures) de 18,2 % et Citroën (270 983 voitures) de 16,7 %.

Résultat de ces évolutions divergentes : Renault a conquis en 1980 40,5 % du marché français — record historique — tandis que le groupe Peugeot tombait à 36,6 % et que les étrangers, avec 22,9 % du marché, augmentaient leur pénétration de 2,2 %.

Renault a augmenté sa pénétration de 5,5 %, et le groupe Peugeot a vu reculer la sienne de 6,7 % : jamais, dans aucun grand pays constructeur, des variations d'une telle ampleur n'ont été enregistrées sur une seule année.

Fusion

Tout au long de l'année, les dirigeants du groupe Peugeot et les pouvoirs publics se sont efforcés de limiter les conséquences et de tirer les conclusions des graves difficultés rencontrées. Le 24 septembre 1980, Peugeot SA annonce sa décision de fusionner ses filiales Automobiles Peugeot et Automobiles Talbot, et de réunir des réseaux, la majorité des quelque 950 concessionnaires devant être habilités à vendre les voitures de l'autre marque.