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Une saison sans grande création

Les mélomanes ont eu l'embarras du choix avec les quelque quatre-vingt-dix festivals qui leur étaient offerts. Ce sont, comme toujours. Aix et Orange qui ont connu la plus grande affluence. À Aix, la Semiramide de Rossini fut un triomphe, avec l'éblouissant affrontement de deux grands monstres sacrés : Montserrat Caballé et Marilyn Horne, qui rivalisèrent de virtuosité ; le délicat Cosi fan tutte, mis en scène par Louis Ducreux, retrouvait un regain de faveur, et l'opéra de Claude Prey, Les liaisons dangereuses (créé par l'Opéra du Rhin en 1973), surprenait par la subtilité avec laquelle le compositeur a illustré musicalement les personnages de Laclos. À Orange, après un Vaisseau fantôme médiocre en dépit de la direction souple et précise d'un jeune chef d'orchestre américain, Michael Tilson Thomas, le Rigoletto de Verdi fut acclamé. Il bénéficiait d'un remarquable trio vocal, avec Alfredo Kraus, Renato Bruson et l'exquise Barbara Hendricks.

Le festival de Carpentras fut également un lieu couru du lyrique avec l'Infedelta Delusa de Haydn et une joyeuse Périchole joliment décorée par Jean Denis Malclès ; au Festival estival de Paris, la révélation par l'ensemble A Sei Voci des bouleversantes Lamentations de Cristobal, de Moralès, et le Te Deum de Lully. dirigé par John Elliot Gardiner ; au festival de Guyenne, le Requiem allemand de Brahms et le Te Deum de Bruckner ; à Saint-Céré, l'Orfeo de Monteverdi ; à Vaison, présentées par Marcel Landowski, les Choralies, dont le succès populaire fut immense ; à Albi, les concerts donnés par l'Ensemble orchestral de Paris, dirigé par Jean-Pierre Wallez ; à La Chaise-Dieu, les concerts de musique française donnés par l'Ensemble vocal et instrumental de Lausanne, dirigé par Corboz, avec, en solistes, notamment S. Richter, Cziffra (pianos). Mais l'événement fut, au festival Berlioz de Lyon, en septembre, l'exécution pour la première fois en France de l'intégrale des Troyens (en deux soirées), dirigée par Serge Baudo.

Dans le cadre du Festival d'automne, le New York Philarmonic Orchestra, dirigé par Zubin Mehta, au Palais des Congrès, offrit une superbe exécution de la 1re Symphonie de Malher et de la Symphonie en trois mouvements de Stravinski. Le Festival d'automne a consacré à Stravinski seize concerts, quatre programmes de ballets et deux expositions pour célébrer le dixième anniversaire de sa mort et bientôt le centenaire de sa naissance. Un panorama éblouissant de l'œuvre de Stravinski a été donné par le London Symphony Orchestra, le BBC Orchestra, l'Orchestre de Paris. Les deux sommets de cette rétrospective furent, aux Champs-Élysées, la représentation de son chef-d'œuvre lyrique The Rake's Progress, dans l'admirable production de Glyndebourne, et celle de L'histoire du soldat, au TMP, sous la direction de Boulez, avec les metteurs en scène d'avant-garde : Planchon, Chéreau et Vitez

Symphonie

L'Orchestre de Paris a donné entre autres la 3e Symphonie de Beethoven, sous la baguette de Jochum ; le Fidelio de Beethoven en version de concert pour l'étonnante Leonore d'Hildegard Berhens ; le concert Weber-Malher-Brahms, conduit par Giulini ; le 3e acte du Crépuscule des dieux en concert, avec Caballé et Kollo ; la 7e Symphonie de Malher, dirigée par Kondrachine ; le retour d'Alain Lombard aux Champs-Élysées, à la tête de l'Orchestre de Paris, avec l'Inachevée de Schubert et la 4e Symphonie de Brahms ; le Concerto de Brahms, avec Mehta et Barenboïm, et enfin le 5e Concerto de Beethoven, avec Barenboïm et Benedetti Michelangeli.

Stéphane Caillat a inauguré en décembre le Festival d'arts sacrés par un très beau concert Purcell, avec les chœurs et l'Orchestre Monteverdi sous la direction de John Elliot Gardiner.

Parmi les grandes formations symphoniques étrangères invitées à se produire à Paris, comment ne pas mentionner l'Orchestre de Jérusalem qui, avec son chef Garry Bertini, donna une haute intensité à la 1re Symphonie de Malher ; le Gewandhaus de Leipzig, dirigé par Kurt Masur, qui exécuta fort brillamment le 2e Concerto de Prokofiev, avec le jeune pianiste Michel Béroff, ainsi que la 5e de Beethoven, et, enfin, le Staatskapelle de Dresde, avec le grand vétéran Karl Böhm, qui subjugua littéralement le public avec la 2e Symphonie de Brahms.