Journal de l'année Édition 1981 1981Éd. 1981

Ventes

Le projet de réforme du statut des commissaires-priseurs destiné à « donner une impulsion nouvelle au marché de l'art » est resté lettre morte faute d'un débat au Parlement. Le changement de majorité risque de remettre en cause le principe même du monopole des commissaires-priseurs, de plus en plus contesté par ceux qui le considèrent comme une des causes essentielles du déclin de la France sur le marché international des oeuvres d'art.

Concurrence

En attendant les réformes juridiques, administratives et fiscales qui permettraient aux commissaires-priseurs français de lutter plus efficacement contre leurs concurrents britanniques, l'écart s'est encore creusé entre le nouveau Drouot — dont le chiffre d'affaires (920 338 100 F) a progressé de 15,37 % en 1980 — et les firmes londoniennes qui ont poursuivi dans le même temps une expansion de l'ordre de 30 % pour l'ensemble de leur réseau international, notamment à Genève, Monaco, New York et Hong Kong.

Pour améliorer la compétitivité des études parisiennes face à Sotheby et Christie's, les officiers ministériels ne cessent de réclamer un aménagement des tarifs des ventes — qui n'ont pas été modifiés depuis plus de 25 ans —, des allégements fiscaux qui s'inscriraient dans une harmonisation européenne, d'ailleurs prévue par le traité de Rome, et la suppression du système de la Bourse commune, qui pénalise les commissaires-priseurs les plus actifs au profit des rentiers de la profession.

De leur côté, les commissaires-priseurs de province ont développé leur activité, réalisant un chiffre d'affaires estimé au total à plus d'un milliard de F. Leur dynamisme est un des phénomènes les plus remarquables de ces dernières années, et de nombreux records d'enchères ont été enregistrés hors Paris, ce qui souligne la mobilité des acheteurs français et étrangers lorsque des grandes ventes sont organisées à Enghien, Lille ou Angers.

Après des mois d'incertitude qui avaient eu pour effet une certaine rétention d'argent, la secousse politique de mai 1981 a provoqué de nouvelles motivations d'achat. La baisse des valeurs mobilières a détourné de la Bourse une masse d'argent qui s'est en partie reportée sur les valeurs refuges que sont les antiquités et les œuvres d'art.

Dès avant les élections, l'éventualité d'un changement avait soutenu les cours des objets précieux tels que les pièces d'argenterie, les bijoux, les boîtes en or, les monnaies de collection, qui constituent une grande valeur de placement à court terme sous un faible volume. Les meubles de prix, les tableaux anciens et certains objets de collection (meubles xviiie, faïences, gravures, livres, tapisseries) ont également attiré les capitaux flottants comme valeurs d'investissement à long terme.

Dans cette perspective, les choix se sont opérés davantage en fonction de goûts confirmés qu'en prenant les risques d'une prospection encore incertaine (archéologie, arts primitifs, peinture contemporaine).

Pour les meubles, la préférence continue à se porter sur les bois naturels qui, pour certains meubles régionaux valorisés par de belles sculptures, rejoignent et parfois dépassent les prix des meubles en marqueterie classique, trop longtemps surpayés. Les meubles en acajou massif des xviie et xviiie siècles sont particulièrement recherchés.

Les sièges ordinaires se vendent mal, mais sont au contraire d'un prix élevé avec tendance à la hausse s'ils sont de belle qualité, à condition d'être en parfait état, richement sculptés et garnis de tapisseries anciennes. Les fauteuils Louis XIII, Louis XIV et Régence sont les plus appréciés. Une certaine virilité n'exclut pas les contrastes avec les bois dorés, miroirs, baromètres, consoles, dont les cotes sont en hausse sensible.

Tapisseries

Également recherchées pour leur pouvoir décoratif, les tapisseries xviie et xviiie, notamment les verdures, trouvent leur place aussi bien dans les appartements modernes que dans les résidences secondaires, à condition de se rapprocher des dimensions idéales de 2,50 m × 3 m, à sujets bien cadrés, avec une préférence pour les paysages et les scènes de chasse plutôt que pour les compositions mythologiques.