Son fils, Youri, premier vice-ministre du Commerce extérieur, et son gendre, le général Tchourbanov, vice-ministre de l'Intérieur, font leur entrée, comme suppléants, au comité central, tandis que son beau-frère, le général Tavigoun, numéro deux du KGB, en devient titulaire. Même ascension pour les amis du groupe de Dniepropetrovsk, formé autour de L. Brejnev lorsque celui-ci était premier secrétaire de la région. Andrei Alexandrov-Aguentov, Georgi Arbatov, Anatoly Blatov, Zagladine, le général Tsinev, autre vice-président du KGB, sont nommés membres à part entière du comité central.

Du même clan, on peut encore citer Ivan Bodioul, nommé vice-président du Conseil fin décembre 1980, et Constantin Tchernienko, 69 ans, membre du bureau politique et secrétaire du comité central, probablement appelé à jouer aux côtés de N. Tikhonov le rôle que ce dernier avait assumé, dès 1965, auprès d'A. Kossyguine.

Immobilisme

Au chapitre des personnalités confirmées ou montantes, il faut encore citer le nom de Mikhail Gorbatchev, 49 ans, nommé le 21 octobre 1980 membre titulaire du bureau politique. Bénéficiant d'une promotion ultra-rapide, il est regardé par certains comme l'étoile montante du politburo (69 ans d'âge moyen) dont il est, de loin, le benjamin.

Pour la petite histoire, notons enfin la nomination de Raisa Dementieva au poste de deuxième secrétaire du parti à Moscou : c'est la première fois depuis six ans qu'une femme occupe un poste important dans la hiérarchie du parti.

Outre le décès d'Alexis Kossyguine, atteint depuis octobre 1979 d'une affection cardiaque, et qui avait été, à sa demande, déchargé de ses responsabilités gouvernementales le 22 octobre, le seul événement marquant de la vie politique intérieure du pays est la tenue à Moscou, du 23 février au 3 mars 1981, du XXVIe Congrès qui définit pour cinq ans les grandes orientations politiques et économiques.

Placé sous le signe du refroidissement Est-Ouest, de la crise polonaise et des difficultés économiques internes, ce congrès ne sera pourtant marqué par aucun fait saillant. Concile sans éclat, il consacre la victoire de l'immobilisme, notamment à la tête du parti : pour la première fois depuis 1923, tous les membres du bureau politique sont confirmés dans leurs fonctions, sans aucun changement.

Preuve sans doute que la situation internationale est jugée suffisamment grave par les dirigeants pour qu'ils maintiennent au pouvoir une équipe âgée mais expérimentée, offrant l'image de la continuité ; mais preuve aussi que l'on veut encore ajourner la question de la succession des membres les plus vieux du bureau politique.

De ce congrès, trois autres éléments sont à retenir. D'abord le resserrement indéniable des rangs au sein du monde communiste, ébranlé par les événements afghans et polonais. De Stanislaw Kania, qui remercie l'URSS pour « sa confiance envers la direction polonaise pour résoudre ses propres problèmes », au Hongrois Janos Kadar, sans oublier le Tchécoslovaque Gustav Husak, le Bulgare Todor Jivkov, l'Allemand de l'Est Erich Honecker ou l'Afghan Babrak Karmal, tous exaltent « l'unité et la cohésion de la communauté socialiste ».

Seule ombre au tableau : l'absence de l'Espagnol Santiago Carrillo, qui rend Moscou responsable de la liquidation de l'eurocommunisme, et de l'Italien Enrico Berlinguer dont le représentant, Giancarlo Pajetta, se voit interdit de parole au congrès, les vues du PCI sur l'Afghanistan et la Pologne étant peur le moins divergentes de celles du Kremlin.

Laisser-aller

Autre élément notable de ce XXVIe Congrès : le bilan de l'économie et ses perspectives. Le Premier secrétaire s'efforce d'être rassurant, en montrant à la fois la justesse de la ligne suivie et la conscience que le parti a des difficultés et des défauts existants.

Après avoir, comme à son habitude, souligné les insuffisances, il ne cache pas que, outre la mauvaise conjoncture économique mondiale en partie due à la course aux armements (13 % du revenu national) « imposée par l'impérialisme », il existe des causes proprement soviétiques à ces médiocres résultats : mauvaise planification, laisser-aller des responsables, faible productivité du travail, gaspillage de l'énergie et des matières premières, désorganisation des transports et de la distribution, pénurie de main-d'œuvre.