L'événement de l'année, dans ce domaine, a été l'abrogation, le 22 janvier 1981, des accords de licence en vigueur depuis 1972 entre Westinghouse et Framatome. Les réacteurs de la filière à eau sous pression (PWR), adoptée à partir de 1970 par EDF, étaient en effet d'un modèle américain, dont la licence avait été négociée avec la firme Westinghouse.

L'expérience acquise par le constructeur français Framatome, le développement des moyens de recherche en France permettent maintenant de se passer du patronage américain. Une conséquence importante : Framatome peut désormais exporter librement des centrales nucléaires dans le monde entier.

Charbon

Le gouvernement a entrepris d'aider les investissements destinés à l'utilisation du charbon dans l'industrie, afin de redresser la part de celui-ci dans la consommation totale d'énergie. L'industrie du ciment, par exemple, a déjà pratiquement terminé sa reconversion du fuel au charbon. Par ailleurs, un programme de recherches a été lancé pour revenir, avec des procédés modernes, à la fabrication du gaz à partir de charbon d'importation.

Les Charbonnages de France, enfin, poursuivent de difficiles travaux pour la gazéification souterraine du charbon dans le gisement même. Ces projets n'auront d'ailleurs par d'effet sur la production nationale de charbon, qui sera limitée, en 1990, aux exploitations rentables (Lorraine et Provence). Mais les Charbonnages de France mènent désormais une politique active d'acquisition de gisements de charbon à l'étranger (États-Unis, Australie, Canada, Colombie), destinés à assurer un courant régulier d'importation. L'objectif est de maintenir, en 1990, la consommation de charbon au niveau actuel (50 millions de t, soit 35 millions de tep), alors qu'à cette époque, grâce au nucléaire, EDF n'en utilisera plus.

Énergies renouvelables

Alors que les sources nouvelles — énergie solaire, géothermie, utilisation de la biomasse — commencent à apparaître au bilan national, pour un montant encore faible mais significatif, le gouvernement a annoncé, en janvier 1981, un nouveau projet, dit « programme carburol », destiné à suppléer, au moins en partie, le pétrole dans son usage le plus spécifique, les transports. Quatre filières de production d'alcool d'origine fossile (charbon, lignite, schistes, résidus de pétrole...) ou agricole (paille, bois, maïs, topinambour, betterave...), destiné à être incorporé au carburant routier dans une proportion maximale de 10 %, seront testées.

Tels étaient du moins les résultats obtenus et les perspectives lorsque les socialistes ont accédé au pouvoir. Les intentions de ces derniers en matière d'énergie ont été exprimées en termes généraux et il faudra attendre le débat parlementaire annoncé pour fin 1981 pour les voir se concrétiser en chiffres précis. Il fait peu de doute cependant qu'un ralentissement sera apporté au programme d'équipement nucléaire. S'il ne s'agit que d'une inflexion passagère, l'économie française n'en souffrirait pas ; il serait grave en revanche qu'un moratoire général et durable vienne casser un effort de sept ans qui a réussi à doter la France d'une industrie nucléaire puissante et compétitive au plan mondial.

Sidérurgie

Une brutale rechute

La production française d'acier est restée en 1980 du même ordre qu'en 1979, à savoir 23 millions de t ; c'est ce que la sidérurgie française faisait déjà voici une dizaine d'années ! Et tout indique que le niveau de l'activité sera encore plus médiocre en 1981, puisque le premier semestre s'est avéré fort décevant : – 17 % par rapport à un premier semestre 1980 déjà très médiocre.

Morosité

Cette chute de l'activité s'explique pour une large part par la morosité de l'environnement économique, et notamment par la crise qui sévit chez les principaux clients de la sidérurgie : automobile et bâtiment. Mais elle a également pour cause la virulence de la concurrence internationale, qui avive l'agressivité naturelle des aciéristes les mieux placés sur le marché mondial : Japonais, Espagnols, Italiens.