L'âme du putsch — que les officiers se défendent pourtant d'avoir perpétré — est le colonel David Ojock, que Godfrey Binaisa avait démis de ses fonctions de chef d'état-major 48 heures plus tôt. Un groupe de commandants favorables au régime tanzanien, avec lequel il reste en étroites relations, se propose de sortir le pays du chaos, sans expliquer clairement par quels moyens. Et le 27 mai, l'ancien président Milton Obote, renversé en 1971 par le maréchal Idi Amin Dada, regagne son pays après 9 ans d'exil. Ce retour de l'ancien président divise fortement les Ougandais, de plus en plus en proie au désarroi.

Sahara occidental

De la guérilla à la guerre

Le Polisario lance, en juillet 1979, une double offensive, diplomatique et militaire, en direction de la Mauritanie :
– diplomatique, il rompt le cessez-le-feu et reprend les hostilités, à la veille de la conférence de l'OUA à Monrovia ;
– militaire, il attaque Tichla, dans le Sahara occidental mauritanien, et cette attaque fait (selon le Polisario) 150 morts mauritaniens. Sous ce double coup, la Mauritanie fléchit : elle vote les résolutions de l'OUA et, pour manifester sa bonne volonté, le Polisario libère les militaires capturés à Tichla. L'accord se dessine alors entre les deux partenaires mauritanien et sahraoui, réunis à Alger. Le roi du Maroc met, début août, la Mauritanie en garde contre un possible « abandon ». Pourtant, un accord mauritano-sahraoui est signé peu après, le 5 août 1979, à Alger.

La Mauritanie renonce à toute revendication territoriale sur la partie du Sahara qui lui était attribuée par l'accord tripartite de 1975 et elle s'engage à l'évacuer. Le Polisario promet de respecter l'intégrité territoriale et la souveraineté mauritaniennes. Les clauses d'exécution de l'accord (le territoire reviendra-t-il directement au Polisario, qui constituera alors une République sahraouie, ou un référendum devra-t-il d'abord s'y dérouler ?) restent secrètes.

Cet accord de paix, même incomplet, est un grand succès pour le Polisario et pour l'Algérie, qui saluent « le courage » des Mauritaniens. Mais il déclenche la fureur de Rabat, où on parle de « capitulation honteuse ». Le Maroc, respectant les accords passés avec la Mauritanie, décide pourtant de retirer les 6 000 soldats marocains qui, à la demande du gouvernement mauritanien, protégeaient le pays. On peut penser que le roi Hassan II accepte comme un fait accompli le lâchage de son allié mauritanien.

40e province

Il n'en est rien. Six jours à peine après l'accord d'Alger, les troupes marocaines se retirent certes de Mauritanie, mais elles occupent très vite le territoire en principe restitué par la Mauritanie au Polisario. Des combats très violents se déroulent à Bir Anzaran entre Marocains et Sahraouis, mais, finalement, le roi du Maroc prend solennellement possession — le 12 août à Rabat et le 14 août à Dakhla — du Tiris el-Gharbia, aussitôt rebaptisé Oued Eddahab (Rio de Oro). En présence de quatre ministres marocains et d'un millier de nomades désabusés, le drapeau chérifien est déployé à Dakhla, capitale de la nouvelle et 40e province marocaine. Rabat annonce que des élections seront bientôt organisées dans la nouvelle province.

Alger proteste violemment et demande à l'ONU le retrait immédiat des troupes marocaines. Que fera le Polisario ? Hassan II lui suggère obligeamment, dans une conférence de presse, de prendre le pouvoir à Nouakchott, affirmant que le Maroc ne s'y opposerait pas. Le front préfère porter la guerre en territoire marocain et annonce qu'il va renforcer et intensifier les opérations militaires. On s'attend à une vraie guerre des sables.

Escalade

La guerre éclate finalement et elle se déroulera en quatre grandes étapes, rythmées par des essais de solution politique ou diplomatique, qui n'aboutissent jamais.

– Le premier round se joue à Lebouirate, dans le Sud marocain. Une garnison marocaine est prise par surprise, le 24 août, et complètement défaite. Le Polisario annonce 800 morts marocains et Rabat reconnaît qu'il y a eu de graves défaillances militaires parmi ses troupes. En septembre, une tentative de médiation de Yasser Arafat, qui se rend à Alger puis à Rabat, échoue. La Mauritanie, coincée entre le danger marocain, le danger sahraoui et le danger sénégalais, se tourne alors vers la France pour éviter le pire.