La gauche subit elle aussi une répression épisodique. Soixante-quatre responsables du RNPU, arrêtés le 16 août 1979, sont relâchés le 30 septembre. Le 15 janvier 1980, une cinquantaine de syndicalistes et de progressistes sont à nouveau interpellés, et, vers la mi-avril, 30 opposants sont déférés en justice pour « activités communistes ». Mais, quatre jours plus tard, la Cour de sûreté de l'État fait preuve d'une étonnante clémence à l'égard des émeutiers de la faim de janvier 1977 (Journal de l'année 1976-77), qui sont libérés. Et le ministre de l'Information prépare un projet de loi très libéral sur la presse, qui fait les délices de l'intelligentsia contestataire.

Satisfecit saoudien

De même, le président Sadate réussit sans trop de mal à limiter les effets du blocus arabe (Journal de l'année 1978-79). Malgré les protestations du Koweït et de l'Iraq, et les propos rassurants du chef de l'État égyptien, Le Caire gèle 2 milliards de pétrodollars arabes. Surtout, les pays de Front de la fermeté n'osent pas prendre la seule mesure susceptible de nuire gravement à l'Égypte : l'expulsion des 1,5 million de travailleurs égyptiens établis dans le monde arabe, qui rapatrient 2 milliards de dollars par an.

Enfin les pays frères sont loin de condamner unanimement le raïs. Outre Oman, la Somalie et le Soudan qui ne cessent d'entretenir d'excellents rapports avec l'Égypte, le Maroc et surtout l'Arabie Saoudite semblent atténuer quelque peu leur hostilité. Le royaume wahabite, qui participerait au financement du projet Thomson-Siemens de rénovation du réseau égyptien de télécommunications, n'a pas démenti l'information selon laquelle il aurait acheté, en octobre 1979, pour 100 millions de dollars de véhicules US destinés à l'armée égyptienne. Et le prince héritier Fahd, homme fort de l'Arabie Saoudite, décerne, en mai 1980, dans une interview au Washington Post, un véritable satisfecit au président Sadate, « qui a fait ce qu'il a pu ».

Éthiopie

Addis-Abeba. 29 710 000. 25. *2,4 %.
Économie. PIB (75) : 95. Productions (75) : A 44 + I 15 + S 41. Énerg. (76) : 27. CE (75) : 9 %.
Transports. (76) : 132 M pass./km, 260 Mt/km. (76) : 52 500 + 13 100. (77) : 494 pass./km.
Information. (75) : quotidiens ; tirage global : 70 000. (76) : *210 000. (76) : *21 000. (74) : 25 600 fauteuils. (77) : 79 000.
Santé. (76) : 340.
Armée.  : 221 600.
Institutions. Un coup d'État militaire (12 septembre 1974) abolit la monarchie et dépose l'empereur. Parlement dissous, Constitution de 1955 abrogée. Président du conseil militaire gouvernemental provisoire : lieutenant-colonel Mengistu Haïlé-Mariam, instigateur du coup d'État du 3 février 1977 au cours duquel le président Teferi Bante est tué.

Les combats en Érythrée demeurent préoccupants

La junte procède en son sein à des remaniements dont il est de plus en plus difficile de percevoir la signification profonde tandis qu'une sévère répression frappe les éléments de la population qui refusent de se soumettre au régime militaire et que la lutte se poursuit en Érythrée, marquée par une alternance de succès et de revers des troupes gouvernementales.

Le colonel Tesfaye Wolde Selassié est nommé responsable de la sécurité publique, nouveau portefeuille créé par la junte, peu avant que le colonel Mengistu Haïlé Mariam, chef de l'État, prenne en août 1979 la présidence du futur organe dirigeant du parti communiste éthiopien.

La collectivisation des terres est décidée à peu près à la même époque. Cette décision intervient quatre ans après le lancement d'une première, et timide, réforme agraire. Désormais, chaque paysan ne pourra plus disposer pour son usage personnel de plus de 2 000 m2 de terre et de deux têtes de bétail, le surplus relevant d'une exploitation collective de type kolkhozien.

Le chef de l'État, s'adressant en septembre 1979 à un petit groupe de journalistes occidentaux, annonce que l'armée dominera le futur parti communiste et laisse entendre que les militaires en seront membres de droit. Après la période anarchique qu'a connue le pays à la suite de la liquidation du régime impérial, il semblerait que le pouvoir central soit parvenu à restaurer son autorité non sans se livrer à de graves excès.

Arbitraire

Amnesty International fait à maintes reprises état d'arrestations arbitraires, de tortures, d'assassinats politiques, de disparitions dont les dirigeants d'Addis-Abeba se rendent responsables. Dans son rapport annuel publié en octobre 1979, l'organisation est particulièrement critique à l'égard du régime, mais se référant il est vrai à des faits qui remontent en majorité à l'année 1977. Cependant, c'est en octobre 1979 également que l'Union des étudiants éthiopiens en France affirme que la junte détient près de 40 000 prisonniers politiques et publie une liste de certains de ses membres ou sympathisants dont on est sans nouvelles. En avril 1980, Amnesty International affirme que quatorze personnalités politiques et religieuses, dont l'ancien patriarche Tewoflos, ont disparu pendant leur emprisonnement.