D'autres bonnes nouvelles viennent en outre animer la Bourse : Paribas absorbe Pierrefitte-Auby ; la Générale occidentale renforce ses positions dans la distribution américaine tout en se retirant de la fabrication alimentaire, reprise, en ce qui concerne la France, par BSN-Gervais-Danone ; les Maisons Phénix prennent pied chez le premier constructeur américain de maisons individuelles ; Peugeot resserre ses liens avec Chrysler ; les Docks de France conquièrent la Ruche picarde.

La liste est fastidieuse. Citons encore l'importante restructuration décidée dans les travaux publics, où Sainrapt et Brice entre au sein de la Générale d'entreprises et André Borie dans le groupe de l'Auxiliaire d'entreprises, mais aussi les offres d'échange faites par Lafarge aux actionnaires minoritaires de ses filiales (CEC, Plâtrières de France, Sablières de la Seine), l'entrée de Saint-Gobain-Pont-à-Mousson chez Olivetti et l'augmentation à 51 % de sa participation dans Bull, enfin le projet de fusion des entreprises pharmaceutiques CM Industries et Sanofi.

Ce dernier accord soulève bien des questions. Sanofi est en effet filiale du groupe pétrolier d'État Elf-Aquitaine, dont la taille devient disproportionnée pour la place de Paris. L'affaire apparaît comme le principal véhicule de l'extension du secteur public. Ne faut-il pas mettre fin à cette expansion diversificatrice et ramener la société à sa vocation première ? Le président Albin Chalandon se voit demander par le Premier ministre un projet de restructuration du groupe n'excluant pas un renforcement de l'actionnariat privé, soit au niveau de la maison mère, soit à celui de certaines filiales.

Pendant ce temps, la Bourse retrouve un peu de sang neuf avec de nouvelles venues. Il s'en faut certes de beaucoup pour que le rythme des introductions soit satisfaisant et ce n'est pas le moindre souci pour l'avenir que celui de cette reconstitution du tissu boursier. Mais du moins note-t-on l'introduction de la FNAC en mars et celle, plus brillante, de Bongrain en juin, suivie d'une offre publique de vente très réussie d'actions de la Générale Biscuit.

D'autres admissions seraient souhaitables.

Mais les préoccupations techniques se situent en ce mois de juin à un horizon bien lointain par rapport au ralentissement économique qui se dessine. Conséquence du second choc pétrolier de 1979, ce ralentissement a d'abord touché les États-Unis, où la politique de l'argent cher n'a fait que précipiter les choses. Mais l'Europe en perçoit déjà les signes avant-coureurs. Le phénomène est inéluctable. Sa durée et son ampleur sont seules en question. L'économie française a été jusqu'ici privilégiée. Aidée par l'abondance des disponibilités, la Bourse est restée sereine. D'autant plus sereine que Wall Street bénéficiait, à la veille de l'été, de la rechute des taux d'intérêt. L'incertitude du lendemain n'en est pas moins réelle.