Malgré les nombreuses mesures prises ou annoncées par le gouvernement, le climat reste morose dans les campagnes. Quand il ne devient pas violent. Ainsi, à la mi-juin 1980, plusieurs camions espagnols sont incendiés à la frontière espagnole par des producteurs de fruits et de légumes qui protestent contre la concurrence déloyale faite par des importations à bas prix.

Toute l'année, des manifestations se sont déroulées à travers la France. Au cours de l'été 1979, les éleveurs de moutons s'insurgent contre les propositions de Bruxelles. Ils montent à Paris en octobre et en février. Les viticulteurs incendient les postes de péage de l'autoroute A 61. Des producteurs de pommes de terre protestent contre les importations en juillet 1979. En novembre, les agriculteurs manifestent à Laon contre les Britanniques. En mars, plusieurs milliers d'entre eux se retrouvent avec leurs collègues pour affirmer leur volonté de ne pas être « les boucs émissaires de toutes les erreurs et omissions » communautaires. Nouvelles manifestations dans plusieurs départements en mars, en avril et en mai contre le retard de la fixation des prix agricoles. Un agriculteur est tué à Boulogne-sur-Mer.

Lors de la journée nationale des Chambres d'agriculture, le 5 juin, au cours de laquelle le président de la République annonce « une pause » dans l'élargissement de la Communauté, Gérard de Caffarelli fait des propositions pour une nouvelle politique agricole commune. Il s'agit de séparer le marché communautaire de celui d'exportations pour lesquelles les prix doivent pouvoir être compétitifs grâce aux efforts de tous les producteurs. La plupart des dirigeants agricoles, n'ayant pas été tenus au courant, réagissent négativement.

Commerce extérieur

Le commerce extérieur agro-alimentaire a dégagé, en 1979, un solde positif de 6,75 milliards de F, second record historique après celui de 1974 (+ 9,8 milliards). Les exportations s'élèvent à 63,95 milliards (+ 15,4 % sur 1978) et les importations à 57,20 milliards (+ 5,3 %). La balance avec les pays partenaires de la Communauté, qui reçoivent 65 % de nos exportations, est excédentaire de 14,8 milliards alors que celle avec les pays tiers présente un déficit de 8,1 milliards.

Ce sont les céréales qui constituent le premier poste de nos exportations, avec 21 % de leur valeur totale et un excédent de 11,6 milliards. Les vins et spiritueux viennent en deuxième position avec un excédent de 8,8 milliards (7,9 en 1978). Les produits laitiers donnent un excédent supérieur à 5 milliards (3,8 en 1978). Viennent ensuite les postes bovins vivants (+ de 3 milliards d'excédent), sucre et produits de la minoterie (+ de 2 milliards chacun), viandes de volailles (940 millions), boissons autres que vins et spiritueux (200 millions), fruits (31) dont plus d'un milliard pour les pommes.

Parmi les postes déficitaires, viande porcine (– 1,7 milliard), viande bovine (– 900 millions), animaux vivants autres que bovins (1,4 milliard), huiles et corps gras (1,9), poissons (2,2), oléagineux (1,7), aliments pour animaux (1,6), produits alimentaires de seconde transformation (0,7), légumes (0,8) ; enfin, café (4,5), cacao (1,4) et tabac (1).

Les industries agricoles et alimentaires

Devant la quasi-impossibilité d'assurer un vrai départ aux industries agricoles et alimentaires, des bruits de réformes courent ; en octobre 1979, Michel Debatisse est nommé secrétaire d'État chargé des industries agro-alimentaires.

Il définit, en janvier 1980, les quatre orientations de sa politique : développement et soutien des initiatives des entrepreneurs ; aménagement du cadre commercial, grâce, notamment, à un meilleur appui de la politique agricole commune aux exportations et à la mise en place rapide d'un fonds de promotion ; aménagement du cadre financier pour aider les entreprises manquant de fonds propres ; encouragement au progrès technique par une meilleure liaison entre la recherche et l'industrie.

Ambitions

Après la réunion du Conseil central de planification, le secrétaire d'État précise, en mars, les orientations de la politique de développement du secteur qu'il a reçu en charge. Les résultats du commerce extérieur ne sont pas à la mesure des ambitions nationales, alors que les industries agro-alimentaires disposent de potentialités considérables.