Mais aucun challenger n'est près de le supplanter.

Distribution

La libération des marges

Le commerce a bien marché en 1979, avec un chiffre d'affaires total au détail de 667 milliards de F contre 599 milliards en 1978 (+ 11,35 %), soit une croissance d'environ 2,2 %.

Le contrôle de l'ouverture des grandes surfaces par les commissions départementales d'urbanisme commercial et par la commission nationale continue à s'effectuer et sans trop de vagues.

Bonne tenue

Le nombre des hypermarchés (plus petits qu'au moment de la grande folie de leur développement et toujours accompagnés de galeries marchandes) est passé de 387 à 408 unités. Celui des supermarchés (de 400 m2 à 2 500 m2 de surface de vente), de 3 492 à 3 710 magasins. L'augmentation du chiffre d'affaires des hypermarchés (+ 18,3 %) et des supermarchés (+ 17 %), comme de la vente par correspondance (+ 16 %), reste très largement supérieure à ce qu'enregistrent les autres formes de commerce. D'ailleurs, la part des achats des ménages faits dans les magasins de grande surface ne cesse de s'accroître, lentement mais sûrement : de 14,9 % en 1978 à 15,7 % en 1979.

Il est vrai aussi que, se spécialisant et devenant de plus en plus le fait de professionnels avertis, le commerce dans son ensemble résiste bien aux difficultés conjoncturelles. Il reste un secteur créateur d'emplois (+ 3 % environ, salariés ou non salariés en 1979). De plus, le rythme de croissance des faillites s'est ralenti : le nombre de celles-ci ne s'est accru que de 5,8 % en 1979, contre 14,6 % en 1978 et 13,7 % en 1977.

Simultanément, la concentration et la restructuration des firmes se poursuit. À la fin de 1979, l'univers commercial français comptait 23 groupes et sociétés ayant réalisé chacun plus de 2 milliards de F de chiffre d'affaires. C'est ainsi que les Docks de France (succursalistes) ont pris le contrôle de Cofradel, de Doc-sports, de la Ruche picarde, et ont cédé à Promodes deux hypermarchés. Les Nouvelles Galeries (grands magasins) ont pris le contrôle de Decré (à Nantes) et de Schwab (Mulhouse, Belfort, Héricourt). Le Printemps, qui avait renforcé sa participation dans Euromarché et pris le contrôle des Grandes Galeries de Strasbourg, s'est un temps battu en Bourse avec Radar (qui avait de son côté repris Damoy) pour le contrôle du groupe Paris-France (57 magasins en province, notamment à l'enseigne des Dames de France, plus les grands magasins parisiens des Trois-Quartiers et Madelios). C'est Radar qui l'a emporté.

Concentration

Au total, au début de 1980, 5 groupes dépassaient 10 milliards de F de chiffre d'affaires. Les 23 groupes recensés par Libre-service actualités (revue spécialisée dans ces études) comme faisant plus de 2 milliards de F de chiffre d'affaires réalisent environ 20 % du chiffre d'affaires du commerce de détail. La concentration est en France beaucoup moins accentuée que dans nombre de pays européens où souvent cinq ou six groupes détiennent 30 % du marché. On en est encore loin en France. Début septembre 1979, Paris qui continue pourtant de se vider de ses habitants, a connu l'ouverture du Forum commercial des Halles : 40 000 m2 de surface de vente dans un trou architectural de verre et de lumière. Il est vrai que ce centre commercial est-relié, par métro et bus interposés, au reste de la capitale et, par le RER, avec les lointaines banlieues. La FNAC — dont le titre a été introduit en Bourse en mars 1980 — y règne, en locomotive incontestée.

Concurrence

Le temps n'est plus, en tout cas, où le petit commerce envahissait routes et villes : on a pu emprisonner une fois encore Gérard Nicoud, fondateur du CID-UNATI, sans que l'émotion touche beaucoup plus de gens que ses derniers fidèles. Et c'est sans trop de fièvre que l'on s'est un peu agité autour de l'ouverture des magasins le dimanche, qui scandalise autant les petits commerçants soucieux de repos dominical que les syndicats ouvriers inquiets des conditions de travail des salariés du commerce, souvent déjà moins gâtés que ceux de l'industrie, à la fois sur le plan des rémunérations et sur celui des avantages sociaux.