Journal de l'année Édition 1980 1980Éd. 1980

Éducation

Secondaire

Christian Beullac prend ses distances avec la réforme Haby

René Haby n'a pas eu le temps d'achever la réforme du premier cycle, pas plus que celle de l'école primaire. Christian Beullac, son successeur, n'a pas les mêmes préoccupations. Il souhaite avant tout améliorer le fonctionnement de la machine Éducation nationale, et éviter autant que possible les bouleversements, « calmer le jeu ». Il achève la réforme Haby, mais en se tenant au strict nécessaire. Le mot d'ordre du gouvernement au mois de septembre 1979 est « de faire le moins de réformes possible ».

Un changement pourtant : pour la première fois, les départs pour les vacances d'été s'étalent du 3 au 12 juillet, et la rentrée du 16 au 19 septembre selon les académies. Le problème de la durée des congés reste toujours posé.

L'attention portée à la réorganisation des classes de sixième et des classes de cinquième se relâche ; bien souvent, celles-ci ne sont indifférenciées qu'en apparence.

Pour Christian Beullac, d'autre part, « collège unique ne signifie pas collège uniforme ». En fait, le collège unique annoncé par René Haby s'interrompt toujours au bout de deux ans ; sur les 810 000 élèves (redoublants exclus) sortant de cinquième, environ 600 000 entrent en quatrième ; 95 000 environ sont dirigés sur des classes préprofessionnelles de niveau ou des classes préparatoires à l'apprentissage, prélude à une sortie rapide vers la vie active, tandis que près de 110 000 quittent le collège pour commencer la préparation d'un CAP dans un lycée d'enseignement professionnel.

Tronc commun

Christian Beullac souhaite rapprocher l'enseignement de la première année de CAP et celui de quatrième, mais cette idée reste un vœu pieux.

Pour le second cycle, la réforme Haby n'aura été qu'un projet. René Haby souhaitait revenir à un baccalauréat en deux parties : l'une, en fin de première, sanctionnant deux années de formation générale ; l'autre, en fin de terminale, sanctionnant des options (seules la philosophie et l'éducation physique devaient être obligatoires).

Ce programme, pourtant inscrit dans un décret du 4 janvier 1977, est abandonné par Christian Beullac. Connaissant la sensibilité des Français pour tout ce qui touche au baccalauréat, celui-ci juge inutile de « provoquer un ouragan » et renonce à changer l'examen et l'organisation du second cycle.

Une exception tout de même en ce qui concerne la classe de seconde. L'actuel ministre de l'Éducation souhaite à partir de 1981 uniformiser ces classes jusqu'alors divisées en de nombreuses séries (A, C et les différentes options de T) correspondant déjà aux différents baccalauréats. Tous les élèves de seconde suivraient donc les mêmes enseignements. Ce tronc commun permettrait de reculer d'une année le moment du choix du baccalauréat et d'une spécialisation définitive ; il permettrait de réduire la distance entre scientifiques et littéraires : Christian Beullac dit vouloir éviter que les mathématiques ne continuent à jouer un rôle abusif dans la sélection et l'orientation des élèves.

Le projet présenté au Conseil de l'enseignement général et technique à la fin de mai prévoit un tronc commun équilibrant disciplines littéraires et scientifiques pour tous les élèves admis en seconde (représentant les trois quarts des enseignements) et des options (dont sont exclues notamment les mathématiques).

Le tronc commun comporterait, d'un côté, cinq heures de français, quatre heures d'histoire et géographie, trois heures de langue vivante ; de l'autre, quatre heures de mathématiques, trois heures et demie de sciences physiques, une heure de sciences naturelles — outre deux heures d'éducation physique. Comme options, les élèves pourraient choisir soit latin, grec, deuxième langue vivante, technologie industrielle ou tertiaire, plus une initiation économique (2 heures par semaine), soit un enseignement de technologie spécialisée (pour les élèves se destinant à un des baccalauréats de technicien F). En plus, ils pourraient suivre une de ces matières à titre facultatif.

Protestations

Par rapport aux programmes actuels, on ajouterait ainsi un enseignement de sciences naturelles pour tous les élèves (on veut faire davantage de place à la biologie) et une initiation de sciences économiques pour la grande majorité. L'horaire de mathématiques serait supérieur d'une heure à celui des sections A actuelles ou inférieur d'une heure à celui des sections C.