Pour les tranquillisants du genre librium et valium et les autres substances de la famille des benzodiazépines, on a mis en évidence des récepteurs situés dans les membranes synaptiques. La présence de ces récepteurs suppose l'existence de tranquillisants naturels. Deux substances pourraient jouer ce rôle : une base purique, l'inosine ; et la vitamine PP, qui protège de la pellagre. Il existe également des récepteurs spécifiques pour les analgésiques utilisés dans les anesthésies générales. En étudiant les récepteurs des analgésiques, on a découvert un nouvel antalgique naturel, la dynorphine, 200 fois plus puissant que la morphine et 50 fois plus puissant que la béta-endorphine (Journal de l'année 1976-77), autre opioïde naturel.

Vers la maîtrise des réactions immunologiques

La recherche immunologique, outre des percées importantes dans l'immunothérapie du cancer, enregistre des données nouvelles sur le groupe de gènes définissant l'identité immunologique, sur la biochimie des membranes cellulaires et de leurs molécules signaux, les récepteurs, sur le rôle crucial du thymus dans la maturation de certaines lignées de lymphocytes.

Lymphocytes

C'est à une immunologiste, le professeur Rita Levi-Montalcini, que le septième prix Saint-Vincent — prix des sciences médicales de l'Unesco — a été attribué à la fin de 1979 pour l'ensemble de ses travaux. À l'Institut Pasteur de Paris, un bâtiment entièrement consacré à l'immunologie est en construction ; doté d'une animalerie modèle, il commencera à fonctionner au début de 1981.

Les lymphocytes tueurs T n'acquièrent leurs fonctions immunitaires qu'après avoir transité par le thymus. Au contact de l'épithélium de cette glande, ils apprennent à reconnaître les molécules du complexe majeur d'histocompatibilité, dénommé HLA chez l'homme (Journal de l'année 1975-76), de leur propre organisme ; la réaction de rejet d'un antigène viral ou d'une greffe exige que ces molécules HLA autochtones soient présentes en même temps que les molécules étrangères.

La sécrétion des anticorps humoraux contre les toxines bactériennes, qui relève des lymphocytes B, nécessite la coopération d'autres lymphocytes T qui modulent cette sécrétion : les T auxiliaires, qui l'augmentent, et les T dépresseurs, qui la diminuent. Des travaux réalisés à l'hôpital Broussais (Paris) montrent qu'une petite proportion des lymphocytes B (environ 2 %) est capable, contrairement à une idée établie, de produire simultanément plus d'un anticorps.

Vieillissement

Plusieurs groupes de chercheurs, en Australie, aux États-Unis, ont établi une relation entre le vieillissement et le système immunitaire. Des expériences sur la souris montrent que c'est le groupe de gènes formant le complexe majeur d'histocompatibilité qui assure la réparation des erreurs de réplication des brins d'ADN au cours de la multiplication cellulaire. La longévité de la race ou de l'espèce dépend de l'efficacité du système réparateur. Les lymphocytes des sujets âgés portent sur leur surface des protéines antigènes altérées, dont la nature biochimique n'est pas encore connue. La présence de ces antigènes nouveaux, qui perturbent la fonction de défense immunitaire, pourrait rendre compte du vieillissement et aussi de l'apparition des maladies auto-immunes (comme le lupus érythémateux ou l'arthrite rhumatoïde) ainsi que de l'incidence plus élevée des cancers chez les personnes âgées. Dans certaines maladies auto-immunes, où le taux de cassure des chromosomes de lymphocytes est élevé, l'administration d'une enzyme particulière, la superoxyde dismutase (SOD), protège les cellules en réduisant ce taux de 50 % et semble stabiliser l'évolution du mal.

Interféron

Glycoprotéine produite naturellement par les cellules en réponse à une infection virale, l'interféron est sécrété par l'organisme en si petite quantité qu'il faut presque 50 000 litres de sang pour en obtenir un dixième de gramme. En janvier 1980, une équipe travaillant en Suisse pour la firme Biogen est parvenue à fabriquer de l'interféron de leucocyte humain par ingénierie génétique. La molécule ainsi produite est légèrement différente de l'interféron naturel, mais son action est très voisine. Le clone de la bactérie Escherichia coli (Journal de l'année 1977-78) ne synthétise qu'une ou deux molécules d'interféron par bactérie ; cependant les chercheurs prévoient une production en masse pour 1981. Outre son action antivirale, l'interféron a un effet inhibiteur sur la multiplication cellulaire, d'où son utilisation contre certains cancers ; mais un excès de sécrétion peut entraîner des effets pathologiques, par exemple dans certaines maladies auto-immunes.