Au congrès international sur l'hépatite virale et le cancer du foie qui s'est tenu au printemps 1980 à Dakar, le professeur Pierre Thiollais a annoncé que des chercheurs français ont réussi à faire produire une fraction du virus de l'hépatite B par des cellules de souris. L'incorporation d'un plasmide au génome d'une cellule de mammifère — et non plus d'une bactérie — pourrait ouvrir une voie nouvelle et importante à l'ingénierie génétique.

Biocombustibles

De nombreux pays (États-Unis, Israël, Australie, Inde, Chine, Brésil notamment) envisagent de produire de l'énergie à partir de la biomasse. Cette agrinergie sera fondée sur trois produits principaux : l'alcool (éthanol), le méthane, l'hydrogène.

Le Brésil, l'Inde, la Chine tirent parti de la fermentation des sucres par des micro-organismes. Au Brésil, on s'apprête à mettre sur le marché des véhicules consommant de l'éthanol ou du gazohol (mélange essence-alcool). Pour le moment, le sucre de canne ou de mais et la mélasse constituent la matière première. D'autres procédés sont à l'épreuve : transformation des déchets de lignine et de cellulose (bois, paille) en glucose, par action d'enzymes spécifiques. On utilise ici les méthodes du génie enzymatique en recourant aux cellulases immobilisées. Le deuxième volet d'une alternative énergétique est le méthane, produit par fermentation anaérobie de déchets agricoles ou urbains, ou encore à partir d'algues unicellulaires cultivées en bassins, d'algues marines géantes ou de jacinthe d'eau.

L'agrinergie de l'hydrogène commence à intéresser les industriels. On envisage de produire de l'hydrogène par gazéification du bois ou de déchets ligno-cellulosiques et, à plus long terme, par des bio-réacteurs constitués de membranes chloroplastiques immobilisées, associées à des hydrogénases bactériennes, ou encore par des membranes artificielles imitant les propriétés photosynthétiques des chloroplastes.

Propositions

Après un constat d'échec de la recherche fondamentale dans la bioindustrie française et ses incidences sur la recherche appliquée, le rapport souligne le manque de communication entre l'industrie et les organismes de recherche du secteur public (CNRS, DGRST, universités, INSERM, INRA, ORSTOM, etc.). Autre constat d'échec : la formation en microbiologie. L'éparpillement et la fragmentation des enseignements se reflètent dans la parcellisation de la recherche microbienne fondamentale et appliquée. Une stratégie d'ensemble de restructuration des enseignements de la biologie à tous les niveaux (primaire, secondaire, universitaire) et de coordination de la recherche est nécessaire, ainsi qu'un dialogue permanent entre les chercheurs et l'industrie, faute de quoi on assiste à un vieillissement rapide des procédés.

Rapprochements

À l'appui des propositions contenues dans le rapport, on peut noter que des rapprochements entre la recherche et l'industrie sont déjà opérationnels. À Grenoble, le Centre d'études nucléaires (CENG) a accentué en 1979 l'effort entrepris l'année précédente en direction des petites et moyennes entreprises par la création d'une unité d'expérimentation et de transfert de technologies qui prend en compte les demandes de l'industrie régionale. À Nancy, un colloque tenu à la fin de l'année 1979 a fait le point sur l'expérience commencée en 1975 par le Centre d'étude des interférences des médicaments et autres xénobiotiques (substances étrangères à l'organisme) sur les membranes et les systèmes biologiques (CEIMED). Ce centre groupe 30 laboratoires pharmaceutiques et les universités de Nancy I et de Metz ainsi que l'Institut national polytechnique de Lorraine. Les universités de Tours, Montpellier, Toulouse ont des projets similaires.

Logistique

Le rapport propose une logistique tenant compte à la fois de l'état d'avancement des recherches fondamentales et appliquées en France, des tendances au niveau international dans les domaines agro-alimentaire, pharmaco-médical et bio-énergétique et des réalisations nécessaires pour rattraper le peloton de tête de la recherche appliquée. Des efforts particuliers sont préconisés dans les domaines suivants : fixation de l'azote atmosphérique, bio-conversion (production d'alcool à partir de la cellulose, de l'inuline du topinambour), cultures cellulaires en masse, banque de conservation du matériel vivant (cellules, gènes), bio-pesticides, ingénierie de dépollution, immunopharmacologie, appareillages biologiques et bio-matériaux (utilisables en prothèse chirurgicale), animaleries et centres d'essais pharmacotoxicologiques pour l'industrie pharmaceutique, création d'un institut de l'enfant pour une meilleure connaissance de la biologie des premières années de la vie et, enfin, établissement de centres de macro-informatique pour la centralisation des données scientifiques.

Éthique

La conclusion, qui répond directement au souci d'œuvrer « pour le progrès et le bonheur humain », introduit une dimension éthique. Il faut prévoir dès maintenant les changements et les problèmes que les innovations biologiques vont entraîner d'ici l'an 2000 : évolution démographique nationale et mondiale, économie et emploi, respect de la vie et équilibres écologiques, droit à la santé et allongement de la durée de la vie, changements dans les pratiques sociales, en particulier dans les domaines de la reproduction, de la contraception, de la consommation des drogues psychotropes.

Les origines de la vie dans l'Univers

Des chercheurs de l'institut sur les recherches polaires de Tōkyō ont découvert dans l'Antarctique plus d'un millier de fragments de météorites enfouis dans les glaces depuis plus de 240 000 ans. Les analyses effectuées sur des échantillons, au laboratoire d'études sur l'évolution chimique de l'université du Maryland, révèlent la présence d'une quinzaine d'acides aminés, dont six constitués, à parts à peu près égales, des deux inverses optiques, les formes lévogyres et dextrogyres.

Microfossiles

On sait que, sur la Terre, seules existent les formes lévogyres, à partir desquelles sont synthétisées les protéines. Contrairement aux météorites carbonées trouvées précédemment, celles de l'Antarctique contiennent des acides aminés dans toute l'épaisseur de leur masse, ce qui exclut la possibilité d'une contamination par des molécules organiques terrestres. La présence de ces acides aminés prouve que des formes de molécules prébiotiques sont apparues ailleurs que sur la Terre, sans pour autant prouver l'existence d'une vie extra-terrestre.