On note, en revanche, les premières études d'un avion de combat à très haute manœuvrabilité, dont le développement devrait s'effectuer dans un cadre tripartite, avec l'Allemagne et la Grande-Bretagne. Les livraisons du petit biréacteur Alpha Jet, construit en coopération avec la firme allemande Dornier, s'effectuent à la cadence de 10 à 12 avions par mois ; au premier semestre 1980, environ 160 Alpha Jet étaient sortis de chaîne. L'Aérospatiale, de son côté, a commencé les essais en vol de l'Epsilon, un petit avion d'entraînement, tandis que le premier avion cargo Transall de la nouvelle série prenait forme à Toulouse.

Les ventes et fabrications des avions d'affaires à réaction de la famille Mystère-Falcon (F 10, F 20 et F 50) ont été marquées par la mise en service des premiers triréacteurs Falcon 50, très bien accueillis par la clientèle (près de 120 avions commandés). La SNIAS, de son côté, voit sa nouvelle gamme d'avions légers Tobago et Tampico effectuer un très bon démarrage commercial.

Suprématie française

Dans le domaine des hélicoptères, les ventes de l'A 350 Écureuil ont dépassé le cap des 550 machines, tandis que le 300e appareil sortait de l'usine de Marignane ; la version biturbine Twin Star, dont la mise au point est pratiquement achevée, doit être certifiée à l'automne, et ses livraisons commenceront en janvier 1981. Plus de 250 machines de ce type étaient déjà vendues au printemps 1980, neuf mois avant la première livraison aux USA où l'appareil est attendu.

La nouvelle version du Dauphin, le SA 365 N, est également livrable début 1981, et a largement battu en janvier, sur Paris-Londres et retour, les records de vitesse établis quelques semaines auparavant par le S 76 Sikorsky, démontrant ainsi la supériorité de l'appareil français, capable de voler en croisière à 300 km/h.

Côté moteurs, le CFM 56 (SNECMA-General Electric) a été choisi par l'US Air Force pour rééquiper ses avions ravitailleurs KC 135 ; ses essais en vol sur un B 707 ont commencé en décembre, peu après que ce nouveau moteur eut obtenu sa certification française et américaine. Les commandes de remotorisation des avions Douglas DC 8 ont dépassé le cap des 100 appareils, et une première série de 500 moteurs a été lancée en fabrication.

Les commandes directes à l'exportation se sont élevées au niveau record de 26,9 milliards de F, contre 17,15 en 1978 et 28,83 en 1977. On note l'importance accrue que prennent les équipements de bord, et plus spécialement les équipements électroniques (ou avioniques), grâce principalement aux Airbus et aux Mirage.

Armement

La France au 3e rang des exportateurs

Le surcroît de tension internationale dû aux événements d'Afghanistan crée un environnement propice aux commandes militaires. Mais ce sont essentiellement les Américains qui en profitent, car ils ont suffisamment de stocks pour approvisionner rapidement et massivement des clients pris de court, et suffisamment d'argent pour ne pas exiger d'autre contrepartie que politique. C'est dire que les bruits de bottes ne sont pas nécessairement favorables aux marchands de canons français.

Place de choix

Cela dit, la France continue d'occuper une place de choix, la troisième après les USA et l'URSS, sur le marché mondial de l'armement. Et, à en juger par les commandes étrangères engrangées en 1979 (25 milliards de F), il en sera de même dans les années qui viennent.

Voilà cinq ans que l'industrie française de l'armement se porte bien. D'abord, parce que le budget d'équipement de l'armée française est passé de 20 milliards de F en 1975 à 40 milliards en 1980. Ensuite, parce que l'enrichissement fabuleux des pays du Golfe leur permet de se doter d'une panoplie d'armes aussi complète et moderne que celle des nations industrialisées. Résultat : la production française de matériel de guerre progresse bon an mal an de 6 % en volume, soit deux fois plus que la moyenne mondiale. En 1979, son chiffre d'affaires a atteint 50 milliards de F, dont 40 % à l'exportation, contre 20 % seulement en 1973.