C'est sur la scène internationale que sa réputation s'est manifestée avec le plus d'éclat. Son « non » énergique à l'intervention soviétique en Afghanistan, son obstination face à ses partenaires de la Communauté européenne ont semblé marquer d'une fermeté nouvelle la politique britannique. Sur le plan intérieur, l'électrochoc que les conservateurs ultras promettaient d'appliquer à l'économie du Royaume pour la sortir du déclin n'a pas produit les bienfaits attendus.

Irascibilité saoudienne

Une dramatique du petit écran à l'origine d'une crise entre Londres et Riyad. La télévision britannique projette, le 9 avril 1980, l'émission Mort d'une princesse, qui relate l'exécution publique, en 1977, de Misha, petite nièce du roi Khaled, et de son amant. Deux semaines plus tard, les autorités saoudiennes déclarent indésirable l'ambassadeur de Grande-Bretagne James Craig. Riyad interdit le 8 mai le survol du territoire saoudien par Concorde. Ce qui risque de porter un coup fatal à la ligne Londres-Bahrein-Singapour, exploitée par la British Airways.

Lourd passif

Exaspérés ou ravis du style de Margaret Thatcher, les journalistes anglais et étrangers se sont empressés de dresser le bilan de ses douze premiers mois de pouvoir.

Le passif est lourd ; une inflation de 20 %, beaucoup plus importante que prévue ; un chômage qui, malgré des signes encourageants au départ, touche désormais près de 7 % de la population active, avec un chiffre d'un million et demi de sans-emploi ; une balance des paiements lourdement déficitaire malgré les records de la production pétrolière en mer du Nord, qui dépasse 80 millions de t en 1979 ; une production industrielle qui, loin de trouver une nouvelle croissance, se réduit. Le rapport de l'OCDE publié le 3 mars 1980 comme les prévisions des experts de la London school of economics ne sont guère plus optimistes pour la fin de l'année 1980, pas plus que pour les deux années à venir.

Sur le plan politique, le désenchantement succède à l'espoir : l'élection partielle de South End, pourtant une circonscription conservatrice sûre, montre, dès le mois de mars, que les conservateurs ont perdu les faveurs de l'électorat (le pourcentage des voix conservatrices passant de 50 à 37 %). Les sondages d'opinion témoignent également d'un renversement de l'opinion. Au sein même du parti conservateur, l'unanimité est loin d'être totale entre partisans de la ligne Thatcher et l'aile modérée proche d'Edward Heath.

Néanmoins, le premier vote de censure qu'osent lancer les travaillistes aux Communes, le 28 février, neuf mois après les élections, échoue lamentablement : la censure est repoussée par 327 voix contre 265 voix, malgré la violente diatribe de Denis Healey, ancien chancelier de l'Échiquier, contre Margaret Thatcher comparée à un « rhinocéros... capable de charger dans toutes les directions mais de ne réfléchir qu'au trot » et malgré le réquisitoire de James Callaghan, ancien Premier ministre, contre la politique du gouvernement qui rend « les riches plus riches et les pauvres plus pauvres ».

Fidèle en cela à son programme électoral, Margaret Thatcher a engagé un processus qui doit revivifier l'économie britannique, pour la dégager du carcan étatique, de la pression syndicale et lui rendre les libertés et les profits qui doivent assurer son essor.

Ainsi l'État a-t-il décidé de rendre au secteur privé certaines participations dans des sociétés mixtes, British Aerospace, British Airways, ICL (informatique) ou British Petroleum.

Ainsi un effort a-t-il été entrepris pour limiter les dépenses publiques, amputées de 3 milliards de livres en 1980-1981. Dépenses qui « ne sauraient plus longtemps précéder et du même coup empêcher la croissance du secteur public », affirme le Livre blanc du gouvernement.

Retour au libéralisme

Pour faciliter le retour du libéralisme, la mesure la plus spectaculaire est l'abolition totale, le mardi 23 octobre 1979, du contrôle des changes qui, sous une forme ou une autre, existait depuis quarante ans. Résultat : la livre — dont la remontée a autorisé cette mesure — devient une des rares monnaies totalement convertibles. Les Britanniques jouissent désormais du privilège de pouvoir investir librement à l'étranger, d'y ouvrir des comptes bancaires et d'acheter de l'or. Pour le Trésor, l'opération comporte un bénéfice substantiel puisqu'elle permettra 14 500 000 livres d'économie par la suppression de la bureaucratie née du contrôle des changes.