Les mesures d'assainissement prévues en matière d'assurance maladie ont, une fois de plus, soulevé un tollé chez les médecins, les pharmaciens et les dentistes. Les chambres syndicales des médecins ont mobilisé leurs membres contre la domiciliation (obligation pour un assuré social de s'inscrire auprès d'un médecin de son choix pour éviter la multiplication de consultations auprès de plusieurs médecins), l'instauration d'un carnet médical (pour supprimer la multiplication des analyses), etc. Pour la deuxième fois, les médecins partent en grève. C'est la répétition du conflit de 1964. Mais avec, cette fois, moins d'unanimité.

Manifestations

La grève consiste surtout en actions spectaculaires tendant d'une part à inciter les assurés sociaux à faire pression sur les élus, d'autre part à créer des problèmes à l'administration publique en envoyant les malades à l'hôpital pour un rien. Mais ils mettent sur pied un service de garde efficace pour éviter tout accident. Des groupes médicaux en désaccord avec l'action déclenchée par le Dr Wynen, dirigeant des chambres syndicales, et ses amis, poursuivent normalement leurs consultations. Il y a, finalement, en cette période de fêtes de fin d'année, où les rhumes, les grippes et... les indigestions sont monnaie courante, plus de peur que de mal. Le gouvernement en dépit des déclarations du Premier ministre cède sur une série de points. Il s'en tient à un assainissement dans le secteur de la biologie clinique et à quelques autres mesures techniques mineures. Il prétend, contre toute évidence, pouvoir réaliser le même nombre de milliards d'économie.

La FGTB (organisation syndicale socialiste) paralyse, en décembre également, les transports publics pour protester, d'une part, contre le patronat qui ne veut pas réduire le temps de travail, alors que le syndicat voit dans cette mesure un moyen de créer des emplois nouveaux, et, d'autre part, contre les médecins qui font la grève « pour maintenir des privilèges ».

Les enseignants, inquiets des conséquences des mesures d'économie budgétaire, multiplient les arrêts de travail et les manifestations. Les ministres de l'Éducation nationale (français et néerlandais) leur donnent l'assurance que l'emploi sera préservé.

Radios pirates

Une véritable guerre des ondes s'est déclarée dans le pays. Le gouvernement a subi les attaques conjuguées des citizen bands et des radios libres.

Un accord est intervenu entre le gouvernement et les représentants des citizen bands. Les radios libres, toujours illégales, ont fait l'objet d'une certaine tolérance. Celle-ci a encouragé la floraison de stations. Les élus locaux et régionaux, qui n'ont guère accès aux micros de la radio nationale, voient dans les stations pirates l'espoir d'atteindre directement l'auditeur-électeur. S'ils ne suscitent pas directement la naissance d'une radio libre dans leur commune ou leur région, ils ne sont pas mécontents de voir s'installer un émetteur pirate. Le gouvernement se trouve devant un phénomène nouveau et irréversible. Il est disposé à entériner légalement le fait, mais en organisant l'activité de ces radios amateurs. Le public, lui, est divisé. Les uns veulent une « libération des ondes », soit par souci de passe-temps technique, soit parce qu'ils veulent donner la parole à « ceux qui ne la reçoivent jamais », soit parce qu'ils ont des visées de propagande politique. Les autres verraient avec plaisir l'interdiction de ces interventions pirates sur les ondes pour la bonne raison qu'ils ne peuvent plus capter normalement les émissions de radio ou de télévision à cause d'interférences. Des interventions de la police ont d'ailleurs eu lieu sur plaintes de particuliers en raison des brouillages.

Scandales

André Baudson, le nouveau ministre des PTT, se voit obligé d'intervenir pour faire saisir des radios libres émettant dans la bande de 104 à 108 Mégaherz (Mhz). En effet, un incident lui avait été signalé, qui aurait pu déboucher sur une catastrophe. Au-dessus de l'aéroport de Zaventem (Bruxelles-national), un avion italien avait capté, au moment de l'atterrissage, des émissions d'une radio libre couvrant les messages de la tour de contrôle. Les aiguilleurs du ciel et les techniciens de la RTT constatèrent que les fréquences de 108 à 112 Mhz étaient également brouillées par des radios locales. Or, c'est sur cette bande que fonctionnent les instruments destinés à guider les avions. Bien sûr, le brouillage des radios libres n'était pas délibéré.