Confronté à une situation économique catastrophique et à l'aggravation de la tension entre hindous et musulmans, le gouvernement risque d'être mis en minorité à la suite de la démission d'une centaine de parlementaires du parti majoritaire et de 13 ministres, quand, le 15 juillet 1979, au milieu de la législature, Morarji Desai informe le président de l'Union qu'il renonce à exercer plus longtemps ses fonctions.

Charan Singh, âgé de 77 ans, est chargé de former le nouveau gouvernement dix jours plus tard. Vice-Premier ministre et ministre des Finances dans le cabinet démissionnaire, il était devenu le chef des opposants à Morarji Desai au sein de la formation gouvernementale. Constatant qu'il n'aura pas la confiance du Parlement au cours du débat d'investiture — parce que le Congrès Indira, qui lui avait promis ses voix, lui retire son soutien à la dernière minute —, Charan Singh remet à son tour sa démission. Le chef de l'État le charge d'expédier les affaires courantes, dissout l'Assemblée nationale le 22 août et décide la tenue d'élections générales anticipées.

Mort de Sanjay Gandhi

Le fils d'Indira Gandhi, Sanjay, trouve la mort dans un accident d'avion, le 23 juin, à New Delhi. Il était l'étoile montante du Congrès Indira, et l'éminence grise de sa mère.

Ralliement

Disposant d'importants moyens financiers fournis par les milieux d'affaires, Indira Gandhi fait une campagne active sur le thème « mettre fin à l'ère d'instabilité et d'insécurité ». Elle obtient le ralliement des représentants de communautés (notamment celle des intouchables) négligées, voire persécutées, par la précédente administration. Il ressort des résultats électoraux annoncés le 8 janvier 1980 que, avec un parti occupant les deux tiers des sièges à l'Assemblée, Indira Gandhi dispose d'une majorité lui permettant de faire réviser la Constitution.

Le scrutin a été ajourné dans quelques circonscriptions, mais, sur les 525 sièges en jeu, le Congrès Indira est déjà assuré d'en occuper 351. Aucun parti d'opposition, qu'il s'agisse du Lok Dal ou des différentes formations communistes, n'obtient assez de sièges pour former un groupe parlementaire. Les trois seuls États où les formations de gauche, majoritaires dans les assemblées locales, résistent à la poussée du Congrès Indira sont le Kerala, le Tripura et le Bengale-Occidental. Dans ces États, le PC marxiste (indépendant de Moscou et de Pékin) distance le PC prosoviétique.

Prudence

Après avoir formé un gouvernement constitué essentiellement de personnalités qui lui étaient restées fidèles pendant la traversée du désert, Indira Gandhi fait prononcer la dissolution des assemblées de neuf États où l'opposition est au pouvoir. En mai, lors d'élections régionales, le Congrès Indira emporte la majorité dans huit de ces États ; seul, le Tamil Nadu lui échappe. Si le recours à une législation d'exception dans l'État de l'Assam, en proie à une vive agitation depuis la fin de 1979, témoigne de la volonté de faire régner l'ordre comme annoncé pendant la campagne électorale, les mesures visant à des réformes de structures dans l'économie sont lentes à venir.

La première décision importante du nouveau gouvernement est la nationalisation, le 15 avril, de six banques dont les actionnaires, tous des Indiens, sont indemnisés. Indira Gandhi ayant déjà nationalisé en 1969 quatorze grands établissements financiers, l'État a désormais le contrôle de la quasi-totalité du secteur bancaire.

Dans son premier grand discours au Parlement, le 30 janvier 1980, Indira Gandhi fait preuve de beaucoup de prudence en matière de politique étrangère. Elle affirme que l'Inde désire améliorer ses relations avec la Chine et qu'elle ne cherchera pas à accroître la coopération avec l'Union soviétique au détriment des relations avec les États-Unis. Tout en affirmant que « ce qui s'est passé en Afghanistan est une affaire intérieure à ce pays », elle dit faire « tous ses efforts » pour obtenir un retrait rapide des troupes soviétiques. Elle n'obtient cependant aucune assurance à ce sujet lorsque le ministre soviétique des Affaires étrangères, Andreï Gromyko, se rend en Inde, le 12 février. Preuve des divergences entre Indiens et Soviétiques, aucune mention spéciale de la crise afghane ne figure dans le communiqué commun publié à l'issue de cette visite et de celle que fait, à Moscou, le ministre indien des Affaires étrangères en juin. La coopération bilatérale est cependant étudiée, et la livraison pour 1,6 milliard de dollars d'armements soviétiques à l'Inde est annoncée le 27 mai 1980.