C'est dans le sang et après de violents combats de rues à Accra que le comité insurrectionnel que dirige le capitaine Rawling impose sa loi et institue, le 5 juin 1979, un Conseil révolutionnaire des forces armées, composé de 9 militaires, dont un caporal et un homme de troupe. En revanche, l'éviction du général Ignatius Kutu Acheampong, auquel devait succéder son collègue Akuffo le 5 juillet 1978, s'était déroulée sans heurts.

D'autre part, agissant en conformité avec les propos de leur chef, qui avait promis « une solution à l'éthiopienne », prétendant « noyer dans un bain de sang » corrupteurs et affairistes, les mutins fusillent le 16 juin l'ancien président Acheampong, puis, le 26, une dizaine d'officiers supérieurs, parmi lesquels deux généraux, Fred Akuffo et Akwasi Afrifa — ce qui porte à trois le nombre des anciens chefs d'État ghanéens ainsi exécutés sommairement.

C'est sur un arrière-plan de crise économique que traduisent les dévaluations successives du cedi, la monnaie nationale, que se sont déroulés les deux coups d'État. Mais, alors que le général Acheampong a été courtoisement prié de se démettre, puis placé dans un régime de semi-résidence forcée, le général Akuffo a été blessé par les mutins. C'est d'ailleurs un régime relativement libéral qu'avait instauré le général Akuffo, qui s'était à plusieurs reprises solennellement engagé à faire rentrer ses collègues dans leurs casernes avant le 1er juillet 1979. Le Ghana, qui vit depuis 1972 sous régime militaire, avait été doté dès décembre d'une Assemblée nationale de 122 membres.

Un calendrier avait prévu le 13 février l'organisation d'élections générales et présidentielles, que devait suivre la proclamation de la IIIe République. L'ancien président Acheampong avait été libéré le 2 mai et la date de la convocation du corps électoral avait été fixée au 18 juin. Mais, le 15 mai, déjà, le capitaine Rawling et ses amis avaient, sans succès, tenté de s'assurer de la personne du général Akuffo. Arrêtés, traduits en justice, ils étaient en instance de jugement, lorsque leurs partisans réussirent à reprendre l'initiative.

Leur attitude a d'abord semblé ambiguë dans la mesure où, malgré leur opposition aux politiciens, ils ont accepté que les élections aient lieu le 18 juin, mais exigé que le retour au régime civil soit « retardé d'au moins trois mois ». D'autre part, fin mai, on ignorait encore les intentions profondes du capitaine Rawling et de ses partisans, décidés à épurer massivement les hautes instances de l'État et à faire porter aux communautés indienne et libanaise une responsabilité qui n'est pas la leur dans la détérioration de la situation économique et politique au Ghana. Ce n'est qu'au moment de l'ouverture du scrutin législatif et présidentiel que les mutins radicalisent brutalement le régime, prétendant rétablir l'ordre public et restaurer un climat de moralité générale par la terreur.

Au moment du putsch, la campagne électorale battait son plein depuis un mois et six partis politiques étaient en lice, les deux principaux courants se réclamant, l'un, libéral, de l'ancien parti progressiste du Dr Busia, l'autre de la tendance de l'ancien président Nkrumah — bien que les anciens partis n'aient pas pu se reconstituer sous leur étiquette traditionnelle. En dépit de ce subterfuge, ce sont les partisans de l'ancien président Nkrumah, regroupés sous l'étiquette de circonstance du parti national populaire, qui s'assurent la majorité absolue au Parlement en emportant 71 des 140 sièges à pourvoir.

Guinée

Conakry. 4 650 000. 19. *2,4 %.
Économie. PIB (70) : 82. Énerg. (76) : 93.
Transports. (72) : 10 200 + 10 800. (76) : *9 M pass./km.
Information. (75) : 1 quotidien ; tirage global : 5 000. (75) : 110 000. (74) : 10 000.
Santé. (73) : 188.
Éducation. (71). Prim. : 169 132. Sec. et techn. : *70 000.
Armée.  : 8 850.
Institutions. Indépendance et république proclamées le 2 octobre 1958. Constitution de 1958. Président de la République et Premier ministre : Sékou Touré, réélu pour un troisième mandat le 27 décembre 1974.

Heurs et malheurs de l'accusateur public numéro un

Deux événements marquent l'année : d'abord, le voyage triomphal du président Valéry Giscard d'Estaing, du 20 au 22 décembre 1978 ; ensuite et surtout, les ennuis d'Ismaël Touré, demi-frère du président Sékou Touré. Il est destitué le 11 avril 1979 de son poste de ministre de l'Économie et des Finances (Mamadou Keita lui succède) et exclu, au même moment, du bureau politique du parti unique.